XXV

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Qu'est ce je fais de ma vie ?
Je suis au resto avec un ami. Ami qui a mis sa vie entre parenthèse pour moi.
Il me propose de continuer la soirée. J'accepte.
Je suis un peu emechée. Je me laisse entraîner par Jo.
Il m'emmène dans un endroit que je connais de nom en ville : un bar karaoké.
Quand il ouvre la porte, ma famille est là. Tous.

Il y a si longtemps. Trop longtemps. Je suis une étrangère ici. Pour la 1ere fois depuis longtemps je pleure.
Sarah me prend dans ses bras. Jo me serre la main.
Qu'est ce que je fais là.
Je suis seule et pourtant entourée.
Mon Gaby me saute dans les bras.

Isa prend la parole

"Manue, ma Manue. Ma chérie.
On est là ce soir pour toi. C'est dur pour toi de savoir qu'on est là pour toi je sais.
Mais jamais je ne t'ai abandonné alors ne lâche pas. J'ai besoin de toi. Ju et Gaby ont besoin de toi. Fais le pour nous s'il te plaît.
Tu m'as promis n'oublie pas.
Je suis là je t'attends"

Je pleure. Je me noie dans mes larmes.
Et je tombe. On me rattrape on me porte.
Je ne voie plus rien. Que se passe t'il ?
J'ai peur...
Je ne comprends pas.

Il y avait longtemps que je ne m'étais pas retrouvée dans une chambre aux murs blancs.
Je passe de nombreux examens.
Pour un verdict sans appel : cancer du sein.
Je ris. Je ris à en pleurer.
J'ai pas envie de me battre mais Isa se sert de Gaby pour me forcer alors je supporte la chimiothérapie.

Je continue de bosser.

Je me fais opérer. Je veux qu'on me retire ce qui a un jour tué ma mere. Je ne veux attendre un miracle de la medecine.
On m'enlève une partie de ma féminité. Mon sein n'est plus là.
A la place, j'ai une grosse balafre.

Je suis en rémission. Mon heure n'est pas encore là.
J'ai beaucoup de visite. Mes cousins qui essaient de rattraper le temps perdu.
Mais le temps perdu ne revient jamais.

Je pars en Allemagne. Jean et Jo sont les 1ers au courant. Je pars en stage.
Quand je préviens Isa et Ju, ils ne sont pas rassurés mais je leur promets que je suis bien entourée et que je donnerai des nouvelles plusieurs fois dans la journée.
La bas, je retrouve des mentors.
Je leur demande de tatouer mon sein. J'ai préparé mon dessin depuis un moment.
Il est noir comme mon âme et ma vie.
L'un d'eux accepte. Il comprend l'importance de ce tatouage pour moi.
Je prends en photos ma poitrine vide et je la poste sur ma page.
Le lendemain, je poste la photo de mon tatouage.
Avec la légende : la vie ne fais pas de cadeau. Il faut tirer de la force de tout ça. La vie est un éternel combat où on ne fais que tomber et se relever. Faite le meilleur de ce que vous pouvez.

Je reviens chez moi. Je ne sais pas si je suis plus forte mais je suis mieux.
Je sors le soir, je flâne dans la ville. Je ris avec Jo.

Il est patient. Et je me livre à lui. Je lui donne mon journal. Il lit mon mal être et il pleure.
Il semble me comprendre.
Il m'avoue des choses que je ne sais pas si je suis capable d'entendre.

"Ma belle. J'ai été là et je serai toujours là parce que tu es entrée dans ma vie tellement confiante que je n'ai jamais réussi à t'oublier. Je n'ai pas essayé. Je crois que depuis la première fois, je suis attirée par toi. J'ai eu mal quand tu as offert ta vie à un autre. Mais je suis resté et depuis j'attends. J'attends que tu comprenne que je suis là pour toi pour toujours."

Ces mots me transperce et pour la première fois, j'ose croire que ce que j'ai pu imaginer quelque fois soit vrai.
Je le prends dans mes bras. Il me caline.
Je pleure. Lui aussi.
Ça fait 8ans qu'il est là et qu'il a toujours garder ce secret.
Ce soir là, on s'endort l'un contre l'autre.

Quand je me réveille. Il est toujours là. Ces bras m'entourant.
Je caresse son visage. Il se réveille doucement.
Je lui caresse ses lèvres des miennes doucement, peureusement.
Il sourit et se laisse faire. Je ne fais pas plus. Lui non plus. Il me laisse gérer. Il ne me brusque pas.

Quand il est l'heure pour nous de travailler. Je ne sais pas quoi faire mais je me laisse bercer par mes envies. Je l'embrasse chastement et le serre dans mes bras.
Ma journée file doucement.
Je hâte et j'appréhende son retour. Et s'il changeait d'avis.
L'angoisse monte en moi. Jusqu'à ce qu'il entre comme chaque soir au salon et qu'il discute avec Jean. Je l'entends derrière le rideau.
Il me dit qu'il m'attend là haut. Mon coeur bondit dans ma poitrine.

Me voilà en couple et en concubinage. Plus de colocataire. Un amoureux.
Y ai je vraiment droit ?!
Manue laisse toi le droit d'être heureuse.
Je vais essayer. Je vais me donner une chance.

Cette semaine pour la 1ere fois depuis  longtemps, je kidnappe mon Gaby pour passer l'après midi avec. Je l'emmène au parc ou on joue tout les 2.
Je suis dans le sable avec lui. Il rit et ça fait du bien de l'entendre.
On va manger une glace.
On se ballade main dans la main.
Il me demande de chanter alors assise sur un banc, lui dans mes bras, je chante.
Je me laisse emporter. Gaby chante avec moi. Je pleure de bonheur.
Il brise mon coeur d'une merveilleuse façon : t'aime ma.
Mon bonhomme m'aime. Malgré mon éloignement, il a toujours gardé une place pour moi. Je l'aime aussi.

J'ai ma chance aujourd'hui. Je vais la prendre.
Je rends Gaby à Julien qui est content de me voir sourire.
Je me dépêche. Je vais au boulot de Jo.
Je l'attends devant son bâtiment. Il sort accompagné de collègues.
Il est surpris de me voir. Il me sourit et ne bouge plus.
Doucement je m'avance vers lui. Il me tend la main que je lui prends.
Il me tire sur lui et m'embrasse doucement.

"A demain les amis"

Ils nous regardent mais on n'a pas besoin d'expliquer quoi que se soit. On rentre chez nous en silence.
Un silence apaisant, pleins de promesses. Pleins de bonheur.

Je pétille. Je le sens. Mon coeur bat par envie pas par nécessité.

âme perdue cherche son cheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant