Zut

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Anatole joue maintenant H24 aux jeux vidéos. Ça lui fait passer le temps. Il a totalement abandonné la prépa et n'a pas fait de longues recherches sur ce qu'il pourrait faire l'année prochaine. En temps normal, ça l'aurait paniqué, mais depuis qu'il n'a plus envie de réfléchir sur l'avenir, il ne se préoccupe que du passé.

Toutefois, sa situation ne plaît pas à sa mère et son beau-père qui commencent à lui foutre beaucoup plus de pression que prévu.

— Qu'est-ce que tu vas faire Anatole ? demande sa mère à table.

Le brun relève la tête, sans savoir quoi répondre.

— Bosser ? tente-t-il.

Ce serait une solution, trouver de quoi rentabiliser cette année d'échec. En réalité, il n'a même pas essayé.

— Et tu bosserais où ? interroge son beau-père plus ou moins inquiet.

— Au McDo ? réplique-t-il sur un coup de tête.

Il tire une tronche pas terrible. Peut-être que ce n'était pas la bonne réponse à sa question.

— Tu peux nous demander de l'aide. Mais pour les études, on est sérieux, tu ne peux pas baisser les bras.

Il ne veut pas baisser les bras. Le truc, c'est qu'il n'en sait rien de ce qu'il veut devenir ou faire plus tard. À part se défoncer, vouloir se racheter et regretter, il n'a aucun projet.

— On peut payer une conseillère d'orientation, propose sa mère.

— J'ai Internet et je peux chercher, c'est bon maman.

Le jeune homme se sent pitoyable à table cette fois.

— Tu pourrais ressortir ton appareil photo et chercher une formation pour essayer d'être photographe, conseille Éric.

— Mon appareil photo ? Photographe ?

— T'aimais bien ça non ?

Anatole sourit tristement. Ouais, il aimait bien ça avant. En fait, il adorait ça avant de se rendre compte qu'il n'avait plus le temps. Puis, un jour, il avait brisé son réflex en soirée, ce qui lui donna l'impression d'avoir tout foiré. C'était le seul cadeau de son vrai père qui s'était barré.

— J'en ai un si tu veux, il était moins gros que le tien, mais tu pourrais t'amuser avec ? suggère son beau-père.

Le brun n'en revient pas. Ses parents lui conseillent de reprendre la photo, alors qu'ils ont toujours voulu faire de lui un sage élève scolaire. Il se souvient des soupirs de sa mère en entendant ses propos sur cette passion qu'il avait eu le temps d'aimer. Peut-être qu'ils se rendent compte aujourd'hui qu'il est réellement désespéré.

— J'ai arrêté. Et je crois que ça m'a dégoûté, avoue Anatole.

Et c'est vrai. Ce qu'il aimait photographié, plus jeune, c'était sa famille. La photographie lui rappelle qu'on peut préserver le passé dans un instant, mais qu'elle ne peut plus illustrer le présent. Alors, chercher à en faire son futur, c'est gros et risqué.

— Pense à ton avenir chéri, c'est pour ton bien, rappelle sa mère.

Son avenir ? Son bien ? Anatole finit son dessert et rit nerveusement.