La sonnerie retentit dans tout l'établissement et déclare ainsi la fin de la journée. Tout le monde s'empresse de ranger ses affaires, sans prendre la peine de finir d'écouter le professeur alors, je suis le mouvement. En un rien de temps, la salle se vide et je suis finalement la dernière à sortir. Gaël m'attend devant le portail du lycée, pour qu'on puisse rejoindre Leo à sa voiture.
- Salut, dit ce dernier en retirant le frein à main.
Il démarre en questionnant ma sœur sur sa journée, tandis que je regarde l'extérieur en repensant à la mienne qui a été longue. Heureusement, nous n'avons pas mangé au réfectoire, puisqu'on a eu le temps de rentrer. Je n'ai parlé à personne et j'ai dû me contenter d'ignorer les regards curieux. Je me demande combien de temps je vais tenir sans craquer... Plus que la première fois ? Moins ? Quelles seront les conséquences cette fois-ci ?
La voiture s'arrête et quand je relève la tête, je suis étonné de voir que nous ne sommes pas devant la maison. Je me redresse sur mon siège en reconnaissant le grillage qui longe la rue. Leo se tourne vers moi pour répondre à mon regard plein d'incompréhension.
- Ton père m'a demandé de te déposer ici, m'informe-t-il alors que je prends mon sac posé à mes pieds, c'est lui qui viendra te récupérer.
J'acquiesce de la tête en ouvrant ma portière pour sortir. La voiture s'éloigne jusqu'à ce que je la perde de vue et pourtant mes pieds restent sellés au sol. Je regarde ce simple grillage vert sans savoir si je dois le franchir ou m'éloigner. Après tous, fuir c'est une facilité et il est temps que j'arrête de le faire.
Je commence à avancer doucement en me rendant compte que ça fait déjà trois mois que je ne suis pas venue ici, alors que depuis plus de onze ans c'était une habitude. Il est déjà dix-sept heures et en ce mois de janvier la nuit commence à tomber.
Une fois devant le grillage, j'observe le stade éclairé par les lampadaires et un groupe de garçons qui fait le tour du terrain. J'enfile la deuxième bretelle de mon sac à dos et je stabilise mon pied dans un des trous, avant d'y prendre appui, grimper et retomber de l'autre côté.
En balayant le stade du regard, j'aperçois une silhouette qui installe des plots sur la pelouse. Je reste là, un long moment. Prise entre l'envie de me retourner pour partir et celle de courir le rejoindre.
- Emi ? m'interpelle une voix.
- Salut Maxime.
Il passe devant moi en courant à reculons et m'adresse un sourire, puis se tourne pour continuer dans le bon sens. Je finis par traverser le terrain, lorsque l'entraineur relève la tête vers moi, son expression ne cache pas sa surprise.
- Emilya, dit-il en m'enlaçant sans attendre de réponse de ma part.
Je m'agrippe à sa veste comme un enfant qui a peur d'être seule. Je regrette immédiatement de ne pas être venue plus tôt. Alors que j'aurais pu rester blotti dans ses bras très longtemps, il se dégage pour me regarder.
- On s'est appelé la semaine dernière, tu aurais dû me dire que tu viendrais aujourd'hui.
- Ce n'était pas prévu, j'avoue en baissant les yeux vers mes baskets blanches.
Il passe un bras derrière mes épaules pour m'inciter à le suivre à l'extérieur du terrain.
- Comment s'est déroulée ta rentrée ? enchaine-t-il en me lâchant pour fermer sa veste à cause du vent.
- Bien, dis-je seulement.
- Tu sais que si tu as besoin... commence-t-il.
- Je sais.
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Effacée
Teen FictionGaël s'est réveillée avec dix-sept années effacées de sa mémoire. Contrairement à Emilya qui garde assez de souvenirs pour elles-deux. Trois mois plus tard, les deux sœurs reprennent leur vie où elle s'est arrêtée. Même école, même fréquentation, m...