XXIV

33 3 0
                                    

Ça fait 3 mois que je travaille. Je commence à me faire une réputation. Jean n'y ai pas pour rien.
Je fais des nocturnes au salon.

Isa et Ju sont d'accord pour mon déménagement. Je vais emménager dans l'appartement au dessus du salon. Il appartient à Jean.

Je n'ai pas de nouvelles de mes cousins, je n'en donne pas.
Je suis juste en contact avec Jo. Il est le seul à s'inquiéter pour moi et à connaître mes peurs actuelles.
Je ne suis pas guérie. J'ai mon boulot qui me maintient en vie. Sans ça il y a longtemps que j'aurai fait une connerie.
Je suis sombre.

Je déménage un mercredi. Seule. J'embarque mes fringues, mes produits d'hygiène. L'appartement est meublé. Je n'ai besoin de rien d'autres.
Peu de personnes sont au courant. Et je leur ai demandé de garder le secret.
Ju, Isa, Jean, Sarah et Jo.
Je les reçois chez moi le dimanche suivant mon emménagement,  j'ai préparé un petit repas comme je faisais avant.

On a passé un bon moment. Je crois.

Je me noie dans le travail. Sous l'influence des autres tatoueurs et surtout de Jean,  je m'ouvre aux réseaux sociaux. Pas mon vrai nom.
Un nom d'emprunt : flying dreams.
Jo m'aide à tout mettre en place.
Et contrairement à ce que je pensais, ça m'aide.  J'y mets ma vie sous dessins.
Je passe mon temps à ça quand je ne tatoue pas. Je dessine ma vie.
J'ai beaucoup d'abonnés.

Jo passe du temps avec moi. Il me demande comment je vais. Je ne lui réponds pas car je n'ai pas la réponse. 
Je me mets à écrire également.
Je suis prise d'insomnies.

Isa est inquiete pour moi. Je change. Je dépéris.
Je vois de moins en moins mon Gaby. J'ai peur de lui faire mal car je souffre à l'intérieur.
Le soir, je bois jusqu'à tomber.
C'est d'ailleurs au sol qu'un matin, Jean m'a retrouvé. Il paraît que j'aurai pu me tuer.
Malheureusement cette chute dans les escaliers m'a juste causé des hématomes. 

J'ai repris le boulot tout de suite. Bientôt je m'en vais au USA. Ça va changer ma vie y paraît.  Je n'attends que ça.
Ma famille m'en veut. Je ne sais pas pourquoi et je ne cherche pas.
Je me punis moi même.  Je m'éloigne de tout.

Avant mon départ, je vais comme à chaque fois sur la tombe de mes parents et de mes grands parents.
Je passe ensuite la soirée avec marraine parrain et Gaby.
Je suis aimée là bas mais des que je passe la porte mon mal être ré apparé.

Jo me conduit à l'aéroport. 
Je lui promets de lui donner des nouvelles.
Je suis épuisée de ce voyage mais j'assume le pourquoi je suis venue.

Les boss me font comprendre que je dois sortir la tête de l'eau. Que mon boulot que je considère comme une bouée ne me sauvera pas toujours. 
Ils sont une 2eme famille. Est ce que celle là m'abandonnera aussi ? 
Je ne sais pas. Je m'ouvre à eux. Ils comprennent à travers mes dessins ce que je suis, ce que je ressens.

3 mois passent vite. Je rentre chez moi, le corps noirci. J'ai le crâne rasé. Je n'ai plus de crête, pourquoi ?
Je sais pas mais quand ma famille me découvre c'est l'affolement.
Ils prennent mon geste comme un cri de détresse.
Mes cousins qui pour moi m'avaient abandonné reviennent vers moi.
Mais je ne veux pas. Ça fait trop mal de les voir partir pour revenir. Je ne supporterai pas un autre rejet.
Je me ferme.

Comme avant, je bosse.
Jean est fier de moi. Je ne suis plus son employée. Je deviens sa collaboratrice avec la moitié de la boîte à mon nom.
Cadeau de mon mentor pour me faire comprendre que lui croit en moi et qu'il sera toujours là.
Pourtant je sais que lui aussi un jour va s'en aller.

Je ne sais plus quoi faire pour me calmer. Mon doc me prescrit des antidépresseurs, le soir je plane.
Jo est là. Je crois qu'il vit avec moi. Il est tellement là. Il m'aide à avancer. Pourtant je lui dis d'aller faire sa vie, de ne pas s'occuper de moi. Et pourtant il est toujours là.
Il bosse, il est comptable. Mon dealer a un boulot honorable.  Ma bêtise aura servi à quelqu'un. Mais je ne veux qu'il bloque sa vie pour une connerie que j'ai fait.

C'est comme ça que je me retrouve le soir dans les bars. Je les écume pour le fuir. Pour qu'il me laisse.
Et pourtant quand je rentre que je mets des plombes à ouvrir la porte, il est là à m'attendre. Parfois, il me suit. Il me protège des mecs qui rôdent. 
Il n'y a pas de risque j'ai ouvert mon coeur à Gérald. Je ne sais pas si je l'ai vraiment aimé mais je me suis sentie trahie et je ne veux plus.

Un soir, Jo me dit de me préparer.  Il m'invite au resto. Ce n'est qu'à la fin du repas que je comprends que j'ai 20 ans.

20 ans ...

âme perdue cherche son cheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant