Chapitre 36

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Martina

Je dors paisiblement quand j'entends qu'on crie mon nom. J'ouvre difficilement les yeux, ma tête me fait atrocement mal. Je gémis de douleur, ça me lance de partout. Je n'arrive pas à garder les yeux ouverts bien longtemps parce que je suis aveuglée par la lumière du jour. Les sons sont distordus, je ne comprends rien appart mon nom. Merde, qu'est-ce qui se passe ?
Je sens une main passer derrière ma nuque et la relever doucement. Ma vue se clarifie légèrement.

- Est-ce qu'elle a mangé quelque chose ?

- Non pas encore.

Laissez moi dormir ! Ils font trop de bruit, j'aimerais être tranquille. Mais tout doucement, des images me reviennent. Ylana, Jorge, les gaufres, la cuisine, puis trou noir. Je me concentre à nouveau sur ce qu'il se passe autour de moi.

- Tu m'entends ? Tu as fait une chute de tension, ça va aller.

Ma tête est lourde, et j'ai envie de me mettre à pleurer. Je me sens atrocement mal, et complètement vidée.
J'ouvre un peu plus les yeux et observe Jorge qui est au dessus de moi. Ma mère est à côté et elle tient mes jambes en l'air.

- Elle reprend des couleurs.

- Respire doucement.

Il appuie ses doigts sur mon poignet.

- Elle n'a pas beaucoup dormi ces derniers-temps. Tu sais, avec tout ce qui s'est passé en peu de temps, elle a été énormément perturbée.

- Oui, j'imagine. Sa tension est vraiment basse, je vais l'amener dans le canapé.

Je trouve enfin la force d'articuler quelque chose.

- Ça va aller je, tout va bien.

Mais on ne me laisse pas le temps de protester, ni même le choix.

- Accroche-toi.

Ses bras se glissent sous mes jambes et mes bras, et il me soulève facilement. Peu de temps après, on me pose sur quelques chose de moelleux et, bonté divine, ce que c'est agréable. Je souris doucement et soupire d'aise.

- Tu te sens mieux ?

Ils posent ses mains sur les miennes. Je le regarde, et c'est là que je vois que ses traits sont tirés. Il est vraiment inquiet pour moi.

- Oui, merci.

- On va te faire prendre un peu de sucre et puis tu vas te reposer. Ça va aller tu verras.

Ma mère revient avec un verre, suivie de près par Ylana, qui me regarde mortifiée. Je lui attrape sa petite main.

- Maman va bien mon ange, ne t'en fais pas.

Ma mère m'aide à me relever et je bois délicatement le contenu du verre. C'est atroce. De l'eau mélangée avec du sucre. Quelle horreur. Jorge m'observe en silence. Il a toujours été comme ça quand il s'agit de la santé. Dès que quelqu'un se blesse, il est à l'affût, et analyse chaque signe et symptôme possible. C'est pour ça qu'il est un excellent médecin, ça le passionne et mon cœur se rempli de fierté quand je le vois comme ça. Il est tellement passionné et investi dans ce qu'il fait.
Je dépose le verre vide sur la table basse, et je me rallonge dans le canapé. Jorge dépose délicatement une couverture sur moi, et j'ai une immense envie qu'il me prenne dans ses bras. Il est là, penché au dessus de moi, si proche mais en même temps si loin. Je fais la moue. Il réarrange des coussins derrière ma tête et une douleur vive me lance dans toute l'épaule. Je gémis de douleur.

- Tu as mal ?

Je respire un coup pour faire passer le lancement, mais ça ne change rien. Je me redresse immédiatement.

- Mon épaule, ça fait vraiment mal.

Je passe ma main et frotte doucement. Il pose la sienne aussi.

- Tu t'es probablement cognée en tombant, je vais te chercher un anti-douleur.

Il se relève rapidement sur ses longues jambes et rejoins la cuisine. Je respire profondément pour que ça passe, et soupire de soulagement quand la douleur disparaît presque comme par magie.
Quand Jorge revient, j'attrape tout de même le verre et avale le comprimé.

- Repose toi maintenant.

Il me couche et remets encore les coussins. Si je ne l'aimais pas autant, je pourrais rigoler de la façon dont il me materne. Mais je prends tout ce qu'il a à me donner.

Il allume la télévision et s'installe dans le canapé à côté du mien, rejoins par Ylana qui se couche à plat sur son torse. Je les observe, mais mes paupières se font lourdes et je m'endors en quelques minutes.

Je me réveille en grimaçant, mon crâne est toujours douloureux, mais tout semble plus clair dans mon esprit. Je me sens beaucoup mieux. Je me redresse et tourne la tête. Jorge et Ylana sont toujours près de moi, ils n'ont pas bougé d'un poil à l'exception du fait qu'elle se soit endormie. Jorge passe sa main dans ses cheveux délicatement. J'adore quand il fait ça, il me le faisait toujours quand on dormait ensemble, et c'est la meilleure chose au monde.
Je rampe doucement pour me rapprocher de lui, et il tourne la tête. Il sourit légèrement.

- Hey, ça va mieux ?

Il murmure à peine, il ne veut pas réveiller notre bébé. Je me contente d'hocher la tête, par peur de briser cette bulle qui pèse dans la pièce. Il a l'air beaucoup plus à l'aise avec moi, probablement par pitié à cause de mon malaise, mais à vrai dire je m'en fiche. La seule chose que je veux c'est être près de lui.
Je m'approche et pose ma tête dans le creux de son épaule. Il me laisse me blottir contre lui sans broncher, et je suis la plus heureuse de toutes les filles. Je pose ma joue sur son torse, pile sur son cœur et écoute ce rythme apaisant. Il sent si bon, je l'aime tellement. Je sens alors son autre main se poser sur ma nuque, j'en gémis presque. Dès qu'il me touche, tous mes sens sont en alerte. Il me caresse doucement les cheveux, comme il le fait avec Ylana de son autre main. Mon regard se pose sur l'écran de télévision, mais je n'écoute pas, mon esprit est centré sur sa main qui m'apaise, me comble. Il me touche, il m'accepte. J'ai du mal à l'assimiler. Je souris comme une dingue, parce que je sais qu'aussi anodin que soit son geste, il baisse ses barrières, il se rapproche de moi.

- Ça va ton épaule ?

- Hmm

Je suis trop bien installée pour faire bouger ma bouche. Il ricane doucement, mais je sais qu'il va insister tant que je ne lui aurais pas répondu. On ne rigole jamais avec la santé, c'est quelque chose de très clair chez lui.

- C'est bizarre, je n'ai plus mal du tout.

Je jette un œil à Ylana, confortablement étalée sur son père. Elle aussi semble être conquise, et totalement comblée. Elle a le meilleur papa du monde, j'en suis certaine.

- Probablement rien d'alarmant alors. Tu m'as fait une de ces peurs tout à l'heure.

- Je suis tellement désolée.

En réalité je ne le suis pas, je ne peux que penser au fait qu'il s'inquiète pour moi. Mon cœur bat la chamade.

- Ne le sois pas, tu n'y es pour rien.

Il passe sa main près de mon oreille, et j'enfonce ma joue contre lui.

- Je t'aime tellement.

Son torse gonfle doucement à ma déclaration, et il émet un léger grognement en soufflant d'aise. Il passe son bras dans mon dos pour me rapprocher de lui davantage et embrasse mon front à plusieurs reprises. Et là, je fonds totalement en larmes.

¿Dónde está tu mamá ? {JORTINI} Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant