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Mains attachées, liberté retirée, jugement décisif. Enfermé à vie.

Je suis fou, voilà tout. Découvert. Le monde le sait, j'ai tué Matthias par folie meurtrière. Je suis déclaré comme étant un psychopathe, ou quelque chose comme ça, comme quelqu'un non responsable de son crime à cause de son état mental. Comme quelqu'un d'incapable de ressentir la moindre compassion. Mais je le savais, personne ne m'apprend rien, ils n'ont pas besoin de m'enfermer et de me tenir à l'écart du monde extérieure. Mon unique but était là ; le tuer lui et personne d'autre, je ne suis pas un tueur en série, je n'ai pas envie d'exécuter n'importe qui pour n'importe quoi. Simplement celui qui a ruiné ma vie et maintenant ma liberté, celle que je voulais obtenir en lui retirant la possibilité de respirer, de profiter, d'être heureux. C'est ce que je ressens maintenant, je suis tenu en vie mais je n'en ai plus. Ils ne comprennent rien. Je sers mon poing et le fais violemment cogner contre le mur blanc de cette ignoble chambre. Je. Ne. Suis. Pas. Fou.

Je me suis vengé, je n'ai simplement pas respecté les putain de règles de notre société mais j'ai de la compassion pour les autres... Enfin je crois. Je ne côtoie personne mais dans mes souvenirs, j'en avais, peut-être. S'ils avaient raison ? Je suis peut-être fou, j'ai tué quelqu'un, j'en ai ris... Non. Je ne suis pas fou. Je ne suis pas fou. Je ne suis pas fou. Un cri de rage s'échappe de ma gorge et ma haine ne cesse de grandir.

« Vous voyez je ressens des putain d'émotion ! Je vous déteste tous ! Alors comme ça j'en ressens pas ? Bah regardez toute cette haine bande d'enculé ».

Voilà ce que s'échappe de ma bouche, ce que je hurle à travers les murs.

« Je ne suis pas fou mais vous m'avez rendu fou ! Vous êtes des monstres ! »

Je continue de crier, jusqu'à m'en briser les cordes vocales, jusqu'à ce que ma voix se casse et que je me jette à terre pour que toutes les larmes s'échappent de mon corps.

Je me déteste.

Qu'ai je fait ?

Je ne suis pas un monstre, j'ai un cœur, je ressens des choses. Je veux sortir de là, retrouver une vie normale, réaliser mes putain de projets, comme aller à la montagne, construire une vie tranquillement avec la femme que j'aime... Mon cœur se serre et cette image me revient en tête. Elle. Sa beauté, ses cheveux blonds, lisse qui flottaient dans le vent, ses yeux, son corps, ses courbes. Juste elle. Bordel que je l'ai aimé. Et maintenant je suis seul face au néant. Alors je me met à trembler, automatiquement, tandis que les larmes dévalent mes joues les unes après les autres et je sanglote, allongé sur le sol.

Je me sens affreusement idiot, j'ai gâché ma vie en essayant de gâcher la sienne. Je suis un monstre, un idiot, un raté. Mais je pense toujours et je ne cesserai jamais de penser qu'il le méritait. Mes yeux se ferment petit à petit et des images me reviennent en tête lentement. Au début, tout est flou, comme si ces souvenirs étaient très lointain. Puis tout devient un peu plus clair, à chaque visualisation. Je revois son cœur broyé, mon extrême rage, sa rotule déboîtée, ses organes déchirés et mon couteau ensanglantée. Ce n'est pas un sourire qui se forme au coin de mes lèvres mais ce sont de plus en plus de larmes qui coulent.

J'aurais tant envie de prendre ce couteau, de m'acharner encore et encore, de dépenser mon énergie et faire diminuer cette haine grandissante. Peut-être qu'en tuant, je serai enfin calme, enfin heureux et plus aucune larmes ne coulerait le long de mes joues, mes poings ne se contracteraient plus à cause de simples pensées dévastatrices. Je la reverrai, elle, je pourrais l'aimer encore et encore. Marine. Cette beauté indescriptible ; tout me fait penser à elle, mais tout me fait aussi penser à lui. Je veux l'éliminer de mes souvenirs, une bonne fois pour toute. Pour vivre paisiblement.

Aymeric's life.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant