Nous sommes tous les trois sous le choc de ce qu'il vient de se passer. Nous n'avons qu'une envie fuir de cet endroit avant que la chose ne revienne. Enfin, je meurs d'envie de fuir cet endroit. Contre toute attente Katy se relève d'elle même bien que l'effort lui arrache un hurlement de douleur. Je pense qu'elle s'est fait à la morsure pénétrante de sa blessure.
Maintenant qu'elle peut se déplacer seule nous échangeons un regard et elle comprend. Elle se rue aussi rapidement qu'elle peut vers la trousse de secours. Bien que je ne vois pas ce qu'a James du sang colle son t-shirt contre son dos donc pas besoin d'avoir fait dix ans d'études pour comprendre que "sang = plaie ouverte".
Sans attendre le retour de Katy je soulève le t-shirt de James et ce que je vois me coupe le souffle. Celui-ci gémit quand je soulève le tissu. Trois grandes griffures ensanglantées et profondes parcourent tout son dos depuis son épine scapulaire jusqu'à la terminaison de ses trapèzes dans le bas du dos.
- ça brûle Olivia ...
- Je sais, ne t'inquiètes pas ce n'est rien. Courage. On va bientôt sortir d'ici tu as ma parole.
James prend ma main entre la sienne et la serre fort, aussi fort que son désespoir le permet. Une larme coule du coin de son oeil gauche, alors je me rends compte que sa carapace s'est fissurée. Je sais ce qu'il pense dans ce enregistrement de moments mais il ne doit pas se laisser aller. Il faut qu'il garde la tête haute, je ne supporterais pas de le voir s'effondrer devant moi.
Je dois absolument lui occuper l'esprit et lui montrer qu'il n'est pas seul.
- James, il est hors de question que tu penses une seule seconde être un fardeau. Ce n'est pas de ta faute si nous sommes coincés ici et ce n'est pas de ta faute si tu t'es fait attaqué d'accord ? Tu n'es pas responsable de ce qui nous arrive.
- Si seulement ...
C'est le moment que choisit Katy pour se planter devant moi avec des yeux aussi gros que des balles de tennis. Nous nous échangeons un autre regard, c'est notre petit truc à nous quand nous voulons parler sans que les autres comprennent.
Katy pense comme moi, elle a peur que James fasse une crise.
Elle me tend la trousse de secours qui est pleine de bandages, d'un petit flacon de désinfectant, de pansements et de sparadrap. Je me saisit du désinfectant ainsi que des bandages et lui rend la trousse.
- Je te préviens, ça va piquer.
James se saisit de la main de Katy avant que je n'applique le produit sur sa peau meurtrie. Je l'entends retenir des gémissements de douleur. Les plaies sont vraiment profondes, nettes et droites comme si des griffes d'acier lui avaient lacérées le dos.
Les larmes menacent de me monter aux yeux devant ce spectacle. Jamais je n'aurais cru un seul instant qu'une de nos excursions tournerait aussi mal. à aucun moment je n'ai imaginé devoir panser les blessure de mon meilleur ami pendant mon autre aurait un bras invalide. C'est dans ce moment de désespoir que je me rends compte à quel point je les aime, à quel point ils sont importants pour moi et que sans eux je ne suis rien.
James, Katy et moi avons toujours étés ensemble depuis aussi loin que je me souvienne. Nous ne faisons qu'un. Je suis incapable d'imaginer ma vie sans eux.
Pendant que j'applique les bandages je sens que les épaules de James se tendent de plus en plus. Malgré la délicatesse dont je fais preuve. La douleur doit le ravager, lui qui s'évertue d'ordinaire à cacher ses pires cauchemars.
- Merci Oli.
James se retourne et dépose un baiser sur ma joue avant de me serrer dans ses bras. De peur de lui faire mal je ne lui rends pas son étreinte mais lui jette une regard plein de tout mon amour pour lui en espérant que cela suffise. Le sourire timide qu'il m'envoie me comble plus que je ne voudrais l'avouer.
Finalement il est temps de plier bagages et de déguerpir avant que la chose ne revienne. En fait, il est de déguerpir tout court car cet endroit va me rendre dingue. Je sens ma raison s'envoler un peu plus loin à chaque minute.
James est incapable de porter son sac, son dos le brûle trop alors nous le vidons et transférons l'essentiel dans le miens. Katy non plus n'a plus de sac depuis son accident.
- Bon, désormais tu es notre gardienne de bouffe, d'eau et de matos. Une sorte de déesse de suivi vivante donc interdiction de disparaitre d'accord ?
Katy lève dans ma direction un doigt accusateur qu'elle fait tourner en cercle, tentant d'être menaçante. Evidemment c'est un échec mais cela suffit à détendre l'atmosphère.
Je reprends la tête du groupe et entame l'ascension des escalier, déterminée à sortir de cet enfer.
Les marches craquent sous nos pas, si fort que j'ai peur que nous passions au travers. Chaque bruit réveille mes sens en alerte si bien que cette montée est l'étape la plus éprouvante que nous avons traversée jusqu'alors.
Pitié ... faites qu'on voit bientôt le bout du tunnel, je n'en peux plus de cet Asile.
Passé le premier étage je suis marquée par l'obscurité bien plus marquée qu'au rez-de-chaussé. On ne voit pas à six mètres devant soi.
- Putain ... faites attention où vous marchez on ne voit rien.
Bravo Olivia ! Tu enfonces des portes déjà bien ouvertes. Ton intervention était très utile !
Purée j'en suis arrivé au point où je parle toute seule et m'insulte dans ma tête. Argh bon sang.
J'avance sans réfléchir, perdue dans mon conflit personnel entre moi, moi et moi qui se battent dans leur connerie.
- Attention !
Katy me tire en arrière de son bras valide juste avant que je ne tombe dans un immense trou qui m'aurait fait chuter de trois mètres. Je vois le vide s'étendre sous mes pieds et la sensation de me prendre un poing en plein ventre m'envahi. Mon estomac fait un bond dans mon tronc et vient se retrouver dans ma gorge si bien que je vomis là, devant moi dans ce trou béant prêt à m'engloutir.
Katy me frotte le dos pour me montrer qu'elle est là. Elle sait que j'en ai besoin.
Toute la tension, la peur, la fatigue ainsi que le cocktail d'émotions violentes qui me hante depuis le début de cette soirée sort en même temps. Voilà un moyen comme un autre d'extérioriser le dégout que suscite cet endroit.
Quand je me redresse les larmes coulent sur mon visage, je ne me suis même pas rendue compte que je pleurais. Je m'essuie la bouche du revers de mon pull et James ainsi que Katy viennent m'entourer de leurs bras.
C'est plus fort que moi : je craque de plus belle.
Le flot de mes pleurs s'intensifient pendant que mes sanglots se font plus forts. Mes amis resserrent leur étreinte. La tristesse que je ressens, cette colère qui me consume, le sentiment d'injustice qui hurle en moi, une grande partie s'est évaporée avec mes relents gastriques mais une part reste ancrée à mes viscères, murmurant à mon oreille sans relâche et ça me rend folle.
- J'en peux plus ... Je n'y arrive pas ...
- Ne dis pas ça, on est avec toi ma belle. On ne te laissera pas, comme les trois mousquetaires tu te souviens ?
- Comme les trois mousquetaires ...
Katy me fait un bisou sur la joue avant de chantonner une chanson que nous adorions enfants quand l'une de nous allait mal.
"When I find myself in times of trouble, Mother Mary comes to me
Speaking words of wisdom, let it be
And in my hour of darkness she is standing right in front of me
Speaking words of wisdom, let it be
Let it be, let it be, let it be, let it be
Whisper words of wisdom, let it be"Let it be des Beatles. Un hymne à l'espoir que personne ne peux ignorer.
C'est donc avec ces paroles dans la tête que je me retourne pour chercher un autre chemin vers notre liberté.

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L'Asile
Mistério / SuspenseOlivia, Katy et James sont trois youtubeurs du paranormal. Connus dans le monde entier pour leurs aventures étranges et effrayantes ils sont en perpétuelle quête de nouveaux lieux à visiter. Lors d'une soirée ils entendent parler d'un ancien asile a...