Il était une fois... un rencard qui n'en était pas un

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Nous étions jeudi soir et j'étais allée chercher Laurine chez sa grand-mère après son premier cours de méditation. Nous étions dans la voiture et ma fille me boudait clairement. Après de longues minutes de silence complet, je finis par soupirer et demandai :

« C'était si nul que ça ?

- Oui. C'était chiant, on est seulement restées assises les yeux fermés à ne rien faire. Si ce n'est que ça, je peux aussi le faire à la maison.

- Je sais que tu pourrais le faire, mais en aurais-tu l'idée ? De rester assise à ne rien faire, dans ta chambre, sans appareil électronique, sans manger ou faire quoique ce soit d'autre pendant une demi-heure ?

- Non, peut-être pas, mais bon... et puis il n'y avait que des vieilles et des vieux ! Je me sentais paumée au milieu de tous ces dentiers !

- Au moins, tu fais une activité originale !

- Ah ça oui ! Mais pas question que quiconque au lycée le sache, sinon je mourrais de honte !

- Mais non ! Et puis, c'est aussi pour te permettre de passer du temps avec ta grand-mère.

- Ah ben parlons-en, de Mamie ! Elle est super bavarde ! Je te jure, j'ai chopé une migraine ! Limite, le seul moment où elle s'est tue, c'était pendant la demi-heure de méditation.

- Tu vois, ça sert quand même à quelque chose, la méditation !

- Haha, très drôle.

- Plus sérieusement, Mamie s'ennuie beaucoup depuis le décès de Papi. Je n'ai pas vraiment le temps d'aller la voir, alors toi qui as plus de temps, ça ne te tue pas de passer une heure par semaine avec ta grand-mère.

- D'accord, mais pourquoi moi ?

- Parce que... tu étais bien contente d'aller chez Papi et Mamie avec ton frère quand tu étais petite et que je travaillais tard après que ton père nous a quittés. Alors tu peux faire un petit effort.

- C'est pas une excuse, c'était pas de ma faute si papa est parti et que tu as dû travailler plus !

- Ce n'était de la faute d'aucun d'entre nous et pourtant, on en souffre tous. Bref, je crois qu'il vaut mieux arrêter cette discussion ici avant qu'elle ne dérape. »

J'étais restée très calme, mais au fond de moi, je sentais l'agacement monter. Laurine qui avait compris qu'elle était allée trop loin se tut pour le reste du trajet et même de la soirée.

***

Le lendemain, j'arrivai au bureau et saluai tout le monde. C'était une belle journée qui commençait, tout le monde souriait, sauf Sandra, une collègue un peu (voire très) puérile qui me bouda car je ne lui avait pas encore envoyé ma recette de « gâteau chocolat-courgette qui déchire de la mort qui tue », selon ses propres dires. Mais bon, son comportement enfantin nous fit plus rire qu'autre chose.

Alors que je démarrais mon ordinateur, Maxime fit rouler son fauteuil à roulettes vers moi. Puis il approcha sa tête de la mienne, comme s'il voulait me faire part d'un secret hyper important, et me demanda :

« Alors, est-ce que tu as bientôt un bal de prévu avec le prince charmant ?

- Hein ?

- Roh, tu comprends rien de rien, c'est du langage codé !

- J'ai autre chose à faire que de m'amuser avec ton langage codé, comme par exemple travailler, et d'ailleurs, toi aussi !

- T'es pas marrante ! Bref, tu as revu le gars des chaussures ?

Il était une fois une mamanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant