Linked - Tom Holland

Neuvième Brouillon

Les fêtes de fin d'année font un bruit monstre, créent un engouement presque unique chaque année mais passent aussi vite qu'un battement de cils. Je n'ai pas spécialement eu l'impression d'avoir vécu ses célébrations ni même que les gens étaient complètement dedans cette année, j'ai ressenti une espèce de routine ses dernières années, comme une besogne plus qu'un plaisir. Noël a été très compliqué cette année, ma mère a absolument voulu nous avoir et mon père aussi et n'ont pas réussi à se mettre d'accord, nous avons fini par passer les fêtes chez nos grands parents. A notre retour, mon père semblait tendu et surtout désemparé, le lendemain du réveillon du jour de l'an, il reçu un lettre demandant la garde définitive de mon petit frère David. La procédure était déjà lancée et ma mère était sûre de gagner puisque mon père n'est quasiment jamais à la maison. Je ne sais pas ce qui lui prend mais je crois que son but est de faire plus de mal qu'elle ne souffre. Simon n'a pas donné de nouvelles après Noël, je n'ai pas eu de message de bonne année ou quoi que ce soit d'autre. Il est comme ça alors je ne me formalise pas, cependant, Tom... n'a pas donné signe de vie depuis qu'il m'a rejoins au centre commercial. Je lui ai envoyé un message mais sans aucune réponse de sa part. Je ne sais pas trop à quoi il joue ni pourquoi il ne m'a pas répondu et je commence tout de même à m'inquiéter. Il a vu le message, mais a décidé de ne pas donner suite. Ça m'a travaillé un moment puis j'ai fini par lui en vouloir et maintenant j'ai presque plus rien à faire, du moins c'est ce que je croyais. Si réellement j'en avais rien à faire je n'en parlerai plus, mais tout est prétexte à mettre le sujet sur la table. Demain, mon père doit se rendre au tribunal pour le jugement. David n'a pas envie de vivre seul avec ma mère et je crois qu'elle ne mesure pas l'ampleur de la situation. Ce gamin est balloté il change trop de fois d'école dans un lapse de temps trop court, j'ai peur qu'il finisse par se mettre en échec scolaire parce qu'il ne supporte pas la situation de nos parents. J'aurai aimé que Simon viennent nous voir pour en parler, il aurait pu conseiller papa. Si maman n'était pas si têtue il aurait pu lui parler à elle aussi. Cependant mon père n'a pas envie d'envenimer les choses et préfère le faire à la façon de ma mère en allant dans son sens.

-Papa, tu ne vas quand même pas là laisser faire. Pourquoi elle réclame la garde de David du jour au lendemain ?
-Ca stresserait ton frère qu'on se batte, si elle y tient tant que ça alors je ne m'y opposerai pas.
-David va être tout seul, elle travaille autant que toi !
-Il va retrouver ses copains à Brighton.
-Papa ..
-Sibylle, j'ai conscience que tu aimes ton frère et que tu t'inquiètes et moi aussi, je ne dors pas depuis que j'ai reçu cette foutue lettre mais il faut trouver un terrain d'entente.
-Et si elle craquait ? Si elle balançait toute la vérité à David parce qu'elle est en colère ou pour n'importe qu'elle autre raison ?
-Elle ne ferait pas ça.
-T'en es sûr ?
-...
-Souvient toi de ce qu'elle a fait à Simon.
-Je ne peux pas faire sa à ton petit frère.
-Négocie au moins une garde alternée.
-Je verrais.

Face à un mur on ne peut rien faire. Mon père n'a jamais été du genre à se battre dès qu'il rencontre un obstacle. J'imaginai que pour David ce serait différent, à priori j'ai eu tort. Mais comme il le dit si souvient, des brouillons on en jette des tas. Je n'aurai jamais cru qu'il appliquerait ça à ses propres enfants.

Le lendemain, tôt le matin, mon père et mon frère sont partis de l'appartement pour être à l'heure au tribunal. La présence de mon petit frère était requise car même s'il est trop jeune pour pouvoir décider avec qui il voulait vivre, le juge pouvait au moins prendre en compte son opinion sur la question. Il ne comprenait pas tout ce qui se tramait autour de lui et au réveille je l'avais entendu poser tout un tas de questions à notre père qui ne prit pas la peine de répondre. J'étais beaucoup trop anxieuse pour dormir, j'espérais de tout cœur que le juge laisse la garde à mon père, je priais pour qu'il lui laisse David.

Malgré la lourde angoisse qui me rongeait, je me suis rendormie vers dix heures pour me réveiller vers quatorze heures. Les deux hommes de ma vie n'étaient toujours pas rentrés et j'espérais que tout allait bien. En attendant leur retour, j'avais entrepris de faire un brin de ménage pour m'occuper l'esprit et me surpris même faire la cuisine bien que je déteste ça. Tout était prétexte à calmer mes angoisses et à taire mon esprit de toutes pensées inutiles et alarmantes. Ce qui me tint le plus occupée fut le message de mon grand frère en milieu d'après midi qui, vraisemblablement, était enclin à discuter un petit peu. La conversation ne dura pas plus de trente minutes mais c'était trente minutes durant lesquelles Simon avait réussi à me faire rire aux larmes. Bien qu'étant très impressionnant et même effrayant, s'il y a quelque chose qu'on ne pouvait lui retirer c'était son incroyable sens de l'humour. Dommage qu'il ne l'utilise que rarement. La discussion prit fin d'un coup lorsqu'il prétexta une double coup de fil important et raccrocha dans la seconde sans que je puisse lui dire au revoir. J'ai regardé mon telephone quelques secondes avant de souffler et d'allumer la télé. Je tournais en rond dans l'appartement comme une âme en peine, un rien m'ennuyait et ça m'agaçait. Il était bientôt seize heures et je me demandais ce qui pouvait leur prendre autant de temps. De plus, les programmes télé dans l'après midi sont d'un ennui, surtout pendant les vacances de Noël. Après de nombreuses minutes de zapping, je finis par laisser la chaîne people, les petits traquas de célébrités sont parfois drôle à regarder. La télé n'étais la qu'en bruit de fond pendant que je jouais sur mon téléphone. Cependant, lorsque l'animatrice énuméra les derniers gossips de stars, une photo énorme de Tom s'afficha sur mon écran alors qu'elle donnait les titres de films dans lesquels il allait bientôt apparaître.

-C'est quoi cette connerie ?! M'étouffai-je.