Chapitre 10

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Mes pleurs se noient dans ma gorge gonflée par la tristesse. Ma raison s'éloigne doucement au loin. Le corps de Katy me nargue en bas des escaliers, me disant "je te l'avais dis : on va tous crever ici". Mais moi comme une idiote je lui ai donné l'espoir qu'on allait s'en sortir. Comme une idiote je nous ai plongé dans un cauchemars sans fin.

Au départ je suis celle qui a insisté pour venir, bien que l'endroit nous tentait la distance était un frein. Cependant je ne voulais pas abandonner l'idée d'explorer cet endroit. Voilà où nous en sommes.

La culpabilité me ronge comme de l'acide. La douleur dans mon coeur ne veut pas disparaitre. Je refuse de croire que Katy n'est plus là. Je ne peux pas. Et si elle était encore en vie ?

Je descends les marches dans un état second, presque en transe. Mes mains tremblent tellement que je n'arrive pas à attraper la rambarde et mes jambes menacent de me faire tomber à mon tour. Pourtant je tiens bon et j'arrive rapidement à coté de son corps.

Cherchant dans mes souvenirs de secourisme je place ma main sur son cou à la recherche d'un pouls, que je ne trouve pas. J'enfonce mes doigts plus profondément sur sa peau, peut-être qu'il est si faible qu'on ne le sent pas. J'appuie de plus en plus jusqu'à entendre un craquement qui une douleur fulgurante se propage dans mon index. Quand je le regarde de plus près un haut-le-coeur me fait vomir mes tripes.

L'articulation inter-phalangière proximale est à un angle de 45° sur la droite, anormal donc. Je viens de me déboiter le doigt. Dans un élan de panique je le prends et le tords dans l'autre sens, un autre craquement, un autre haut-le-coeur mais mon doigt est à sa place. Je n'arrive plus à le bouger mais ce n'est rien comparé à ce qui se trouve juste devant moi.

Mes mains courent sur la peau froide de Katy, sa tête est rouge de sang et plusieurs de ses membres sont tournés dans des angles étranges. La réalité me frappe une deuxième fois et c'est encore plus douloureux.

Les larmes coulent abondamment et mon coeur se fend de souffrance.

Je m'allonge alors à ses côtés, à la fois pour lui dire au revoir mais pour lui dire à quel point je l'aime. Katy a toujours été ma meilleure amie, ma meilleure confidente, ma deuxième moitié. Une part entière de moi vole en éclat et laisse un vide immense dans ma poitrine.

Je veux profiter de ce dernier moment avec elle. Je lui murmure notre chanson tout en sanglotant, mes doigts caressant son visage enfantin, se mêlant à ses cheveux et à son sang.

Comment la vie peut-elle être aussi injuste ? Katy ne méritait pas de mourir, pas comme ça, pas ici.

En cet instant plus rien ne peut me déranger, pas même la présence menaçante que je sens dans mon dos. Non. Rien ne m'empêchera de dire au revoir.

Après de longues minutes, des heures peut-être, je finis pas me redresser. Je dépose un léger baiser sur le front de mon amie et remonte les marches à la recherche de la sortie, quand soudain je me souviens. Je me souviens que je ne suis pas seule, James est quelque part à l'étage et je dois le retrouver.

Je me retourne une dernière fois sur ce petit corps en bas des escalier. Je pleure une dernière fois, essuie mes dernières larmes puis me remet en route pour sauver ma dernière moitié avant que je ne devienne folle à lier.

Je repasse sur les éclats de verre, devant la pièce où nous nous sommes cachés mais je ne vois rien. James n'est pas là. Je prends alors la direction qu'il a prise avant de disparaître de mon champ de vision. Pitié faites qu'il va bien.

J'avance avec ma lampe torche pour me guider, le plan du bâtiment dans l'autre main pour ne pas me perdre. Au bout de ce couloir il y a un autre escalier, peut-être l'a-t-il prit pour fuir ? Je ne sais pas et dans le doute je fouille les pièces que je croise à la recherche d'indices. C'est là que je vois une vieille boite poussiéreuse qui attire mon attention. Elle semble excessivement vieille pour être ici. Au fond de moi une voix me dit de poursuivre ma route mais quelque chose me pousse à découvrir son contenu. Comme si un aimant y était caché et qu'il m'appelait inlassablement.

Tout en moi me hurle de faire demi-tour mais j'en suis incapable. Au pire qu'est-ce que je risque ? J'ai déjà perdu beaucoup, la mort ne me fait pas peur.

J'avance alors le bras et soulève le couvercle. Une odeur de renfermée s'échappe de la boite et de la poussière vole partout autour de moi. J'éclaire le contenu avec ma lampe torche, des papiers et un vieux carnet en cuir. Voilà un trésor bien misérable.

- Tout ça pour ça ?

Je ne peux m'empêcher d'exprimer mon désarroi. Cette fois c'est le désespoir qui parle, je me saisis des papiers et lis les lignes mais rien de ben intéressant. Je fais plusieurs piles et rien de bien concluant. Alors j'ouvre le carnet et cette fois j'ai le souffle coupé. Sur la première page est écrit en lettres manuscrites et calligraphiées "Marie-Abbigail".

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