Chapitre 4

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James me rend la caméra et reprend Katy au creux de ses bras. Gardant son humour même dans une situation aussi dramatique elle me regarde en souriant.

- Eh bah, on se croirait en plein film d'horreur.

- C'est toi le film d'horreur, si seulement tu voyais ta tête.

- Pourquoi est-ce que mes costumes d'Halloween sont toujours pourris mais qu'en dehors du trente-et-un je ressemble à un parfait zombie ?

- Parce qu'à Halloween on doit se déguiser en quelque chose d'autre pas exacerber un trait qu'on a déjà.

Katy me tire la langue et je l'imite. La voir sourire me rassure, petit à petit le choc s'amoindrit pour ne laisser qu'une douleur qui la tient en éveil. La connaissant elle risque de finir de mauvais poil mais je préfère ceci à la voir inconsciente dans les bras de James. Au moins je saurais qu'elle va bien, enfin autant qu'on peut l'être quand on a l'épaule déboitée et qu'on est enfermé dans un Asile délabré en plein coeur de l'Allemagne.

Heureusement que nous avons toujours la présence d'esprit de prévenir nos amis et nos parents de nos moindres faits et gestes, en cas d'accident. Intérieurement je nous adore d'avoir pris cette habitude dès le début. Si nos proches n'ont pas de nouvelles de nous demain ou après-demain ils appelleront les autorités. Ce que j'espère c'est que nous réussirons à sortir avant car notre réserve d'eau est menue ainsi que notre quantité de nourriture, mis à part quelques barres de chocolat ou des gâteaux nous n'avons pas grand chose à nous mettre sous la dent.

Je prends la tête de l'expédition puisque j'ai les plans des lieux et commence à gravir les marches de marbres. Le contact est dur sous mes pieds et l'obscurité alentours me rappelle constamment que je dois rester sur mes gardes.

De temps en temps je jette des coups d'oeil par dessus mon épaule pour vérifier que James et Katy vont bien. Ma plus grande peur est qu'il leur arrive quelque chose, ils font partie de ma famille et je ne supporterais pas qu'il leur arrive malheur. Alors je ne cesse de regarder par dessus mon épaule cependant cela me déconcentre de ce qui se trouve sous mes pieds. Par mégarde je rate une marche et trébuche sur celle du dessus, je m'étale de tout mon long sur le palier puisque je suis arrivée tout en haut et je me cogne la tête par terre. Heureusement que j'ai mon casque sinon j'aurais une très belle bosse.

James est dans mon dos à quelque mètres et me demande immédiatement si je vais bien, je lui répond que oui. En dehors d'un futur bleu sur le genou je n'emporterais rien avec moi de cette chute.

- C'est pas le moment de m'imiter, on a assez d'une blessée dans nos rangs.

- Ne t'inquiètes pas, la seule femme que je prends pour modèle c'est Michèle Obama, cette femme c'est la classe incarnée.

- Gnagnagna.

Je ris et pendant que je me relève j'entends un rire juste à coté de mon oreille. Un rire cristallin et strident. Pourtant il n'y a personne à cet endroit. Par réflexe je balaie violemment l'air de la main tout en rampant sur le coté pour m'éloigner, comme si des toiles d'araignées m'avaient entourées et que j'essayais de m'en défaire.

Bon sang c'est quoi ces conneries ? Mon sang se fige dans mon corps, des frissons me parcourent de part en part et je suis si crispée que mon cou se bloque presque. La tension dans mon corps est si forte que je réprime un hurlement de terreur. Je sens encore les sonorités dans mon oreille, le souffle presque imperceptible chatouiller mon cou.

Mes mains tremblent, mes jambes aussi, à tel point que je ne peux pas me relever. Les larmes me montent aux yeux pendant que le rire ne quitte pas mes pensées.

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