Chapitre 8 : Gaël

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C'est avec les coudes appuyés sur le bureau et les mains retenant ma tête que je regarde mon imprimante d'un œil mauvais, en attendant désespérément qu'elle se décide à fonctionner. Vingt minutes se sont écoulées, avant qu'Emilya n'entre dans ma chambre perplexe en ne me voyant pas bouger.

- Tu as besoin d'aide ? me demande-t-elle en retirant son manteau.

- Je crois qu'elle est en panne, dis-je en lâchant ma tête pour pointer du doigt l'imprimante.

Elle pose son sac sur mon lit et s'approche de l'imprimante afin de regarder.

- Sans feuilles, c'est sûr, dit-elle amusé en ouvrant le premier tiroir du bureau pour sortir un bloc de feuilles.

Emilya appuie sur un bouton pour l'allumer, mais ça ne fonctionne pas. Elle me demande de décaler ma chaise pour regarder sous le bureau, ressort avec la prise en main et s'empresse de la brancher. Elle lâche un ricanement discret et je me sens affreusement ridicule.

- Merci.

- Tu mets la feuille que tu veux photocopier au-dessus, m'explique-t-elle en exécutant ses instructions en même temps, puis tu appuies ici pour imprimer recto-verso.

- Merci, je répète.

Elle me fait un sourire forcé et je tente d'engager la conversation.

- Ça a été ce matin ? je demande en faisant allusion à son travail de l'après-midi à la supérette.

- Oui et toi à l'hôpital ?

- Comme d'habitude, dis-je en souriant nerveusement.

Emilya hoche la tête sans poser la moindre question et je lui en suis reconnaissante. Je n'ai plus besoin d'entendre des belles paroles pleines d'espoirs, ni celle pleine de certitudes. Les médecins pensent que j'ai besoin de temps. Ma mère est persuadée qu'il ne me faut que de l'aide.

Moi, j'ai arrêté de penser à ce qu'il me faut.

Elle repart dans sa chambre et durant l'heure qui suit je m'occupe en photocopiant les cours du blond, dont je ne connais même pas encore le nom. Pendant ce temps, je pense à l'étrange relation que nous entretenons avec Emilya. Par moments, j'ai l'impression qu'un lien se créer entre nous, du moins, jusqu'à ce qu'elle se renferme sur elle-même. J'aimerais faire disparaître ces tensions entre nous, sans vraiment savoir comment faire.

Je sursaute en entendant une sonnerie retentir, je cherche la source du bruit sans succès. Le silence retombe, je retire une autre feuille de l'imprimante pour la remplacer. Une seconde intonation raisonne et je me rends compte qu'il s'agit de mon portable. Je me lève pour le récupérer sur mon lit et j'appuie sur le cercle vert avant de le porter à mon oreille.

- Oui ? dis-je en sachant d'avance qui est de l'autre côté de l'appareil.

- Salut, répond Leo comme à son habitude, alors qu'est-ce que ça fait d'être à la pointe de la technologie ?

Je rigole en m'installant de nouveau sur ma chaise de bureau pour terminer ce que je faisais.

- Pour le moment, rien du tout.

C'est à son tour de rigoler, puis sa voix est étouffée par un bruit de fond.

- Je n'ai rien entendu, dis-je en collant encore plus le téléphone contre mon oreille.

- Il faut éviter de faire les courses le samedi, dit-il à voix haute comme s'il se dictait une note à retenir, je voulais te proposer de sortir ce soir.

- Je ne sais pas trop...

Je regarde les deux piles de feuilles sur mon bureau en pensant au retard que j'ai à rattraper. Cependant, j'ai promis à mes parents d'accepter son aide et la semaine a été longue.

EffacéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant