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Pour une fois, je me réveille dans la tranquillité, sans cauchemars ni sueur. Je dors beaucoup trop en ce moment. De toute manière je ne peux pas vraiment profiter de quoi que ce soit ici. C'est vraiment désastreux de se sentir si enfermé et de ne rien pouvoir faire, personne ne me croit quand je dis que je suis innocent. Je suis tellement triste, mais il n'y a aucune solution à ce problème, ils ont fait leur choix sur le criminel, j'espère qu'ils trouveront le bon au plus vite. Je ne me souviens même pas de ce que je faisais le jour du meurtre, je crois que je devais être chez moi tranquillement, comme très souvent. Mais sûrement pas en train de tuer un pauvre innocent que je ne connaissais même pas. Cette période reste très flou pour moi, j'avais des cours à domicile et je faisais beaucoup de sport. J'avais très peu d'amis, mais j'ai toujours été un solitaire donc ce n'est pas quelque chose d'étonnant. Pour la justice peut-être que ça l'est. Mais il n'y a rien à faire.

Le pire ici, c'est l'ennui. J'essaye de discuter avec certaines personnes mais ils sont vraiment fous et c'est impossible de tenir une conversation sensée avec eux sans qu'ils ne vous prennent pour leur fils assassiné ou je ne sais quelle autre bêtise. Alors j'accepte, j'encaisse, je supporte et je m'habitue bêtement.

D'après leurs dires, j'aurais tué un certain Matthias dans un champ vers 18:30, à coups de couteaux, je me serais acharné sur chaque parcelles de son corps avec cruauté et plaisir. Imaginer cette scène me donne des frissons, alors en être l'auteur, ce serait bien pire. J'espère que la personne qui a commis ce meurtre regrette au moins ce qu'elle a fait. Je souffle, il fallait que ça tombe sur moi, un innocent. Je hais la justice, leur enquête est clairement incomplète s'ils pensent que je suis l'auteur. Mais bon, à quoi bon.

Je me lève lentement et ouvre délicatement la porte pour me diriger au salon. Je croise quelques patients qui me dévisagent, me sourient et m'appellent par certain prénoms qui, évidemment, ne sont pas le mien. Puis je vois au loin la vieille femme avec qui j'ai discuté la veille. Elle est très vieille, elle doit avoir près de 80 ans et elle est enfermée depuis ses 20 ans lorsqu'elle a assassiné sa sœur à coup de pelle pour une raison inconnue. Ce genre de situation me désole mais cette femme est vraiment adorable. Ses rides sont très marquées, elle a les cheveux gris en bataille qui lui arrivent aux épaules et la pauvre n'a plus de dents. Je m'assois à ses côtés.
Elle tourne la tête vers moi, sourit et plonge son regard dans le mien, car cette femme regarde toujours dans les yeux, mais jamais à côté, en bas ou en haut. Je ne peux m'empêcher de détourner le regard tant ses yeux bleus sont persant.

- Jonathan, chuchote-t-elle doucement en posant sa main sur mon bras.

Je lâche un léger rire.

- Non moi c'est Aymeric. Qui est Jonathan ?

Elle fronce les sourcils toujours en me fixant. C'est très perturbant. Elle se gratte l'avant bras et fait durer le silence une bonne minute.

- Je crois que c'était un autre petit jeune qui était dans cet hôpital il y a quelques mois.

Je me gratte l'arrière du crâne et réfléchis avant de poser cette question. Sûrement car j'ai peur de la réponse.

- Et.... Il est devenu quoi ?

Comme à son habitude, à chaque question que je lui pose elle cherche au moins trente secondes la réponse en me fixant dans les yeux. Sûrement car elle cherche au plus profond de ses souvenirs.

- Est ce qu'il est sorti d'ici ? je demande, curieux.

- Aymeric... Personne ne sort jamais d'ici, m'annonce-t-elle telle une fatalité.

Un frisson me transperce suite à ces paroles. Personne ne sort jamais d'ici. Même les innocents ? Je tremblote légèrement car j'ai peur, affreusement peur, je souhaiterai juste que la vérité soit rétablie.

Aymeric's life.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant