12

4.5K 764 23
                                    


Le brun est paumé, sérieusement.

Pour Anatole, l'adolescence n'a pas été une épreuve difficile. Il s'est trouvé rapidement, intérieurement et extérieurement. Toujours extraverti, il est vite devenu attirant physiquement. Ensuite, il a bossé sur qui il a été, mais s'est toujours trouvé, quoi qu'il arrive.

Aujourd'hui, Anatole n'est plus un ado ordinaire. C'est un jeune adulte, encore plus paumé qu'un adolescent. Il est lambda. Et pourtant, toute sa vie, il a cru être spécial.

— Mon vieux, faut te faire bouger, affirme Isidore en entrant dans la chambre.

Des cannettes de bière traînent par terre et le blond se gamelle presque en trébuchant sur une des consoles du brun.

— Mec, ce soir j'ai mon appart' de libre, débute le blond.

L'interphone sonne, Anatole fronce les sourcils.

— C'est Alice, je lui ai dit de venir, informe Isi'.

Ses deux meilleurs amis dans sa chambre, exposés à son état grotesque. Super.

— Qu'est-ce qui passe Anatole ?

— Rien, répond-il en soupirant.

Il a pris du bide et sent mauvais. Sa dernière douche remonte à quoi ? Trois jours ? Isidore accueille Alice dans le taudis. La jeune femme fronce les sourcils, très contrariée.

— OK, c'est quoi ce bordel ?

— Je te l'avais dit, commente Isidore en grimaçant.

Anatole se sent comme une merde, confortable dans sa propre merde. Mood.

— Ce soir on bouge, va te doucher sinon...

— Sinon quoi ? demande enfin le brun.

— Sinon je jette ta console par la fenêtre. J'en suis capable, menace-t-elle.

Il met sa partie sur pause et se relève. Anatole sait que sa meilleure amie a pris son ton sérieux détestable.

— OK. Mais j'ai plus rien à fumer.

Isidore, l'air sévère, le dévisage :

— Qu'est-ce que t'as bon sang ?

Le brun pousse un ultime soupir. Ils ne peuvent pas le comprendre. Ça ne sert à rien, c'est son combat et ses défaites. Néanmoins, il souffle :

— J'ai juste envie d'arrêter le temps.

ZutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant