Chapitre 24

1K 69 16
                                    

Jorge

Le 2 janvier 2018, Paris.

Pourquoi le destin a t-il voulu tout gâcher ? Tout allait parfaitement bien et il faut qu'elle tombe sur cette foutue chose.
Je l'observe dans les yeux et viens m'assoir près d'elle. Les siens brillent, est-ce qu'elle va pleurer ? Bien-sûr qu'elle va pleurer, idiot.

- Qu'est-ce que c'est ?

Elle ne cesse de la fixer.

- Une bague.

Ma voix est tellement basse, que je ne suis pas sûr qu'elle m'ait entendu. Elle ouvre alors l'écrin. Je flippe vraiment.

- De fiançailles...

Je ne fais que hocher la tête. J'aimerais tellement pouvoir m'échapper en ce moment. Au fond d'elle, elle a déjà tout compris je le sais.
Son visage est triste. Je ne sais vraiment pas quoi faire.

- Elle est pour qui ?

Non, non, non. Je n'ai pas envie qu'elle le sache. Elle sort la bague de l'écrin et regarde l'inscription. Elle relève la tête vers moi.

- Je peux... ?

J'opine et elle la lit. C'est inévitable.

- M&J 06/08/2014. Je...

Elle se redresse et me regarde, complètement muette. Je cache mon visage dans mes mains, et elle explose en sanglots. Putain...

- C'était censé être la tienne...

- Le jour où tu partais et que, que je t'ai quitté, tu voulais me demander en mariage ?

Putain, non, j'ai pas envie de parler de ça. Pourquoi je ne m'en suis pas débarrassé ?

- Ouais. Je voulais te faire une promesse, on aurait pu se marier quand je serais rentré. Mais tout ça n'a plus d'importance maintenant.

Je relève la tête en parlant d'une voix douce et la regarde, elle pleure à chaudes larmes en regardant la bague.

- Elle... elle est magnifique.

- Je t'en prie Tini, ne pleure pas. C'est du passé, j'aurais du m'en débarrasser.

- Non c'est moi. J'ai été conne, j'ai fait le mauvais choix, j'aurais jamais dû rompre.

- Stop, c'est bon. Vraiment, laisse ça dernière nous.

- J'ai besoin d'être toute seule, s'il-te-plaît.

- Mais je...

- Non, je t'en prie.

Je souffle et cède. Si elle a envie d'être toute seule, c'est son choix. Je peux la laisser tranquille. Je lui dois bien ça même si ça me met hors de moi. Mais quel idiot ! Je savais que je devais m'en débarrasser, j'aurais pu la rendre à la bijouterie et ils me l'auraient rachetée. Mais comme un con nostalgique de notre relation, je l'ai gardé dans le tiroir de ma table de nuit pendant ces trois années, et je me surprenais à la sortir et la fixer de temps en temps.
Je claque doucement la porte en sortant et vais m'assoir dans le canapé à côté de la petite. Elle me sourit tendrement et vient s'installer sur moi, se couchant de tout son long contre mon torse sans cesser de regarder l'écran. Cet enfant est un ange directement tombé du ciel. Je passe ma main dans ses cheveux.
Est-ce que tout vient de retomber à l'eau ? Est-ce qu'elle va vouloir faire marche arrière ?
Pour essayer de me vider l'esprit de toutes ces questions incessantes, je décide de regarder les dessins animés avec Ylana. J'ai vraiment difficile de m'y plonger, mais le temps passe plus vite.

Martina sort de la chambre, les yeux rouges et gonflés. Je la regarde et tends la main dans sa direction. Elle la saisit, vient jusqu'à moi et enroule ses bras autour de ma nuque avant d'enfouir son nez et son menton dans mes cheveux.

- Ça va ?

Elle hoche la tête. Je lui prends à nouveau la main et me décale pour qu'elle vienne s'assoir avec nous dans le canapé.

- Maman, t'es triste ?

Martina cache automatiquement son visage dans le creux de mon épaule, mais Ylana est du genre perspicace, étonnamment pour son âge d'ailleurs.

- Ne t'en fais pas, c'est parce qu'elle est fatiguée.

Je passe mon bras le long de son dos et fais des petites caresses le long de sa colonne. À première vue, elle ne m'en veut pas, mais à vrai dire je me sens plus gêné qu'autre chose à cause de cette histoire. Je décide de lui chuchoter.

- Je suis désolé.

Elle renifle dans mon cou avant de répondre.

- Ne dis pas ça, c'est moi qui doit m'excuser, et dire que je suis passée à côté de tant de choses juste à cause de ce putain de...

Elle commence à s'énerver. Je décide de la couper.

- Hey, stop. Je t'ai déjà dit que j'avais surpassé tout ça. Il faut que tu fasses la même chose.

- Je ne suis pas aussi forte que toi. Si tu savais tous les remords que j'ai...

Je passe ma main dans ses cheveux. Notre bulle de bonheur absolu s'est rompue aujourd'hui. Croire que tout serait absolument rose était ridicule, mais je sais qu'on peut passer au-dessus, simplement si nous ne commettons pas les mêmes erreurs qu'auparavant. Nous avons grandi tous les deux depuis cette époque, elle plus vite que moi avec l'arrivée d'Ylana. Elle a du avoir beaucoup de responsabilités sur le dos pour assumer un bébé à son âge. Elle m'épate, vraiment, elle est extraordinaire.

- Ils n'ont plus de raisons d'être. On est ensembles maintenant, notre rupture n'est qu'un lointain souvenir.

- Mais cette bague... tu voulais... et, et je t'ai brisé le coeur.

Je me redresse.

- Cette bague... n'est qu'une bague, ok ? Arrête d'y penser.

Elle ne répond pas alors je la laisse tranquille. Elle va se calmer, elle a encore besoin de réfléchir. Elle vit beaucoup d'émotions en ce moment, alors je ne peux pas le lui reprocher.
Soudain, la frimousse d'Ylana surgit devant nous. Je ne l'avais même pas vu bouger.

- Maman ?

Elle se redresse et je sens ses épaules s'affaisser en regardant sa fille.
Ylana lui tend sa peluche, maintenant elle en a deux identiques vu que sa maman lui a rapporté la sienne dans sa valise. Martina l'attrape en souriant.

- Quand je suis triste, je lui fais un câlin et ça va mieux.

- Merci mon ange.

Elle passe sa main sur la joue de sa fille. Elle la tire ensuite et la hisse sur ses genoux avant de la serrer fort contre elle. Essuyant ses yeux d'un revers de manche, ma Tini fait un grand sourire. Je préfère vachement la voir comme ça. Je lui dépose un bisou sur la joue et Ylana fait pareil que moi.

- Je vous aime tellement vous deux. Si vous saviez comme j'ai rêvé de vivre des moments comme ça... nous trois réunis.

C'est vrai, une belle image d'une famille aimante. Ça doit lui changer de son ex. Je ne dis pas forcément que je suis parfait, mais je pense que je suis un garçon bien, et que je m'occupe d'elle comme elle le mérite. Une seule chose est sure, je l'ai dans la peau, et je ferais toujours tout ce que je peux pour voir ce sourire illuminer son visage.

¿Dónde está tu mamá ? {JORTINI} Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant