Je n'ai pas cessé de me poser les mêmes questions toute la journée, qui était ce garçon et pourquoi avait-il tant d'amis ? J'ai dû supporter les vibrations de son téléphone toute la journée et ce qui me frustrait le plus c'était de ne pas pouvoir accéder aux réglages pour les désactiver lorsque de le portable est en silencieux. J'ai espéré avoir des nouvelles, que mon numéro s'affiche enfin sur l'écran mais rien. Toujours les mêmes appels, les mêmes messages et les mêmes notifications. Je me suis sentie comme libérée d'un poids lorsque je l'ai balancé sur mon lit, je ne voulais plus de ça avec moi.
Je m'étais assoupie dans le canapé lorsque ma mère passa le pas de la porte avec mon petit frère qui se rua sur moi juste pour le plaisir de me réveiller. Je me sentais vaseuse et perdue au point de ne pas être sûre de l'heure ni du jour ou voire même de l'année. Je n'aimais pas cette sensation après une sieste, on a l'impression d'avoir fait un bon dans le temps ou qu'on a été cryogénisé pendant vingt siècles. La tête de mon frère était presque collée à la mienne et ses joues étaient rouge écarlate, je devinai qu'il avait dû en faire baver à ma mère sur le retour. Il finit par s'éclipser et je me redressai pour éteindre la télé et finir mes devoirs pendant que ma mère préparait le dîner.
-Regarde ton téléphone il vibre tout le temps !!! S'écria mon frère en déboulant à nouveau comme une fusée dans le salon le téléphone dans la main.
-Ouais je sais. Soufflai-je.
-En plus c'est ton numéro qui appel !!
-Fait voir ! Dis-je en lui prenant le téléphone des mains.Oui il avait raison c'était bien mon numéro et au vu des appels manqués, ça faisait bien une heure qu'il tentait de me joindre. Le portable se remit à vibrer entre mes mains et je décrochai automatiquement sans vraiment savoir ce que j'allais pouvoir dire.
-Euh... allô ? Débutai-je, hésitante.
-Salut euh... bonsoir.
-Bonsoir...
-J'imagine qu'il faut qu'on se mette d'accord sur un rendez-vous.
-Pourquoi ?
-Eh bien... J'aimerai beaucoup récupérer mon téléphone.
-Ah oui, oui bien sûr !
-Ce soir c'est possible ? Je pars très bientôt et il me le faut au plus tôt.
-Je vais faire en sorte de me libérer.
-Je dois aller manger avec des amis, on peut se rejoindre après ? Y a un café très bon près du London Eye, j'aimerai vous remercier pour le taxi.
-J'imagine que c'est faisable, on dit quelle heure ?
-21h ?
-Très bien. À tout à l'heure.
-À tout à l'heure.Eh ben c'était pas si terrible.
-Comment tu connais mon numéro toi ? Me rappelai-je soudainement en regardant mon frère.
-Maman m'a dit d'apprendre vos numéros par cœur au cas où j'ai un problème.Ceci expliquait cela, mais il fallait que j'arrive à convaincre ma mère de me laisser sortir après manger, un soir de semaine pour rejoindre un parfait inconnu. Je finis par me dire que lui demander une telle chose était aussi stupide que d'y penser mais il fallait que je récupère mon portable. J'allais attendre le dîner, c'est un moment calme en général je pourrai sûrement l'amadouer.
Le repas était finit depuis quinze minutes et je n'avais pas eu le courage d'ouvrir la bouche une seule fois. Maintenant que ma mère s'était enfermée dans le bureau pour avancer sur un projet, je ne pouvais plus la déranger. Lorsqu'elle a le nez dans le travail, elle se transforme en monstre irritable en deux secondes, je ne préférai pas tenter le diable. Seulement j'avais donné mon accord pour vingt-et-une heures, je ne pouvais me défiler, d'autant plus que je n'avais toujours pas le code de ce foutu téléphone pour rappeler mon numéro. Puis une idée me vint, j'allais faire le mur. Je demandai à mon petit frère de surveiller maman le temps que je sorte et surtout de l'empêcher d'entrer dans ma chambre. Je me faufilai discrètement dans le salon et sorti par la porte d'entrée. À première vue, sortir par la porte d'entrée ce n'est pas ce qu'on appelle faire le mur mais je n'avais pas spécialement envie de me briser les jambes en sautant par la fenêtre de ma chambre.
Heureusement je n'étais pas très loin du centre de Londres et arrivai pile à l'heure au café proche du London Eye où je reconnu immédiatement le garçon du taxi, qui, à son tour, me reconnu plutôt vite. Les mains ancrées au fin fond de ses poches et un sourire gêné collé au visage, il s'approcha de moi et sortit sa main droite de sa poche pour la tendre dans ma direction. Je le regardai incrédule et déposai son portable dans sa main, pensant que c'est ce qu'il réclamait jusqu'à ce qu'il se mette légèrement à rire.
-Merci, mais je voulais simplement qu'on se serre la main.
-Oh mon dieu, désolée ! Dis-je en attrapant sa main.
-Je m'appelle Thomas.
-Sibylle.
-Je peux t'in euh... vous inviter à boire un café ? C'est pour vous remercier pour la dernière fois.
-D'accord oui, mais je ne peux pas rester longtemps.
-Très bien. Acquiesça-t-il d'un léger sourire.Thomas choisit une table plutôt en retrait du reste de la foule et fit glisser mon téléphone sur cette table. Je pense qu'un immense sourire béat dû s'afficher sur mon visage car je crus reconnaître un rire de sa part. Je ne peux pas dire que je sois une accro du téléphone mais j'admets être matérialiste. Je tiens à mes affaires comme je pourrai tenir à mon chien, bien que je n'ai pas en réalité. Ma vie n'est pas dans ce portable mes quelques souvenirs y sont tout de même conservés et cela m'aurait très fortement ennuyée de les perdre. Il faudra que je pense faire une sauvegarde de tout ça en rentrant. Thomas et moi nous nous regardions sans trop savoir quoi dire, il tapait timidement ses doigts sur la table et de mon côté, je tournai et retournai mon portable dans tous les sens en tentant de fuir son regard. Je ne suis pas spécialement à l'aise avec les gens, c'est même dur pour moi de regarder les propres membres de ma famille dans les yeux. Mais pour une courte petite seconde, la serveuse vint briser le silence qui s'était établi entre nous pour nous servir nos boissons avant que le téléphone de Thomas ne se mette à sonner.
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Linked - Tom Holland
RomanceMon père m'a toujours dit " un brouillon pour mieux recommencer, une rupture pour mieux aimer, se réveiller pour ne plus rêver. " Ma mère n'a jamais réellement compris la philosophie de mon père mais des brouillons on en a jeté des tas. Des rupture...