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Nous sommes rentrés à la maison et pour une fois, ce fut dans un silence harmonieux. Ma poitrine était remplie d'une sensation de complétude qui était exquise. J'avais passé une superbe soirée avec mes amis et d'autant plus avec Abigail. Je sentais que notre relation commencer à bifurquer vers autre chose mais je n'avais vraiment pas envie d'y songer, je voulais seulement me laisser faire.

Elle s'est installée à mes côtés dans la voiture et j'étais un peu surprise qu'elle prenne place à côté de moi. Julian qui était à l'avant nous a même lancé un regard étrange mais n'a pas tenté de dire mot. Seul ces yeux ont parlés pour lui, et après cela, Abigail et moi avons été extrêmement silencieuses. Arrivée à la maison, nous avons seulement regagner nos chambre en se souhaitant une bonne nuit.

C'était si agréable. Il n'y avait aucun bruit dans la maison, il faisait frais et je me sentais vraiment à l'aise.

À peine étions nous entrées dans la chambre, que je me suis réfugiée dans la salle de bain, pour me brosser les dents, me laver et enfiler quelque chose de plus confortable – un de mes fidèles short en tissus bordeaux et un t-shirt blanc que j'ai eu à un concert. J'étais contente que partager une chambre avec Abigail n'était plus un calvaire, d'ailleurs ça ne l'a pas été longtemps. Depuis le début – sans compter ses règles absurdes que j'ai totalement foutus à la poubelle – passer du temps avec elle n'était pas aussi horrible que je le pensais.

Des que je rejoins la chambre, je cherche du regard la personne qui occupe mes pensées mais je ne la trouve pas. Seules les portes fenêtres qui donnent sur le balcon sont grandes ouvertes et lorsque je m'approche un peu, je vois Abigail, dos à moi, appuyée sur le rambarde à observer l'océan. Cette vue est invraisemblable et je ne vous parle pas du moment où je la rejoins et qu'elle est à couper le souffle avec comme seul éclairage la lune encerclée par des milliards d'étoiles.

Je me poste à côté d'elle, comme l'autrefois et observe où son regard semble s'aventurer. Le paysage est semblable à l'une des œuvres de Van Gogh et d'où nous nous trouvons, on peut entendre le bruit des vagues qui se battent entre elles dans une lutte délicate ainsi que le chant des criquets. C'est apaisant, je dois l'avouer.

Du coin de l'œil, je la vois amener une cigarette à sa bouche, ensuite, une vague de fumée s'échappe de son corps.

— Tu veux que je poursuive ma leçon, ou bien...

Elle hausse un sourcil, sûrement aussi surprise que moi de me voir avec elle.

— Non, souri-je un peu embarrassée, j'ai juste envie de passer du temps ici.

Les mots « et avec toi » ont faillis quitter ma bouche mais je me félicite de les avoir retenu.

— D'accord, lance-t-elle avant de reprendre avec un petit rire. De toute façon, j'en ai assez de partager mes clopes avec toi.

J'écarquille les yeux face à son audace et lui frappe doucement l'épaule.

— Je vois, feignais-je d'être offusquée. Tu m'as carrément vidée mon pot de popcorn, mais lorsque je te pique une malheureuse petite taff, t'en fais toute une histoire.

Elle rit sincèrement à ma remarque et rétorque d'une manière beaucoup plus assurée :

— Alors premièrement, je n'ai pas vidé ton pot, tu t'en es très bien sortie sans moi ! Et deuxièmement, il s'agissait de deux taffs, en plus de ça, t'as gaspillé la première en t'étouffant.

— J'y crois pas, m'exclame-je en posant une main sur ma poitrine d'un geste théâtrale. Toi qui m'avais promis ta gratitude éternelle, je suis bien surprise de te voir retourner ta veste, et je suis novice dans le domaine de la fumette, ça ne compte pas.

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