Je crois qu'au fond, tout le monde se demande qui il est et que, à moins d'être un sage ou quelqu'un de particulièrement arrogant, personne ne peut penser être capable de répondre avec exactitude à cette vaste question. Car chaque être est rempli de secrets, qu'il réserve aux autres ou à lui-même. Chacun se découvre un peu plus à chaque tour qu'effectuent les aiguilles sur le cadran, à chaque respiration. Mais surtout, chacun se découvre un peu plus à chaque larme, car c'est dans la douleur la plus profonde que l'on apprend le mieux qui l'on est réellement, j'en ai la profonde conviction. Les plus grands artistes, les Hommes les plus inspirés, ont toujours été les plus torturés.
Je ne prétends pas être l'un d'eux, loin de là. Cependant j'ai toujours eu ce désir d'apprendre qui j'étais à travers des mots qui auraient découlé de mes larmes. Si je l'ai fait des centaines, non, des milliers de fois, à travers des « il » ou « elle » trompeurs pour tous les esprits – et le mien le premier – je me trouve aujourd'hui le courage de le faire sous un « je ». Un « je » sans tabou, mis à nu par les coups de sang de la vie, par l'incertitude de survivre en ayant seulement quinze printemps, en étant confronté parfois violemment au monde et aux désillusions si nombreuses qu'il abrite. Ici, à travers ces lignes, ce « je » apprendra un peu plus à chaque mot qui il est réellement. Et je sais qu'une fois la dernière ligne de cet ouvrage – si tant est qu'on puisse réellement le nommer ainsi – achevée, il en aura plus appris sur lui-même qu'il n'a réussi à le faire depuis toujours.
Je vais me contenter d'explorer les tréfonds les plus noirs et les plus laids de ce que ma jeune âme peut abriter. Je vais apprendre ce qu'il y a de plus fragile en moi, en espérant que je pourrai en faire mes plus grandes forces. J'ai la ferme intention de grandir, et surtout de comprendre comment je grandis. Je ne sais encore ni comment, ni si cela me sera au final bénéfique, mais j'ai ce besoin presque vital de comprendre qui je suis. Alors je vais écrire, me tromper, me relever et me tromper encore. Mais lorsque la dernière page sera noircie, je sais que j'aurai au moins la satisfaction d'avoir accompli quelque chose. Quelque chose qui soit moins éphémère qu'un sourire ou une larme. Je veux graver tout cela dans un support immortel. Et quoi de mieux que les mots ? Ils seront ma meilleure arme pour décrypter comment la vie me ballote telle une brindille légère et insignifiante. Et lorsque je serai arrivée sur des berges inconnues où les bourrasques me laisseront reposer pour toujours, j'espère que j'aurai réussi à apprendre qui je suis.
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Seconde Peau
Non-FictionJ'ai toujours eu ce désir d'apprendre qui j'étais à travers des mots qui auraient découlé de mes larmes. Si je l'ai fait des centaines, non, des milliers de fois, à travers des « il » ou « elle » trompeurs pour tous les esprits - et le mien le premi...