Seconde Peau

Confiance

Avoir confiance en soi. On entend cela partout, et pourtant j'ai parfois l'impression qu'entre douze et vingt ans, ces mots ne peuvent être qu'une illusion bien lointaine et aussi belle qu'inaccessible. En même temps, comment ne pas faillir, comment garder la tête haute face à tous ces regards où le mot « jugement » est gravé en grand ? C'est difficile de se dire une fois, rien qu'une fois « je suis belle, j'en vaux le coup ». Il y a parfois des moments où ces choses-là me semblent stupide tant ce que je suis me déplaît.

Je suis sûre que chacun ressent cela quelque part, au fond. Et le grand jeu de la vie nous force à trouver des milliers de moyens plus insolites les uns que le autres pour le cacher aux autres. S'afficher en grand en photo sur tous les réseaux sociaux, s'en prendre aux plus faibles ou à soi-même dans le silence d'une grande chambre noire, et continuer de sourire dès que la lumière revient sur le monde. Chacun a sa technique pour se sentir mieux comme il le peut, pour se sentir vivant, tout simplement. Mais parfois je me demande : j'en veux à tous ces gens qui me jugent et me dévalorisent, mais ne suis-je pas exactement pareille ? N'ai-je jamais été méprisante, ne me suis-je jamais moquée d'un autre pour des raisons futiles ? Et lorsque l'on se rend compte que l'on est exactement comme tous ces autres que l'on blâme, on se sent encore plus mal, encore plus faible et noyé dans la masse. Alors les quatre petits mots écrits en étoiles scintillantes s'éloignent un peu plus du bout de nos doigts. Avoir confiance en soi. Je voudrais tant les effleurer rien qu'une fois pourtant...

Il y en a d'autres qui ne veulent pas affronter la réalité parce qu'elle est bien trop difficile à regarder droit dans les yeux - ces yeux qui ressemblent bien trop à ceux de tous nos amis parfois. Alors on boit, alors on fume, alors on se drogue, alors même on s'enferme dans une petite bulle opaque pour ne pas avoir à voir ce qui se trouve au-delà. Comme nous sommes faibles.

Je crois que c'est ça, être adolescent. C'est se torturer sans cesse l'esprit pour trouver son moyen à soi de se sentir mieux, parfois aux dépens des autres. Après tout, plus on sent qu'on a réussi à en piétiner, plus on sent qu'il y a des gens en dessous de nous, plus cela veut dire qu'on est haut, n'est-ce pas ? Les adultes nous disent sans cesse qu'ils aimeraient bien nous voir à leur place lorsque l'on ose leur faire des reproches, mais ont-ils oublié que l'enfer sur terre s'apparente curieusement à une cour de lycée ou de collège ? Ont-ils oublié comme c'est dur de subir tous les regards moqueurs à la moindre petite erreur, au moindre propos qui sortirait de la masse ? Ne savent-ils pas que pour survivre là où nous sommes, il vaut mieux être un mouton de panurge sous des airs de grand leader mirobolant que quelqu'un d'unique et de respectueux envers les autres ? Être adolescent, ça veut dire bouffer ou se faire bouffer. Et j'ai bien du mal à choisir mon camp...