7 - Le Cinéma

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Il adresse un sourire modéré à la serveuse quand elle dépose nos assiettes en face de nous. Sa pizza doit avoir le diamètre d'un pneu de voiture. J'hallucine tellement elle est grande. Mon plat de pâte semble minuscule à côté même si, non mis à côté, il me paraît énorme. Je ne sais clairement pas comment je vais manger tout ça. Mathéo lance un regard plein d'envies à son assiette et lève le regard vers moi. Je flippe rien qu'à devoir manger ce que j'ai sous les yeux.

- Ça va ?, il me demande alors que je dois avoir l'air d'une biche prise dans les feux d'une voiture.

- Oui. Oui ça va. Je me demande juste comment je vais pouvoir avaler tout ça.

- Il n'y a que des légumes là-dedans, tu m'étonne que tu ne sais pas comment tu vas pouvoir finir ton assiette.

Qu'est ce qu'il veut dire par-là au juste ? Il pense que je ne mange pas un seul légume vu la taille de vêtement que je porte ? Que je ne mange que de la mal-bouffe toute la journée ? Il a bien commencé le repas celui là. Je m'énerve tout de suite où j'attends le dessert que je ne mangerai certainement pas ?

- C'est-à-dire ?, je le questionne en gardant mon sang-froid.

- Bah personnellement, avoir autant de légumes dans mon assiette me dégoûterait. Ma mère me fait ingurgiter des légumes depuis que je suis petit et ils n'ont jamais paru bon alors en manger même au restaurant... Je n'aurai jamais pris ce plat, il explique tranquillement.

- Ah. Ouais je vois, je réponds confuse. 

Est-ce que cette réflexion était en fait purement une remarque générale ? Genre il aurait pu le dire à n'importe qui d'autre ? Je me sens tellement perdue et déroutée avec lui.

- En tout cas si tu veux de la pizza je peux t'en donner. Ou si tu ne peux plus avaler ces légumes je prendrai sur moi pour t'aider.

Je le fixe quelques secondes et éclate de rire. Alors qu'il avait retenu son souffle quand je le fixais, il expire un grand coup lorsque je me mets à rire de bon cœur. Le petit ange sur mon épaule droite me chuchote qu'il est trop adorable pour vouloir me faire du mal. Le petit diable, sur mon épaule gauche, lui me dit de continuer à me méfier. Mais moi, pour l'instant, je me dis qu'il ne me fera pas de mal aujourd'hui.

- Quel sens du sacrifice ! J'apprécie, je ris encore. C'est gentil mais tu n'auras pas à te sacrifier pour moi, je lui réponds. J'aime les légumes, j'ajoute plus bas comme si c'était un secret.

- Ouh... je crois qu'on ne va pas aller au cinéma tout compte fait. Je ne peux pas sortir avec une fille qui aime les légumes, beurk !

Je ris en plantant ma fourchette dans un de ces légumes qui m'ont pourtant l'air appétissants. Je goûte une courgette avec un bout de poulet et tombe en extase. Il ne sait tellement pas ce qu'il rate ! Il me scrute du regard avec un sourire planant sur les lèvres. Vraiment, c'est le gars le plus souriant que je connaisse.

- C'est bon ?

- C'est super bon oui ! Tu veux goûter ?

Il hausse les épaules, en faisant une moue adorable (je m'en voudrais toujours de ressentir ça) et hoche la tête. Je lui prends alors sa fourchette des mains et pique dans un bout de courgette, une pâte et un bout de poulet. Je relève les bras au dessus de la table et lui donne moi même à manger. Le petit diable sur mon épaule gauche se tape le front du plat de la main. Ce geste me met directement dans un état de gêne. J'étais trop à l'aise d'un coup et me voilà à payer les conséquences de cette détente temporaire. Il ne s'en rend pas compte, trop pris dans son imitation d'un chef gastronomique face à des cuisiniers amateurs.

B.I.G (Belle Intelligente et Gracieuse) [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant