Back To Thrills

7

Pourquoi m'aurait-elle menti, sérieusement? Pourquoi m'éloigner de Caleb si elle n'en veut pas? Pourquoi Isa qui était si protectrice à mon égard semble se rabattre vers Abigail? Pourquoi ma colère face à leur complicité ne fait que de grimper? Pourquoi...

Je ne comprends définitivement plus rien. Un millier de questions fusent à l'intérieur de moi et je ne sais plus où donner de la tête. Elle aurait pu me dire qu'elle était lesbienne, que croyait-elle? Que je suis homophobe? En plus, qu'est-ce que ça peut lui faire ce que je pense d'elle?

— Tu es sûre et certain de ce que tu avances? demande-je à Ronald, songeant au fait que je m'emporte peut être pour rien.

— J'en mettrais ma main à couper, et je tiens beaucoup à ma main.

Je le vois du coin de l'œil froncer les sourcils, il doit sûrement se demander pourquoi ça me préoccupe tant et ce n'est pas une mauvaise question.

— Est-ce que Isa et Abigail forment un couple? lui-demande-je en reposant mes yeux sur lui.

— Pas encore mais je pense que ça ne va pas tarder.

Étrangement, je crois à la version de Ronald. J'y crois plus qu'aux mots d'Abigail. Les faits parlent plus que ceux-ci et lorsque je vois Abigail, faisant les yeux doux à Isa et délaissant complètement Caleb à sa gauche, je le comprends.

Sachant désormais qu'elle n'est pas intéressée par Caleb, la seule raison possible pour laquelle elle ne veut pas de nous ensemble est claire : elle me déteste suffisamment pour que je ne sois aimée de personne.

Mon cœur se sert dans ma poitrine et mes réflexions sont à coup sure les bonnes, je n'en doute plus. Je mime un aire de désintérêt devant Ronald avant de soupirer en me levant :

— Je vais aux toilettes, je reviens.

Il acquiesce, trouvant ma réaction étrange mais je ne m'en préoccupe pas. Des que j'arrive dans la salle de bain très moderne, je m'appuie sur le lavabo en fixant mon reflet. J'ai envie de pleurer mais je ne sais pas pourquoi, mes émotions se battent entre elles et je ne sais laquelle triomphe. Sans savoir pourquoi encore une fois, cette révélation me met dans tout mes états, j'aurais aimé pouvoir me passer un coup d'eau sur le visage ou fondre en larme pour me relever plus forte plus tard, mais je suis attendue dans le salon par neuf de mes amis et je n'ose pas imaginer leur réaction dès qu'il verront mon maquillage saccager et mon mascara dégoulinant.

Dans ma tête, un milliard de scénarios se lancent pour comprendre la réaction d'Abigail. Je n'arrive pas à croire qu'elle me haïsse à ce point. Je veux dire, c'est vrai que tu notre rencontre ne s'est pas faites dans les meilleurs circonstances mais cela explique-t-il qu'elle me haïsse à ce point? Au point de ne pas vouloir me savoir heureuse?

Je la déteste tellement, Seigneur.

La haine que je ressens tout de suite me semble tellement difficile à effacer que j'abandonne avant même d'avoir essayer. Alors que mon regard se noircit dans mon reflet, j'entends frapper à la porte.

— Quoi?

Mon ton est rude et je suis prête à anéantir le premier venu.

— Ouvre, il faut qu'on parle.

Le ton a beau être moins rude que le mien, il n'en reste pas moins froid. J'obéis malgré moi et tombe sur l'image de Caleb, il a les bras croisé sur poitrine et les lèvres pincées. Je le laisse entrer et referme la porte dès qu'il se trouve à l'intérieur.

— Écoute, commence-t-il. Je vais faire court : Je ne sais vraiment pas ce qu'il se passe entre nous, au début je croyais qu'on flirtait et que tout allait dans la réciproque mais je me suis trompé. Tu sais, tu n'avais pas besoin d'ignorer tout mes appels et mes messages, je pensais qu'on était de vrais amis et qu'on pouvait tout se dire, mais je me suis de tout évidence trompé.