7.

1.3K 27 22
                                    

À l'instant exact où Antoine songeait à reposer sa main sur la joue de Candice, le téléphone de cette dernière sonna. Elle le sortit de son sac et lut sur l'écran le nom de « David ». Un petit frisson de peur la parcourut rapidement. Avec l'enquête, Antoine... elle avait presque oublié son « compagnon »... et ses bleus. Elle regarda Antoine et l'interrogea silencieusement : devait-elle répondre ? Ou l'ignorer ?
« Candice, décroche... souffla Antoine. Je suis là... »
Cette dernière phrase eut un effet magique sur Candice, qui se sentit immédiatement apaisée et rassurée. C'est vrai, que pouvait-il lui arriver avec Antoine à ses côtés ?
« Oui, David ? prononça-t-elle en décrochant.
- Ah bah quand même ! Je suis déçu que ce soit moi qui doive t'appeler le premier, Candice. Je m'attendais à recevoir des nouvelles de ta part sans avoir à faire la démarche de te demander.
- Tu sais, avec cette enquête, on est très occupés et on a presque pas de temps pour nous...
- Mm, je vois. Dis, j'aimerais qu'on reparle de ce qui s'est passé la veille de ton départ. Écoute... c'est inadmissible. »
Candice jeta un regard stupéfait à Antoine. David reconnaissait que son geste était « inadmissible », il allait peut-être même s'excuser, lui dire qu'il l'aimait, qu'il avait besoin d'elle, qu'il changerait...
« Oui, continua David, « inadmissible », c'est le mot. Tu te rends compte de ce que tu as fait Candice ? Tu m'as repoussé. Nous sommes un couple, et la base d'un couple, c'est le sexe. Quand je veux coucher avec toi, tu n'as pas le droit de refuser, ni de me repousser comme tu l'as fait. Je fais ce que je veux avec toi, tu es ma petite-amie. J'espère que tu as pris conscience que ton geste était grave, et qu'il y aura des conséquences quand tu rentreras. Sur ce, je te laisse travailler. Ah oui, et n'oublie pas de dire à l'autre enflure de Dumas qu'il n'a pas intérêt à profiter du fait que je ne sois pas là pour te mater encore plus. »
David raccrocha sans laisser le temps à Candice de bien se rendre compte de ce qui venait de se passer. Après quelques secondes de stupéfaction totale, ce fut Antoine qui réagit le premier.
« Non mais attend, c'est une blague ? Il est pas sérieux là ? Candice, c'est un jeu entre vous ? »
Candice leva les yeux pour le regarder, et Antoine fut frappé par la tristesse présente à l'intérieur.
« J'arrive pas à y croire... continua-t-il. Il faut le foutre en prison ou en asile, il est complètement taré ! Tu as enregistré la conversation ? Avec ça, on peut directement porter plainte. Si en plus on montre tes bleus... On peut le faire payer, Candice. Candice ? Oh, Candice... »
Sans se poser la question, il enveloppa Candice de ses bras musclés, puis essuya ses larmes de son pouce.
« Candice, lui souffla-t-il à l'oreille, je te promet que je vais te tirer de ce cauchemar. Je te lâcherais pas... »
Une nouvelle fois, Candice leva ses yeux remplis de larmes et de douleur vers Antoine.
« Merci, Antoine... chuchota-t-elle. »
Et elle déposa un baiser, très léger, au coin des lèvres d'Antoine.

Les papillons dans le ventre d'Antoine se remirent à virevolter dans tous les sens, comme à chaque fois qu'il était proche de Candice. Ce baiser, léger, trop léger... Il en voulait plus, bien plus... Mais cela aurait été bien trop déplacé d'embrasser Candice dans ces circonstances, même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Antoine restait choqué de l'attitude de David. Il savait qu'il devait faire quelque chose pour sortir Candice de cette situation...
Ils restèrent enlacés pendant encore un bon quart d'heure. Ils ne parlaient pas, nul besoin...
Durant le trajet pour retourner au commissariat, Candice n'avait prononcé aucune parole. Elle avait ce même air perdu et triste depuis qu'elle avait raccroché.
« Ah, Renoir, fit Paul Fevre en accourant vers elle, mes lieutenants ont convoqués les amis de Loïc Charretier. Charlotte Martel, Anna Moreno et Hugo Clark vous attendent pour être interrogés. »
Candice hocha la tête et le frôla pour se diriger sans attendre vers la salle d'interrogatoire. Fevre la suivit du regard, étonné.
« Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il à l'intention d'Antoine.
- Euh... la fatigue sûrement... bégaya Antoine avant de rejoindre Candice. »

