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Ce soir, Anatole n'arrive pas à se supporter comme les autres jours. Il retombe de manière bancale dans la spirale du ressentiment. Il a honte d'avoir été cette personne abominable, la rancœur emplissant chaque parcelle de lui.

— Putain !

Il a le cœur en sang. Tout bat trop vite. Et puis il a envie de fumer, ça fait deux semaines qu'il ne fait plus rien à part se rouler des clopes et les tenir éteintes entre ses lèvres. Le brun a tendance à oublier ce que ça fait de trembler de manque, de mourir de l'intérieur et de ne plus savoir comment en sortir.

Ça allait mieux pourtant récemment. Mais tout ne va pas toujours bien dans le meilleur des mondes.

Alors il se lève subitement. Le brun aimerait frapper ce miroir qu'il a dans cette chambre. La briser en mille morceaux et sentir le sang couler de ses jointures. Il a envie de se faire mal, d'un coup, autant qu'il a fait mal. Mais c'est autodestructeur et il s'est promis de ne plus faire d'erreurs.

Il relit le message d'Angèle.

Anatole ne sait pas pourquoi ça l'affecte toujours autant, pourquoi ça le fracasse tant. Il le relit à voix haute. Puis avec un élan de dégoût, il ferme les yeux pour se concentrer sur les murs et ses quatre photos.

Son souffle se calme petit à petit. Quelqu'un toque à la porte, il ouvre. Sa mère.

— Quelque chose ne va pas ? demande-t-elle en le dévisageant.

Anatole ne sait pas s'il veut mêler sa famille à cette descente en enfer soudaine.

— Oh... Anatole.

Il sent de la surprise et de la compassion dans son regard lorsqu'elle voit des larmes incontrôlables couler. Il ne veut pas pleurer devant sa mère. Il n'a pas envie de craquer quand il est censé tout régler seul, la tête froide.

Sa mère lui offre un câlin, plein d'empathie, plein d'amour et de sincérité. C'est immuable l'amour qu'elle lui donne là, tout de suite. Il ne mérite pas ça, mais se laisse faire parce qu'il en a peut-être besoin. Et que c'est sa mère, et qu'il a peut-être ce droit-là, d'être aimé par quelqu'un qui lui a donné la vie.

L'Homme reste fragile. Et Anatole voit très bien maintenant que quelque chose est inhabituel, en lui.

ZutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant