C'est si calme. L'air est pure, la seule chose que je peux entendre sont les légers battements d'ailes des oiseaux avant qu'ils ne se laissent planer, ou même leur chants. Je suis enrobée d'une brise fraîche, j'ai froid, mais ça m'est égale. Le ciel taché de multiples couleurs, le rose, le jaune, le bleu... des nuances plus claires, ensuite plus foncées. En haut de la colline, je peux voir que la ville dort toujours.
Ça faisait si longtemps que je n'avais pas connu ça, le calme, ce sentiment de prospérité, cette sorte de quiétude...— Mon Dieu, quelle idée de dormir dans la voiture, ça fait un mal de chien, râle soudain Abigail dans mon dos.
Ça n'aura pas duré longtemps. Je me retourne vers celle qui m'aura sortie de la meilleure des sphères. Elle s'arque dans tous les sens, tentant de s'étirer par tous les moyens. Cependant, elle a raison, cette nuit dans la voiture était horrible. Je me suis endormie sur la banquette arrière et elle, sur la place du passager. Déjà que le confort n'était pas au rendez-vous, ses plaintes qui ont duré une bonne partie de la nuit n'ont pas aidées.
— La faute à qui? souffle-je en me relevant.
— Je te demande pardon? réplique-t-elle alors que j'enlève l'herbe de mon jean humidifié par la rosée du matin. Je ne t'ai forcée à rien, tu m'as suivie parce que tu le voulais et le pire c'est que ça t'as plu.
Je n'ai pas besoin de la regarder pour savoir qu'elle a un sourire insupportablement arrogant scotché au visage. Je me contente de soupirer pour la mille et unième fois, et observe le paysage qui va me manquer sachant que c'est le dernier jour que nous passons en Italie. Suite à cette pensée, je me sens tétanisée.
— D'accord, et tu peux m'expliquer comment on est censée rentrer chez nous?
Je l'observe enfin et ma question n'a pas l'air de lui rappeler la situation dans laquelle nous sommes, elle prend ça totalement à la légère.
— C'est simple, dit-elle en haussant les épaules. On ne s'en va pas. On reste ici en Italie.
Elle est complètement folle, et semble si sérieuse que je commence sérieusement à douter d'une blague. Face à mon air interloquée, elle poursuit :
— Quoi? C'est le paradis ici, qui voudrait quitter le paradis pour retourner à cette vie fade et cyclique que l'on mène.
— Mais... rétorque-je toujours aussi sonnée. T'as perdu les pédales? Tu vas arrêter de nous la jouer philosophe et trouver une solution.
— Rabat-joie, souffle-t-elle avec un petit sourire qui me fait comprendre que je ne devais pas du tout la prendre au mot.
* * *
Notre Einstein du dimanche a trouvé « une solution », si on peut appeler ça comme ça. Nos amis, du moins, ceux qui l'étaient jusqu'à pas plus tard qu'hier, sont toujours aussi en colère si on en croit ma boîte vocale remplie de menaces en tous genres. Donc, l'alternative qui consistait à nous livrer à eux est définitivement hors course. Du coup, Abigail a décidé qu'on rentrerait chez nous par nos propres moyens mais fallait-il encore récupérer nos affaires qui sont à l'endroit que nous avons déserté hier soir.
C'est pour ça que nous sommes dans la voiture depuis une vingtaine de minutes à poireauter à quelques mètres de la maison dans l'espoir qu'une de nous deux ai le cran de se lancer. Il semblerait qu'elle les ai caché dans un endroit au sous sol, et je ne sais comment nous allons faire pour entrer sans que les autres nous tombent dessus.
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Back To Thrills
RomanceElles se détestent. Malgré cela, elles sont sans arrêt collées l'une à l'autre, et ça car elles ont des meilleurs amis communs. Pourtant, un an après leur rencontre, les deux jeunes femmes vont apprendre que la haine naît souvent de l'amour. _____...