Candice arriva devant la salle d'interrogatoire, où les trois jeunes, assis, l'attendaient. Dès qu'ils la virent, Anna et Hugo se levèrent. Charlotte resta assise, l'air perdu.
« S'il vous plaît, commença Anna en s'adressant à Candice, est-ce que je peux être interrogée avec Charlotte ? Je ne veux pas la laisser toute seule, je la connais, elle est sur le point de s'effondrer.
- Cela ne devrait pas poser de problèmes... Tu es Anna, je suppose ?
- Oui, c'est ça. Et voici Hugo, dit-elle en désignant le garçon à sa droite.
- Oui, je sais. Bon, Hugo, c'est mon collègue qui va t'interroger. Moi, je vais m'occuper de toi et ton amie, dit-elle à Anna. Rentrez et asseyez-vous, j'arrive dans deux minutes. »
Anna se dirigea vers Charlotte et lui tendit la main pour l'aider à se lever. Sans se lâcher la main, elles entrèrent dans la salle et s'installèrent sur les chaises.
Candice partit chercher le dossier de l'affaire, et en revenant, elle informa Antoine qu'il allait devoir se charger seul de l'interrogatoire d'Hugo Klark.
« Aucun soucis, lui répondit Antoine. Candice, ça va aller ?
- Ne t'en fais pas. À tout à l'heure, Antoine... »
Sans lui laisser le temps de s'inquiéter davantage, Candice le quitta et se dirigea vers la salle d'interrogatoire. Elle devait oublier ses problèmes pour se concentrer sur cette affaire.
En entrant, elle remarqua que Charlotte avait toujours le regard vide et triste, comme quelques minutes auparavant. Candice comprit qu'elle allait devoir être patiente et y aller doucement, car brusquer cette jeune fille ne l'amènerait à rien.
« Bonjour, enfin re-Bonjour, commença-t-elle en souriant légèrement. Je suis le commandant Renoir. Je suis ici pour vous poser quelques questions sur Loic Charretier. Quels genres de relations entreteniez-vous avec lui ?
- Pour moi, c'était mon meilleur ami, débuta Anna. Nous nous connaissions seulement depuis le début de l'année mais très vite nous nous sommes rapprochés. J'avais beaucoup de points communs avec lui : le principal était que nous avions tous les deux des drôles de familles.
- Je vois... et toi, Charlotte ?
- J'aimais Loïc et il m'aimait... qu'est-ce que je peux dire de plus ? C'est vrai que notre relation était complexe, je ne voulais pas vraiment me mettre en couple officiellement à cause... d'un ex, mais j'étais amoureuse de Loïc, et il le savait, et lui aussi était amoureux de moi.
- Cet ex, c'était Alexandre Piazzo, n'est-ce pas ?
- Comment vous savez ? demanda Charlotte, surprise.
- Je l'ai interrogé ce matin.
- Pourquoi, c'est un suspect ?
- Je n'ai pas le droit d'en révéler davantage... »
Charlotte se tourna vers Anna, décontenancée. Anna baissa les yeux.
« Je ne te l'ai pas dit car j'ai pensé que cela aurait fait trop d'un coup pour toi... chuchota-t-elle.
- Mais comment tu es au courant ? lui demanda Candice, stupéfaite.
- Mon oncle me l'a dit. Il a été embarqué au commissariat parce qu'il avait « agressé » une flic, et il l'a croisé. J'habite chez mon oncle et sa femme, car ma mère est morte il y a trois ans, et mon père s'est barré à l'autre bout du monde avec une pouffiasse de vingt ans de moins que lui.
- Juste par hasard, ton oncle, il n'est pas professeur au lycée ?
- Si, c'est même lui qui a découvert le corps de Loïc le matin. Comment vous savez ?
- La flic qu'il a agressée, c'était moi.
- Ah bon ? Oh, il me fait honte ! Mais vous savez, il n'est pas comme ça d'habitude. Là, avec tout ce qu'il se passe, il doit être stressé...
- Oui... Mais revenons à l'enquête. Dix minutes avant le meurtre, Loïc est sorti dehors. Pourquoi vous ne l'avez pas suivi ?
- Bah, on est pas non plus tout le temps collées à lui ! s'exclama Anna.
- On était... chuchota Charlotte.
- Oui, enfin... Je ne sais pas ce qu'il faisait dehors, ils devait sûrement fumer.
- Vous ne fumez pas, vous ?
- Ma mère est morte d'un cancer du rein, provoqué par la cigarette. Charlotte et moi, on s'est jurées qu'on ne fumerait jamais.
- Je suis désolée... dit Candice. » Après une pause de quelques secondes, elle reprit :
« Et Hugo, ou était-il ?
- Dans la salle, je crois l'avoir aperçu près des boissons, dit Anna.
- Et... quand vous avez entendu le coup de feu, vous ne vous êtes pas demandé ce que c'était ? D'où il venait ?
- Si, bien sûr ! Charlotte et moi, avec d'autres personnes, on est sorties dehors voir ce qu'il se passait mais nous n'avons rien vu... »
La porte s'ouvra soudain, laissant apparaître le visage du commandant Fevre :
« Renoir, je peux vous parler, s'il vous plait ? »


•••


Chapitre 7 terminé! Qu'en avez-vous pensé ? J'attend vos avis☺️
La suite arrivera dans quelques jours, comme d'habitude.
À bientôt!❤️

What about us ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant