Un Amour Inattendu

L'hôpital

Quelques heures plus tard

Pdv Aidan

Une migraine lancinante me vrille les tympans alors que j'ouvre avec lenteur les paupières. Allongé dans le canapé du chalet, les lumières du lustre m'aveuglent et me font pousser un juron particulièrement cinglant. Instantanément, je me retrouve entouré de monde, et mon mal de crâne augmente en intensité. Mais fermez-là ! Il n'y a que quand Jerry s'agenouille près de moi que j'arrête de grogner comme un chien enragé.

- Alors fiston ? Comment tu te sens ? Demande-t-il.

- J'ai l'impression que ma tête est passée dans un rouleau-compresseur...

- On a besoin de savoir ce qu'il s'est passé, Aidan, intervient une voix fatiguée.

Je relève le visage vers mon interlocuteur, le flic me fixe d'un regard scrutateur, voire carrément hostile. Je me redresse complétement et m'assois sur le canapé, les coudes reposant sur mes genoux pour soutenir ma tête douloureuse.

- Qu'est-ce que vous voulez savoir ? Je ne sais même pas de quoi il parle.

- Il me faut le plus de détails possibles, rétorque-t-il froidement.

- Ça ne peut pas attendre demain pour une simple déposition ? Intervient sèchement mon père. Vous voyez bien qu'il est épuisé, et nous ne pourrons pas aller à l'hôpital retrouver Samuel tant que vous serez chez nous.

Samuel ?

Soudain, toute la mémoire me revient... La visite de Jenny, Sam qui s'énerve et part en forêt par mauvais temps, l'état dans lequel je le retrouve, et moi qui m'évanouis comme une tarlouze... Mais n'en suis-je pas une finalement ? Tout ça n'a pas d'importance pour l'instant.

- Je viendrai demain à votre bureau, chuchoté-je. Pour l'heure, nous devons rejoindre Sam.

- Aux dernières nouvelles, c'est moi qui donne les ordres ici, gronde le policier. Toutefois, si vous promettez d'être devant moi demain, à la première heure, je vous laisse tranquille.

- J'y serai.

Sans un mot, le flic embarque ses hommes et quitte le haras rapidement. Je souffle un grand coup.

- Tu devrais peut-être rester ici, Aidan. Articule Jerry.

- Hors de question !

- Tu n'es pas en état. Tu as besoin de repos !

- Je me reposerai après l'avoir vu, terminé-je en me levant pour fixer et dominer mon père.

Après un soupir, Jerry me cède le passage et nous quittons ensemble le haras pour nous diriger vers l'hosto.

Après être passé devant la quatrième infirmière qui me regarde d'un air inquiet, je me rends à l'évidence que je dois ressembler à un zombi. La lumière m'agresse toujours les yeux, j'ai la sensation de marcher sur du coton et le moindre bruit résonne dans ma tête avec une centaine d'échos de plus en plus douloureux. Quand on franchit la porte de la chambre où Sam est installé, je reprends enfin mon souffle. Jerry passe devant moi et prend Samuel dans ses bras. Ce dernier s'est redressé sur son lit à notre arrivée, et nous observe avec de grands yeux ronds. Le jeune homme reste un instant interdit puis finit par tapoter le dos du vieil homme d'un air un peu gauche, sans jamais me quitter des yeux.

- Comment tu te sens ? Demande alors Jerry.

- Ça peut aller. J'ai récolté une cheville foulée et quelques points de sutures sur l'arcade. Ça me donne un air de méchant garçon, argument-il en souriant.