Chapitre 7 : Emilya

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Comme lundi, la voiture de Leo s'immobilise près du stade, j'ouvre la portière pour sortir en le remerciant de m'avoir déposée. Je prends mon sac de sport dans le coffre pour ensuite me diriger vers le grillage. Or, mes pieds s'arrêtent en apercevant Gaël hors de la voiture.

- Qu'est-ce que tu fais ? je demande d'une voix distante.

- Je t'accompagne, avoue-t-elle timidement.

- Tu ne sais même pas ce que je vais faire, je réplique sur le même ton.

- Ça me permettra de voir.

Je passe devant elle pour atteindre le grillage sans prendre le temps de l'attendre. Je lance mon sac de sport de l'autre côté, pour pouvoir passer la deuxième bretelle de mon sac de cours sur mon épaule. Je commence à grimper et une fois de l'autre côté je regarde ma sœur avec une lueur de défi. Elle regarde le grillage avec crainte, comme s'il s'agissait d'une montagne.

Alors que je compte lui indiquer l'entrée du stade, elle replace son sac à main sur son épaule et le sert fermement avec son bras. Après un moment et avec difficulté, elle atterrit à côté de moi. Je tente de ne pas lui montrer mon étonnement, puisque je ne pensais pas qu'elle le ferait vraiment.

- Je vais me changer, dis-je sans lui lancer un regard.

Elle part s'installer sur un banc plus loin, tandis que je me dirige vers le bâtiment, plus particulièrement dans les vestiaires des filles. Je soupire en m'apercevant que la porte est fermée, alors je jette un rapide regard de chaque côté et je tape fort dedans avec mon pied. Elle se débloque en émettant un affreux grincement à en faire mal aux oreilles.

J'appuie sur l'interrupteur, mais c'est sans surprise que ce dernier ne fonctionne pas. À l'intérieur, il fait très froid et une odeur de poussière se fait ressentir. J'allume la lampe torche de mon portable pour voir un minimum.

Je m'empresse de me changer, pour quitter ce lieu abandonné depuis quatre mois déjà. Je range mes vêtements dans mon sac pour rejoindre Gaël à l'extérieur.

- Il commence à faire froid, souffle-t-elle en se frottant les bras, ça ne vous empêche pas de jouer ?

- On s'habitue, je réponds en regardant le terrain encore vide.

Sa mâchoire et son corps commencent à trembler. Étant déjà très distante avec elle, je ne veux pas en plus passer pour une sœur horrible. J'ouvre mon sac de sport pour lui tendre une veste épaisse.

- Merci, dit-elle en la prenant sans plus attendre.

Elle retire son manteau pour enfiler ma veste en dessous. Le silence retombe et je reste concentré sur le stade. La nuit commence déjà à tomber et l'herbe à une teinte blanche à cause du froid glacial qui nous accompagne.

- Combien de temps dur l'entrainement ?

- Une heure et demie.

Elle se redresse pour saisir son sac et l'ouvrir. Elle tend quelque chose dans ma direction et je suis finalement obligé de la regarder. C'est une pomme.

- Tu devrais manger avant.

Je continue d'examiner la pomme, comme pour vérifier s'il s'agit de celle que prépare la méchante reine dans Blanche Neige. Lorsque mes yeux rencontrent les siens, je sens cette faiblesse au fond de moi qui m'inonde et me noie entièrement.

- Merci, finis-je par dire en la saisissant d'une main tremblante.

- Alors, continue-t-elle en replongeant ses mains dans ses poches, de quel sport s'agit-il ?

EffacéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant