J'ouvris la porte et me trouvai face à un Martin tout sourire, ce qui faisait plaisir à voir. Il avait une chemise à carreaux et un jean, tout en simplicité, comme le présageait une soirée dansante dans un village. Il resta une seconde immobile avant de s'approcher pour me faire la bise.
« Bonsoir Catherine ! Tu t'es mise sur ton trente-et-un ? Tu es encore plus ravissante que d'habitude.
- Petit flatteur, va ! Effectivement, j'ai un ami qui a appris que j'allais danser ce soir et qui s'est donc invité chez moi pour jouer à la poupée...
- Un ami ?
- Oui, un collègue, Maxime. Je crois que je t'en avais déjà parlé, non ? J'ai appris qu'il avait voulu devenir coiffeur et maquilleur pour le cinéma ! C'est plutôt fou, non ?
- C'est vrai que c'est original, comme rêve...
- Bon, tu veux entrer ou on y va tout de suite ?
- Eh bien, si tu es prête, je dirais qu'on peut y aller, non ?
- Très bien, dans ce cas, en voiture Simone ! »
Martin pouffa et s'exclama qu'il n'y avait que les vieux pour utiliser encore ce genre d'expressions. Je levai les yeux au ciel et soupirai. Je sentais que ça allait être une chouette soirée !
***
Lorsque nous arrivâmes, il y avait déjà un peu de monde, comme en témoignait le brouhaha ambiant. Des rires fusaient d'un peu partout, les gens discutaient, buvaient et dansaient gaiement. Il semblait y avoir une bonne ambiance !
Depuis le parking, on entendait déjà la musique. Nous nous approchâmes et découvrîmes un groupe de jazz sur la petite scène improvisée. Il était composé d'un trompettiste, un saxophoniste, un batteur, une clarinettiste et une pianiste. J'adorais la clarinettiste, je trouvais qu'elle jouait magnifiquement bien !
La plupart des gens étaient assis, mangeaient et buvaient en bavardant gaiement. Nous décidâmes donc de faire de même et allâmes chercher des boissons, des barquettes de frites et des saucisses. Martin voulait tout payer mais je l'en empêchai. Il en était hors de question alors qu'il avait moins de revenus que moi. C'est donc après cinq minutes de débat que nous prîmes une décision sous le regard mi-amusé, mi-blasé du type au comptoir. Finalement, je payai les boissons et Martin paya la nourriture. C'était un arrangement comme un autre, écoutez !
Nous nous installâmes à une des tables en bois recouvertes de nappes en papier et je faillis m'étaler par terre en m'asseyant sur le banc bancal. Nous picorâmes nos frites en silence, regardant simplement l'agitation autour de nous. Le petit groupe de jazz jouait des airs entraînants sur lesquels dansaient quelques couples. D'autres étaient assis et discutaient en buvant et en mangeant tandis que des enfants riaient en se poursuivant. Tout le monde avait le sourire aux lèvres et l'air sentait autant les saucisses que le bonheur.
Lorsque j'entamai ma saucisse, je m'exclamai en direction de Martin :« Il n'y a plus que dans les petits villages où on peut trouver une telle ambiance chaleureuse !
- C'est vrai ! J'ai passé toute mon enfance dans un village comme celui-ci et j'avoue que cette atmosphère me manque souvent...
- J'imagine, oui ! Mes parents ont emménagé en ville avant ma naissance, donc je n'ai jamais rien connu d'autre.
- Bah, la ville, c'est bien aussi. Il faut de tout pour faire un monde : des rats de ville comme des rats des champs !
- Tu es d'humeur lyrique ?
- Oui, philosophe des rues, poète à mes heures perdues, je fais danser les mots, comme Prévert ou Rimbaud.
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Il était une fois une maman
Literatura FemininaIl était une fois, dans un royaume pas si lointain et pas si charmant, une reine qui avait deux enfants. Abandonnée par son mari un an après la naissance du second, elle jonglait entre boulot et famille pour tenir à flot son petit château. Il fallai...