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Nika s'était réveillée en pleine nuit avec un sursaut qui en disait long sur la qualité de son rêve. Son instinct la poussa immédiatement à appeler Oyeima, l'ange de la guerre qui l'escortait ces derniers temps. En ce faible murmurre s'échappant de sa gorge, Oyeima apparût néanmoins en portant sur elle un regard bienveillant.

— C'est vrai que je peux devenir folle de colère ? Attiser une flamme intérieure de la vengeance ?

La femme parut déstabilisée durant quelques secondes, mais elle se reprit avant que Nika n'aperçoive quoi que ce soit :

— Là est toute la difficulté. Pourras-tu tout dompter ? Je ne saurais le dire !

— J'aimerais bien avoir une réponse bien claire !

— Je ne sais pas... confessa-t-elle, tu es humaine donc libre... toi seule peut tout orienter.

Et puis, elle distingua derrière les feuilles deux gamins tout effarés qui pleuraient en cherchant une cachette. Ils étaient loin d'être discrets car leurs pas écrasaient les branches mortes et leurs suffocations étaient bien facile à entendre.
Ils étaient en proie à un danger, et aussi constituaient un couple aseez étonnant.
Une blanche et un jeune noir d'environ quatorze ans. Une histoire d'amour aux aboutis sûrement sanglants si Nika ne les avait pas aidé à les rejoindre, derrière les buissons et ces arbres aux feuilles éparses.

Leur arrivée éveilla Saliou.

— Une blanche ? avait-il dit en apercevant en premier l'adolescente. Qu'est-ce qu'elle fait ici ?

— Chut !

***

Marilyn avait quatorze ans et Malick, quinze. L'on ne saurait par quelle alchimie ces deux garnements avaient pu s'aimer d'eau de rose, mais le constat était là ; un amour impossible se construisit.
Ils venaient de bien loin. A eux seul, les enfants avaient parcouru un long chemin de terre. La petite fille savait manipuler ceux qu'elle croisait, ayant menti en disant qu'elle était bien chez sa tante, sans cesse envoyée pour prendre le lait chez son oncle.
Seulement que là, leur vie dépendait de leurs affres. Le petit garçon pouvait mourir à tout moment sous les coups de feu des chasseurs d'esclave, et la petite serait emmenée à Londres.

L'on se demandait maintenant si ils resteraient derrière les arbres le temps qu'ils mènent leurs missions, afin s'ensuit tous aller vers le fameux chemin dont la route tranquille n'était pas évidente. Mais on finit par les embarquer dans le plan.


***

Dans la pénombre de la chambre, Jeanne se leva subitement en respirant difficilement. Effrayée par une raison méconnue, elle vérifia sa place et tâta le lit à la recherche de son époux. Sir Daniel dormait paisiblement sur le ventre, les yeux cachés par ses mèches blondes de cheveux. Elle par contre ne se sentait plus capable de regagner le lit. Des sueurs froides coulaient doucement de son front dégarni jusqu'au bas de son visage arrondi malgré la fraîcheur qui entrait par la fenêtre ouverte. Jeanne ferma les yeux en se consolant qu'il ne s'agissait que d'un mauvais rêve et se leva du matelas. Pour mieux se calmer, elle s'accouda à la fenêtre et regarda l'intérieur calme de la cour. Le vent léger l'aidait à se remettre de ses émotions froides.
Mais subitement, elle sentit un doigt dévaler la route creusée par sa moelle épinière. Effrayée et n'y comprenant rien, elle sursauta et se retournait avec lenteur et suspicion en croyant qu'il s'agisse de son mari, jusqu'à voir une incroyable femme derrière elle, lui souriant. De plus, noire.

- Votre rêve n'est peut-être pas aussi faux que vous l'avez cru... dit-elle sous le ton de la confidence, puis elle disparût.

Une hallucination, sûrement, pensa-t-elle a cause du caractère étonnement mystique.
Mais elle fût prise de vertige et subitement, s'évanouit.

C.N. : Sur mon Corps et dans mon Cœur [ TERMINÉE ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant