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— Allô ? demande Isa alors que je lui peste de parler plus doucement.

Nous sommes actuellement devant The Notebook, mon film préféré– oui, je sais, je suis un cliché ambulant – avec Caroline et Isa alors que cette dernière pense pouvoir répondre au téléphone pendant que Ryan Gosling me fait les yeux doux à travers l'écran.

— Je suis chez Mary.

Je soupire d'exaspération, ne peut-elle pas se lever et quitter la pièce?

— Non, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Isa, tais-toi pour l'amour du ciel.

— Tu peux venir chez moi si tu veux.

Trop s'en est trop, je soupire en attrapant vigoureusement le téléphone d'Isa et le colle à mon oreille. En voyant qu'elle ne tente pas de le reprendre, je dis sans contrôler mon rire :

— Bonjour, je ne sais pas qui tu es et pourquoi tu appelles, mais laisses-moi te dire que tu déranges ma tranquillité. J'étais tranquillement en train de regarder mon film favoris quand tu t'es dis que c'était le bon moment d'appeler. Alors tu vas me faire le plaisir d'appeler à une autre heure de la journée, avant que je ne me fâche.

Je penche ma tête vers le téléphone en souriant, attendant une réponse de la part de l'interlocuteur.

— Je ne t'ai pas appelée, Mary, dit la voix féminine robotisée que je reconnais immédiatement. J'ai appelé Isa mais si tu y tiens, je peux rappeler plus tard dans la soirée.

Abigail est au bout du fil et je suis surprise de l'entendre enfin. Ça fait une semaine et trois jours exactement qu'elle a quitté mon appartement, furibonde. Suite à cela, j'ai participé à toutes les sorties que mes amis avaient organisé dans l'espoir de la revoir mais en vain. Elle a décidé de devenir un fantôme. J'avais tenté de demander subtilement où elle était passée, mais personne n'avait de réponse à m'offrir.

— Abigail? demande-je en prenant un aire sérieux et en rejoignant ma chambre, faisant s'écrouler Isa sur le canapé.

Elle ne me répond pas donc je poursuis :

— Où étais-tu passée? la questionne-je nouveau. Je me suis inquiétée, personne n'avait aucune nouvelle de toi.

Elle marque un temps d'arrêt et j'aurais presque douté de sa présence si je ne l'avais pas entendue respirer.

— Pourquoi?

Abigail semble sonnée par ce que je viens de lui dire mais je suis parfaitement sincère. La dernière fois que je l'ai vue on a eu une énième dispute et puis elle a quitté mon appartement comme une hystérique, ensuite silence radio.

— Nous ne sommes même pas amies, dit-elle alors que je ne réponds pas.

C'est vrai. Elle a raison mais cela n'empêche que je me suis inquiétée, est-ce un crime? Je m'en voulais de lui avoir hurlée dessus comme si elle était une enfant en bas âge. J'ai vu dans ses yeux l'effet que cela lui a fait, et je me déteste de lui avoir fait ça.

En faisant les cent pas dans ma chambre, je me demande ce que je vais bien pouvoir faire avec elle.

— Est-ce que tu vas bien, oui ou non?

— Je vais bien, dit-elle seulement avant de raccrocher.

Bon sang, je fronce les sourcils en vérifiant si c'est bien ce qu'elle a fait et c'est le cas. Je prends mon téléphone rapidement avant d'inscrire son numéro dans mon cellulaire. On ne sait jamais, j'en aurais peut être besoin un jour.

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