1 - Les Jupes

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J'ai eu une période lors de mes vacances d'été entre le CP et le CE1 où je ne mettais que des jupes. Très pratique l'été j'en portais tout le temps sans être embêtée par la chaleur. Je portais toujours les trois mêmes jupes. La vert kaki -j'en frissonne onze ans après- avec de fines bandes de strass. La noire, du même modèle que la vert kaki, avec les mêmes bandes de strass en plastique. Et la plus belle de toute, et je le pense encore, celle où la taille était en jean et le reste de la jupe dans un joli tissu fin rose clair. Soyons clairs, je ne raffole pas du rose. Encore moins du rose clair. Peu flatteur pour les courbes, ça ne me met pas en valeur. Mais c'était quand même la plus belle des trois.

A ce moment là, je me fichais de mes cuisses ou de mes mollets. A vrai dire, on ne pouvait pas voir mes cuisses car les jupes m'arrivaient sous le genou, voire, aux chevilles. Mais quand même. Je ne me souciais pas encore du regard des autres et ça : c'était le bon temps. Je crois que ce sont les dernières fois où j'ai porté des jupes de ma vie régulièrement et en public. Après, ça s'est gâté. Je me suis peu à peu rendue compte que mes copines avaient de tout petits bras, des poignets fins comme du papier et des cuisses qui faisaient la moitié des miennes. Là, j'ai tout simplement laissé tomber les jupes. Quelles soient rose, noire ou vert caca. A la poubelle les jupes ! J'ai mis des pantalons. Tous les jours j'en ai mis. Là pareil, n'ayant pas la fortune à Picsou, je portais toujours les mêmes pantalons. Des pantalons noirs, larges voire même des jogging à proprement parler. Je cachais ce qui était sujet à des moqueries de la part de mes petits camarades et des autres.

Tout innocents qu'ils semblent être, les gamins sont cruels et sans cœur. J'avais déjà reçu des insultes en maternelle d'une fille plus vieille qui faisait elle même deux fois ma taille (plus en large qu'en long). Dès qu'elle me croisait elle ne s'empêchait pas de me faire remarquer mes kilos en trop. Déjà là, je me laissais marcher dessus comme un paillasson. Et longtemps elle s'est essuyée les pieds sur moi, si vous voulez mon avis. Entre elle et mes "copines" avec qui on jouait sur les vélos de l'école ou dans le petit chariot qu'on avait si on courait assez vite à la récré pour l'avoir en premier, qui un jour m'ont fait remarquer que j'avais "des grosses cuisses", vous comprendrez qu'aujourd'hui, je déteste les gosses.

Je compare d'ailleurs ces merveilleux diablotins à des Gremlins. Adorable au premier abord mais quelles monstrueuses créatures sont-ils une fois cette première image passée ! Mais vous n'avez pas encore vu le niveau de cruauté des adolescents ! Tous aussi moches les uns que les autres avec leurs boutons, leurs premiers poils sur le menton -pour les gars, quoique...- et leurs appareils dentaires, ils ne font pas aimables et ne le sont pas ! Aussi pourris dedans que dehors, les adolescent surpasse de loin la cruauté des enfants et la cruauté humaine toute entière. Les gens devraient d'ailleurs songer à mesurer la cruauté de quelqu'un par rapport à la cruauté d'un adolescent pré-pubère. Comme les tremblements de terre sur l'échelle de Richter. Bien que ça puisse occasionnellement continuer jusqu'à après l'adolescence, le prix de la plus grande cruauté est sûrement décernée à la fourchette d'âge 11-15 ans. On ne parle plus d'insultes de temps en temps mais à de véritables harcèlements scolaires. En entrant au collège il faudrait nous prévenir avec un grand écriteau : "Ne laissez pas vos failles apparaître ou, après le collège, elles ressembleront à des cratères !".

Mon voyage de quatre ans au collège n'a été que pur voyage en enfer. Les sois-disant cool se prenaient pour des chefs de file et ils partaient martyrisés les plus faibles par quatre ou cinq. La plupart d'entre eux se sentaient cool parce qu'ils fumaient et buvaient déjà. Ils s'en prenaient à tous ceux qui étaient de potentielles victimes. Roux, avec des styles avant-gardistes ou les plus prisés de tous: les petits gros. Dont je faisais partie. Petites remarques par-ci, un mot soufflé par-là avec un petit rire moqueur. Insultes à proprement parlé devant toujours d'autres personnes sauf les profs ou adultes responsables. Oui parce qu'en plus d'être cruels les collégiens sont vicieux voire presque malin. Malin seulement dans leurs technique de faire pour martyriser les autres, j'entends, parce qu'après toute intelligence s'envole au contraire des notes sur leurs bulletins en fin de trimestres. Heureusement que je n'ai pas redoublé une seule fois parce que si j'avais eu une année de plus à faire, je ne l'aurais pas supportée. 

Tout ça pour dire que les enfants et les adolescents sont démoniaques et je ne retirerais pas ce que j'ai dit. Mais revenons-en aux jupes. Je n'en ai plus porté après l'âge de sept ans et des poussières grâce à ces suppôts de Satan. Les robes, n'en parlons pas, elles ont été rangées dans la même cases que les jupes. Aka la case : "Je ne veux plus vous revoir car je ne peux plus vous porter. J'ai des grosses cuisses."

Maintenant, je les regardes avec envie et regrets de ne pouvoir les porter parce que des gamins m'ont mis dans la tête que j'étais grosse et que par le biais de ces insultes, remarques, magnifiques compliments, mon propre esprit me dit de ne pas en porter car : j'ai de trop grosses cuisses, de trop gros mollets et de trop grosses chevilles. Voire de trop grosses fesses et de trop grosses hanches. En gros -et c'est le cas de le dire- je suis dans la case "grosse" des gens. Dès qu'ils me voient ils ne se disent pas "belle" ou pas même "jolie" ils se disent: "grosse". Hop c'est dans la boîte ! Bon j'ai quand même arrêté de porter des jogging parce qu'en plus d'être grosse j'aurai été cataloguée de clocharde. Maintenant je mets des jeans. Des jeans bleus brut ou noirs.

Des jeans, des jeans, des jeans.

Printemps, été, automne, hiver.

B.I.G (Belle Intelligente et Gracieuse) [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant