Trois mois que je sais tout de lui, qu'aucun de ses messages m'est inconnu et qu'il ne m'est pas inconnu non plus. En fait, je sais tout ces petits secrets. Il a mit une fille enceinte qu'il a obligé à avorter, suite à cela, elle s'est brouillée avec sa famille qui était catégoriquement contre cette idée. Quelle ordure. Ce jeune imbécile dit regretter ses actes mais toute sa vie n'est qu'une suite de blessures qu'il inflige aux autres et qu'il dit ensuite regretter. Finalement, son décès ne sera pas une grande perte pour notre humanité.
Je sais tout. Il a rencontré une fille avec qui il s'entend très bien qui se dénomme Manon. J'ai d'abord hésité à envoyer un message à cette agréable demoiselle mais c'était sauter dans la gueule de loup alors je n'ai rien fait. J'ai juste continuer d'observer comme un animal sauvage près à partir chasser et ça fait presque 3 ans que j'observe et cette chasse sera sanglante. Je vais réussir. Il me reste encore à apprendre même si maintenant je sais me battre, mes poings sont très puissant et j'ai pris énormément de muscles. J'ai même atteins mon objectif mais étant donné que je ne connais pas les compétences de Matthias dans ce niveau je dois être prêt à tout. Depuis deux mois j'apprends à manier le couteau avec perfection grâce à des vidéos et des entraînements parfaits. J'ai un peu reparlé à Ewen, à vrai dire il m'a été plutôt utile pour faire grandir ma haine puisqu'il m'a rappelé notre grand délire lorsque nous étions jeune : lorsque nous jouions à être des assassins mon surnom était "Le Breton de la Terreur" que Ewen avait tourné en "El Breton de la Terror". Nous avions beaucoup rit. Ce merveilleux souvenir m'a rappelé à quel point j'étais heureux et tout ce qu'il s'était produit depuis mon déménagement. Et ma haine a encore grandi en moi comme la flamme qui me consume un peu plus chaque jour. Alors j'utilise les bons souvenirs et l'amitié d'Ewen pour que ma vengeance reste en place. J'utilise mon ancien meilleur ami, à qui je disais tout, avec qui j'avais promis de ne jamais perdre contact. Tout ce qui se passe est horrible, mais encore une fois, ça m'est égal. Le choc entre cette compassion et le retour des émotions dû au décès de l'idiot risque de bouleverser ma vie, peut-être même de me détruire. Mais tant pis, je prends ce risque.
Après le meurtre je partirai, aussi loin que je puisse et je fuirai. Je me reconstruirai ailleurs et oublierai ce qu'il s'est produit ses 5 dernières années. 5 années chaotiques qui marqueront ma vie à jamais. Mais lorsque j'aurais disparu, mes souvenirs resteront à Lyon et je serais quelqu'un de nouveau, je trouverais des amis, quelqu'un à aimer et je construirai une famille. Je serais le voisin amical avec qui faire des barbecues, le père aimant qui n'oubliera pas ses enfants comme l'ont fait les miens. Cette vie bateau et ridicule me fait étrangement rêvé. Je ressentirais des émotions bordel.
- Aymeric ! hurle ma mère à travers tout l'appartement.
Bon sang, cela devait faire une semaine que je n'avais pas entendu sa voix grésillante et aiguë résonner.
Je sors de ma chambre, nonchalamment et fait face à sa petite taille, à ses yeux marron et ses cernes dû à son travail éprouvant.
- Tu as ton permis mon chéri !
Je souris. Je vais pouvoir fuir en paix ! Je sautille et attrape mon diplôme avant de retourner dans ma chambre lorsque ma mère m'interpelle.
- Hé ! Aym ! On va fêter ça, je t'emmène au restau'.
Je lâche un soupire et m'avance à l'entrée de ma chambre avant de me tourner vers elle.
- Maman, je suis désolé, mais ça ne m'enchante pas.
Elle regarde le sol et se pince la lèvre inférieur avant que ses yeux ne rougissent.
- Aymeric, j'en peux plus de faire l'aveugle, pourquoi depuis la seconde tu t'isoles, tu fais du sport, travaille bien mais tu n'as aucun amis, en plus tu nous ignores royalement. Qu'est-ce-qu'il s'est passé ? Aymeric, je t'en prie. Dis moi.
Une larme coule le long de sa joue et sans surprise, ça ne me fait rien. Absolument rien, pourtant ma mère pleure devant moi et par ma faute mais je reste là, indifférent à ses chaudes larmes. Je me racle la gorge et bascule d'un pied à l'autre, un peu embarrassé. Rien à repondre, rien à dire, encore les mensonges et le mutisme.
- Maman, on aurait jamais dû quitter la Bretagne.
Elle se frotte les yeux et remet ses courts cheveux emmêlés derrière ses oreilles avant de sécher ses larmes.
- Je le sais, mais c'était mieux comme ça tu le sais bien... Qu'est-ce-qu'il s'est passé pour que tu aies cette phobie scolaire ? Tu t'es fait harcelé mon amour ?
Je pousse un long soupire, je ne veux pas me confier, et encore moins à elle. Le travail, toujours le travail. Qui suis-je au fond ? Juste le fruit d'une vie cliché avec des enfants qu'on ne peut même pas assumer. Je ne proclame absolument pas avoir une vie merdique mais je voudrais tant que tout s'arrange... Ou plutôt que tout ne se soit jamais produit. Je passe une main dans mes cheveux et pince l'arête de mon nez.
- Maman arrête ! Arrête d'essayer de savoir ma vie alors que pendant toute mon enfance tu avais oublié mon existence putain ! hurlé-je en tapant mon poing contre le mur.
Elle sursaute et se recule avant que d'autres larmes coulent en continu. Elle a peur. Tant mieux.
- Aymeric ! Je t'en prie calme-toi ! hurle-t-elle en pleurant.
Je sers les dents et les poings en la fixant.
- Je vais t'emmener chez le psy ! dit-elle en se précipitent vers le téléphone fixe.
Je l'attrape par le bras et la pousse en arrière. Personne ne m'empêchera de vivre ma vie, aucun psychologue ne m'enlèvera cette obsession. La colère prend le dessus et je colle mon poing violemment contre son visage, elle part en arrière et cri en pleurant. À terre, elle pose sa tête entre ses mains, toujours en pleurant alors prends le téléphone fixe et l'explose à terre. J'en peux plus, cette haine que je garde en moi vient d'exploser mais elle n'est rien face à celle qu'il reste pour Matthias.
Je sors de chez moi et claque la porte, puis je met mon téléphone en silencieux pour être complètement seul. La nuit est déjà tombé, plein de voyou traînent vers les parcs ou les parking, ils airent, mettent la musique et crient à en perdre leur voix. Je les déteste. De la fumée s'échappe de ma bouche tant il fait froid, l'hiver vient de commencer et je me rends déjà compte que sortir en t-shirt n'était pas la meilleure des idées.
Je n'ai rien ressenti à frapper ma propre mère, lui faire du mal. Alors qu'en sera-t-il de celui que je hais le plus ? Je m'assois sur un banc au plus loin des petits délinquants et respire l'air frais mais pollué de cette banlieue. Je déteste tout ça mais je dois absolument me calmer.
Comme si ce n'était pas assez quelqu'un ose venir me déranger en me demandant un briquet avec une politesse très douteuse.
Lorsque je lève mon regard vers la personne, mon cœur s'arrête quelques secondes et je reste inerte, je ne peux pas répondre, aucun son ne sort de ma bouche.Matthias se trouve devant moi.
Il a déménagé mais revient tout de même. Il ne partira jamais d'ici, c'est son endroit avec ses amis et son enfance.
- Ohh mec ! Répond moi wesh !
Je n'arrive pas à être en colère je crois que je suis juste... Paralysé. Je ne sais pas si j'ai peur mais je suis tétanisé face à sa présence oppressante. Je fais un non grâce à ma tête que j'agite de droite à gauche. Il rit et finit par s'en aller, il rit de moi, comme avant. Mais je ne suis pas le même à présent.
Je ne me comprends pas, je le hais plus que tout mais je suis incapable de parler en sa présence et même faire des gestes restent compliqués. Que se passera-t-il lorsque je devrais l'achever ? Mon cœur se serre. Suis-je réellement un assassin ou juste un fou qui fantasme ? Suis-je réellement prêt à enlever la vie d'un mec, pas si méchant, simplement stupide à en mourir ? Suis-je réellement qui je me convains d'être depuis bientôt presque trois ans ? Mon cœur se serre de plus en plus, mon ventre se contracte et mes yeux se perdent sur l'horizon.
Même si je ne le suis pas, que tout n'est que fantasme, c'est tout ce qu'il me reste, alors autant agir avant que cette envie de crever ne me rattrape.
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