Linked - Tom Holland

Septième Esquisse

       Il devait être dix heures environs, Tom m'avait traîné dans un des petits bistrots du coin pour prendre un petit déjeuner mais j'étais bien trop paniquée pour avaler quoi que ce soit. Je ne me rappelais d'absolument pas de la nuit dernière, je ne me souviens même pas avoir vu Tom en rentrant chez moi. Il était assis face à moi, avalant quelques gorgées de son café noir en ne me lâchant pas du regard. Je n'arrêtais pas de fixer ma montre et de passer mes mains sur mon visage nerveusement. Tom agrippa soudainement mes poignets et me fit poser les mains sur la table.

-Bon, calme toi. Dit-il durement.
-Tom, tu comprends pas ! On est à Brighton ! Je suis littéralement en train de sécher les cours, j'ai pas de changes et j'ai pas mon portable. Mon sac est resté chez moi mon père va me tuer !
-C'est bon relax, t'as jamais séché les cours ?
-Bien sûr que si, mais là on est à trois heures de chez moi et je ne me souviens de rien !
-Je suis venu te voir hier soir, on est allé boire un verre pour discuter un peu. Tu m'as parlé de ta famille puis t'as enchaîné les verres et tu m'as supplié d'aller à Brighton. J'avais prit qu'un verre alors j'ai roulé jusqu'ici, on a fait la tournée des barres. On était pas mal amoché alors on a prit une chambre d'hôtel et tu t'es endormie comme une masse.
-C'est pas vrai. Soufflai-je en passant une énième fois mes mains sur mon visage. Si ma mère nous croise, je suis morte.

       Il me fit un léger sourire et avala une gorgée de café.

-Allez, mange un peu.
-Qu'est-ce que je t'ai raconté sur ma famille ? Me souvins-je.
-À peu près tout ce qu'il y a savoir.
-T'es bien le premier au courant.

       Je soufflai un fois encore en me résignant à avaler le petit déjeuner que Tom m'avait commandé puis nous sommes retournés à l'hôtel pour dormir un peu plus. C'est vrai que je ressentais lourdement les effets de la courte nuit que nous avions passé bien que je n'en avait aucun souvenir. Ce qui est fait est fait, si je dois me faire tuer par mon père en rentrant alors tel est mon destin. Peut-être que cette journée ici me ferait du bien, loin de la pression londonienne et du brouhaha. Juste la mer, Tom et moi.

-Il faudra que je te rembourse la chambre d'hôtel. Lui dis-je soudainement.
-Honnêtement, je suis pas sûr que tu aies les moyens de me rembourser. Rit-il.
-À ce point ?
-T'as pas vu dans quel hôtel on était ?
-Avec tout ces événements j'ai pas fait attention non.
-Considère que c'est pour la fois où j'ai dormi chez toi.

       Après notre petite sieste, Tom et moi avons réuni le peu d'affaires que nous avions avec nous avant de descendre pour rendre les clefs de la chambre au réceptionniste. Tom me proposa de faire un tour en ville, les fêtes approchant à grand pas, Brighton proposait tout un tas d'activités relatives à Noël.

-Dean va sans doute flipper de pas te voir aujourd'hui. Me taquina Tom.
-J'ai pas dû t'en parler hier donc. Conclus-je.
-Me parler de quoi ?
-J'ai rompu avec lui quelques minutes avant que tu arrives.
-Vraiment ? Dit-il avec surprise.
-Oui.
-Cette rupture... elle a quelque chose à voir avec moi ?

Oui.

-Pourquoi tu dis ça. Ris-je faussement.
-Je suis souvent à Londres, j'ai pas envie qu'il me casse la gueule. Rit-il à son tour.
-J'imagine que tu sais te défendre.

       Il me sourit de toutes ses dents et attrapa ma main. Il marchait devant moi, toujours sa main ancrée dans la mienne et je le regardais sans cligner des yeux. Si depuis le début ça ne fonctionne pas avec Dean c'est bien parce que Tom est là. Il étrange par moment, je n'arrive pas vraiment à le discerner mais il est entré dans ma vie au moment où j'en avais le plus besoin et c'est certainement pour ça que je m'étais beaucoup attaché à lui. Je sais qu'il a encore beaucoup de secrets, sa vie entière n'est qu'un amas de mystères pour moi et pourtant ça me convenait. J'avais l'impression qu'on était lié. Il apparaissait et disparaissait toujours au bon moment.

       À la tombée de la nuit, vers dix-sept heures, Tom me proposa de rentrer, la route était longue et il fallait que je sois à l'appartement avant mon père. En espérant qu'il n'avait pas finit plus tôt. Cette journée avait été super et il avait réussi à me vider la tête, il avait raison, c'était le moment de rentrer. Nous marchions calmement vers sa voiture, nos mains dans nos poches, frigorifiés par le froid. Le vent se levait un plus de minute en minute et les vagues entamaient leur concerto en venant s'échouer sur la plage. Tel un gentleman, Tom m'ouvrit la portière avant de s'installer à son tour. C'était son habitude. Il monta le chauffage à son maximum et démarra aussitôt. La voiture était gelée et mit plusieurs minutes avant de réchauffer l'habitacle. La première heure de trajet fut silencieuse. Tom s'était arrêté pour prendre des plats à emporter pour que nous puissions manger sur le trajet et était reparti de plus belle. Nos manteaux gisaient sur la banquette arrière pendant que nous picorions. Je tenais la barquette de frites d'une main pour que Tom puisse se servir et mangeais mon burger de l'autre. La musique n'était pas très forte, le son du moteur l'emportait accentuant le silence entre Tom et moi. Pendant la deuxième heure de route, je m'étais vaguement assoupie éreintée par cette journée de marche et le copieux dîner que j'avais avalé. Tom avait monté la musique un peu plus fort pour atténuer le son du moteur et entendre quelque chose d'un peu plus agréable. Sa main s'était glissée sur ma cuisse pendant mon sommeil sans que je m'en rende compte et il ne la retira que lorsqu'il se gara devant mon immeuble. Je m'étirais de tout mon long alors que Tom attrapait nos affaires à l'arrière. Il n'y avait pas de lumière dans l'appartement, David devait être chez son copain attendant que notre père aille le chercher et ça me rassurait. Seul le lycée serait au courant de mon absence et je pense pouvoir régler ça. Tom fit le tour pour m'ouvrir une fois encore la portière pour que je puisse sortir de la voiture. Je lui fis un mince sourire de remerciement avant de rentrer chez moi. Mais avant de passer le porte de l'immeuble, il attrapa mon bras et me tira contre lui. Ses mains se posèrent sur mes hanches et ses lèvres sur les miennes. Il me serrait un peu plus contre lui chaque seconde m'embrassant plus passionnément puis il déposa un dernier baiser sur ma bouche avant de défaire son étreinte. Il est remonté dans sa voiture et est parti. Je touchai bêtement mes lèvres en repensant à ce qu'il venait de se passer. Il savait pourquoi j'avais rompu avec Dean.