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Cela fait maintenant trois mois que je suis enfermé dans cet endroit, toujours aucune preuve que je suis innocent. Désormais j'ai une routine, je me lève, je déjeune, je discute avec la vieille dame, avec un jeune garçon, Eliott, d'une vingtaine d'année qui lui est devenu paranoïaque à cause de la prise excessive de différentes drogues. Ils sont un peu comme des amis pour moi, nous discutons de tout et de rien et passons parfois des journées entières tous ensemble. Même s'il est très difficile de tenir une conversation avec eux ; car le paranoïaque va m'accuser de lui vouloir du mal dès que je ne parais pas assez avenant et que la vieille réfléchit trente secondes avant de répondre à chacune de mes phrases. Néanmoins, je suis attaché à eux et apprécie leur compagnie.

Ils sont un peu comme ma deuxième famille, voire même ma première. Puisque mes parents et mon petit frère ne sont toujours pas venus me rendre visite. Sûrement car je suis fou et que les fous font peur à tout le monde, surtout à ma mère qui est probablement très touchée à l'idée de me savoir ici. Mais hélas, ce qu'elle ne sait pas, c'est que je n'ai rien fait. Ce que personne ne sait d'ailleurs. Je n'arrête pas de rabâcher que je suis innocent, à tout le monde car je me sens honteux d'être comparé à ces fous-là. Mais je ne devrais pas, il y en a certain qui sont bien plus intelligents et réfléchi que moi malgré tout. Puis au fond ils ont toujours une part de conscience comme s'ils n'étaient plus fou ne serait-ce qu'une demi seconde.

Ma famille ne me manque pas, je crois que je ne souhaiterai même pas les voir s'ils osaient passer le pas de la porte de cet hôpital. Je ne comprendrais jamais comment ils ont pu m'abandonner à ce point alors que je suis leur propre chair, qu'ils sont supposés m'aimer malgré toute situation. À la place, je ne les reverrai jamais et je préfère penser que ce n'est pas une grande perte. Mais ce dont je suis sûr c'est que si ça ne tenait qu'à Noé, il serait venu me voir depuis longtemps car lui, il m'aime vraiment. Il est le seul qui me manque réellement, il respirait la joie de vivre et ceci dans n'importe quelle situation. Même si je l'ai toujours envié, au fond j'étais heureux pour lui et je n'ai jamais souhaité qu'il lui arrive malheur par simple jalousie. Je me rappelle encore de son sourire qui illuminait la pièce, de sa folie, de ses cheveux châtain incoiffables. J'aimerais tant pouvoir discuter avec lui, lui dire à quel point je suis innocent, même si je suis persuadé qu'il le sait au fond de lui. Il est le seul qui me connaît vraiment, je le ressens.

Je pensais pleurer en me remémorant tout ça mais au contraire, je ne peux m'empêcher de sourire. Car même si ce ne sont que de lointain souvenirs, que tout est terminé et à jamais, j'ose espérer que Noé est heureux là où il est. La seule chose qui pourrait me faire verser une larme actuellement serait de le savoir triste. Mais je sais qu'il ne l'est pas, car Noé ne baissera jamais les bras face à une situation compliquée. Il serait le héros courageux d'une série, connu et apprécié à travers le monde. Il est le mien et c'est le plus important. Alors j'attendrais qu'il vienne me voir, peut-être dans quelques années quand mes idiots de parents n'auront plus aucune influence sur lui et qu'il pourra se déplacer ici. Ou alors il ne viendra jamais, mais tant pis du moment qu'il ne cesse jamais de sourire et que son visage ne se ternit jamais.

Je pousse un long soupire et me lève pour aller voir Eliott, la routine reprend encore et encore et ne cessera probablement jamais. Tant pis, j'accepte et j'apprécie.

Ellipse de deux mois.

Hier, la vieille dame que j'estimais tant est décédée. Je n'ai pu m'empêcher de lâcher quelques larmes en apprenant la nouvelle, contrairement à Eliott qui a préféré penser qu'elle s'était tué parce qu'elle le détestait et qu'elle ne voulait plus jamais le revoir. Je l'ai laissé croire ça, car s'opposer à quelqu'un de fou et à ses pensées est absolument inutile. Alors je le laisse dans sa paranoïa. C'est dommage car il serait un ami fantastique s'il ne m'accusait pas et ne s'énervait pas si rapidement sur moi, alors je fais attention à chacun de mes mots. Je commence de plus à plus à le connaître et à savoir ce qui l'offense et déclenche sa paranoïa. Ainsi nous réussissons à avoir des conversations bien plus longues avec de moins en moins d'altercation.

Aymeric's life.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant