Chapitre 8

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L'obscurité nous entoure, calquant nos mouvements dans un moule imperceptible qui me donne la nausée.

Le premier étage est plus délabré que le rez-de-chaussée. Des matelas moisis traînent sur le sol, du verre cassé recouvre le parquet, des meubles éclatés servent d'unique décoration et les dessins accrochés sur les murs donnent la chaire de poule.

Quand on marche dans les couloirs de cet étage on a la ferme impression que quelque chose cloche. Cette sensation est accentuée par les grincements du bâtiment ainsi que le silence oppressant.

Cet étage contraste en tout avec ce que nous avons découvert jusqu'alors.

Ici on pourrait penser que l'Asile n'est pas hanté mais simplement vieux ce qui le rend encore plus dangereux.

Une seconde d'inattention et c'est la chute à l'étage du dessous. Un regard mal dirigé et on s'écorche avec un éclat de verre ou de bois. Tout pue la mort à plein nez et cette odeur me fait suffoquer.

Cependant malgré mon malaise je ne dois pas me laisser aller. James et Katy sont tous les deux blessés et ils ont besoin de quelqu'un pour devenir leur pilier, j'accepte ce rôle sans aucune hésitations. Alors je poursuis notre route en suivant les plans et priant pour que rien de bizarre n'arrive.

- C'est super calme vous ne trouvez pas ?

- Ne commence pas à dire des choses comme ça Katy. C'est toujours quand on pense une chose que le contraire arrive, en plus tu portes la poisse.

La remarque de James me fait rire dans ma barbe ce qui me vaut un regard noir de Katy.

- Je te demande pardon ?

- Tu te souviens à l'anniversaire d'Oli ? « Tiens la météo a menti, l'orage n'a pas éclaté » deux secondes après un tonnerre du feu de Dieu et une pluie si forte que le quartier s'est inondé.

- La météo l'avait prédit je n'ai fais que répéter ce qui était prévu.

- Ou encore à la soirée de Mika, « bon sang qu'est-ce-que ce gars peut bien trouver à cette garce (en parlant de Paula), ça y est elle a des formes et elle sait twerker et le monde est à ses pieds » puis une heure plus tard elle se casse la cheville en passant à travers une table.

- Ce n'est pas de ma faute si elle n'est pas douée.

- Et il y a aussi la fois où ...

- C'est bon tu as finis ?!

Katy soupire avec force et vient se poser à côté de moi en quête de soutient. Quand elle me voit lutter pour ne pas exploser de rire elle s'énerve encore plus.

- Bande d'abrutis consanguins !

Trop tard. James comme moi explosons d'un commun accord. La tête de Katy est hilarante. Quand elle s'énerve ses narines se gonflent et des yeux deviennent ronds comme des balles de Ping Pong. Un véritable poisson hors de l'eau.

La scène est à se tordre de rire, ce que nous faisons.

Une fois calmés nous ne perdons pas de vue notre objectif final : sortir de cet enfer. Je reprends la tablette ainsi que la tête du groupe et nous fais serpenter dans les couloirs.

Rapidement je sens les poils de la nuque se hérisser mais je me dis que c'est le froid. À cette période de l'année et dans cette région de l'Allemagne les températures nocturnes ont tendance à descendre facilement. Je me frotte les bras vigoureusement pour apporter un peu de chaleur à ce corps endoloris.

James et Katy m'imitent, me confirmant que c'est bel et bien le froid.

Puis je retourne à notre sauvetage qui me pompe toute mon énergie.

- Oli, et si tu nous racontais une anecdote sur cet endroit de l'Asile ?

Tiens j'avais presque oublié que je filmais encore.

- Oui, tiens reprends la caméra James on va faire quelques plans.

James s'exécute et je réfléchis à ce que je vais dire et comment je dois le faire. Malgré tout je veux que les informations soient claires, directes et efficaces : il est hors de question que je m'attarde ici. Pas avec les menaces qui planent.

- Nous voilà au premier étage, notre évolution est lente et dangereuse donc nous devons faire attention. James s'est fait attaqué en bas, il a des griffures énormes dans le dos cependant il n'y avait rien derrière lui excepté une ombre immatérielle. Nous avons vu l'attaque et ça nous a glacé le sang.

« Je précise une fois de plus qu'aucune image n'a été retouchée. Tous les faits que vous voyez sont réels. Voilà pourquoi nous cherchons absolument à fuir ce lieu maudit.

« Pour ce qui est de son histoire je voulais vous préciser quelque chose. Quand j'emploie le terme « maudit » je ne mâche pas mes mots. Effectivement des légendes disent que durant la période précédant le massacre des 66 patients certains avaient des visions étranges.

« Certains rêvaient que des silhouettes sombres aux mains crochues, aux pieds lourds et durs comme la pierre avec des yeux rouges tournaient autour d'eux dans leur sommeil. Certains disaient qu'ils les entendaient murmurer la nuit des choses terribles.

« Finalement cela a été jugé comme un délire collectif et ignoré. Pourtant James, Katy et moi avons vécut des choses similaires. Délire collectif ou pas cela semble bien réel.

« Pour ce qui est de l'ambiance ici je pense que les images parlent d'elles-mêmes. Nous sommes terrifiés, blessés, perdus et la seule chose que nous voulons c'est retrouver un lit confortable pour oublier tout ça. Maintenant nous ...

J'entends un bruit. Presque imperceptible mais bien là. A quelque mètres derrières James j'entends un bruit qui ressemble à celui de verre qu'on fait glisser par terre.

Quelqu'un se déplace vers nous. Vite nous devons partir.

En une seconde je récupère la caméra et attrape James par la main pour le tirer en avant. Il faut se cacher, rapidement avant que cette chose nous trouve.

Je cours si vite que je me surprends de ma propre capacité physique, moi qui d'ordinaire suis une grosse merde en sport.

Mes sens sont en alerte. La lampe ! Si je la laisse allumée ce ne sera qu'une question de secondes avant que nous soyons trouvés. Je me précipite donc derrière ce qui ressemble à une armoire avant de l'éteindre. Je sens James se positionner à côté de moi ce qui me soulage.

Nous sommes tous les deux hors d'haleine mais quelque chose cloche.

- Où est Katy ?

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