Back To Thrills

21

— Je n'avais pas la tête à sortir [...] Non, tout va bien, elle ne me dérange pas [...] J'en sais rien, moi [...] Isa, je vais te laisser, je suis un peu occupée là [...] Pas de soucis, à tout à l'heure.

Ensuite Abigail raccroche et dépose son téléphone sur ses cuisses en l'observant longuement. J'aurais pu être seulement frustrée si quelqu'un d'aléatoire l'avait appelée mais il fallait que ça soit Isa, la fille qui me tape sur les nerfs depuis un moment maintenant et ça, Abigail le sait. Isa est clairement attirée par Abigail, cette dernière semble ne pas être dérangée par la situation et je dois avouer que ça a le don de m'énerver. Je ne suis pas jalouse car cela voudrait dire qu'Abigail appartient à Isa et j'espère sincèrement pour les deux que ce n'est pas le cas, pourtant je sens que ce n'est pas loin.

— Qu'est-ce qu'elle te voulait? demande-je ennuyée même si je connaissais déjà la réponse.

— Elle voulait seulement savoir pourquoi je ne m'étais pas jointe à eux, ce soir.

Son regard affronte enfin le mien avec une légère appréhension qui est très bien masquée. Elle sait que cette situation ne me plait pas, c'est peut être cela qui fait qu'elle a l'air d'être coupable.

— C'est quand même étrange qu'elle soit la seule à t'appeler alors qu'ils sont quand même huit, dehors.

— Qu'est-ce que t'insinue? demande-t-elle en se redressant.

— Je n'insinue rien, dis-je en haussant les épaules feignant de n'en avoir rien à faire alors que je bous de l'intérieur. Je constate seulement.

Elle soupire longuement avant de se lever et de débarrasser la vaisselle sur la table de basse, je sens bien qu'elle essaie de fuir le conflit naissant mais je ne peux m'empêcher de trouver ça décevant. Tout cela est nouveau pour moi. Il est vrai qu'embrasser ma pire ennemie n'a jamais été dans ma Wish List et être interrompue par ma soit disant meilleure amie qui craque également pour elle, donc j'avoue être paumée quand à la réaction que je dois avoir. Je suis furieuse, frustrée, déçue mais je ne peux même pas extérioriser ces fichus sentiments, parce que je ne sais pas. Je ne sais même plus ce qui est en train de se passer, je ne sais plus comment je dois réagir. Ça me rends dingue.

J'entends des pas derrière moi et je relève la tête vers Abigail qui revient une couverture à la main et je fronce les sourcils. Elle s'installe sur le canapé, prenant bien soins de nous recouvrir toutes les deux avec le long plaid. Ensuite, je vois de son profil qu'elle est attentive à ce qui se passe sur l'écran, semblant être passée complètement à autre chose et je ne comprends vraiment plus rien.

— T'es vraiment qu'une idiote, souffle-t-elle alors qu'elle regarde toujours la télévision.

— Je te demande pardon, demande-je en la fixant durement.

Elle reste de marbre, son regard toujours sur le plasma et je la sens un peu tendue.

— J'aurais pu passer une soirée avec tout mes amis, dont Isa, déclare-t-elle en se crispant. J'aurais pu découvrir d'autres endroits d'Italie, m'apprêter, sortir, mais non. J'ai préféré passé ma soirée en pyjama, à mangé des spaghettis devant un film que je n'aime pas du tout juste pour être avec toi. Je suis avec toi, et tu ne le vois même pas.

Toujours aucun regard de sa part ne m'est accordé et malgré les derniers mots qu'elle vient de prononcer, elle a l'air parfaitement détaché.
Pourtant, Elle achève sa sorte de tirade et je sais que ses mots révèlent une certaine déclaration implicite que je ne mets pas mille an à décrypter. Je l'observe curieusement, n'arrivant pas à croire qu'elle a sûrement raison. Elle est avec moi, et non avec elle. Elle me le dit, elle ne me laisse pas seule, elle est attentionnée, elle m'embrasse..., elle est juste là.