Scène 1 : Où l'on découvre Andy

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Lorsqu'il rentra de son travail ce jour-là, Andy découvrit une grande enveloppe craft dans sa boite aux lettres. Il savait ce que c'était. Tout du moins il s'en doutait. Sans se précipiter, il monta les escaliers jusqu'au sixième étage où se trouvait son studio.

Un studio minable se trouvant dans un quartier minable de la ville. Andy détestait cet appartement. Pourtant ce n'était pas le pire des endroits dans lequel il avait vécu tout au long de sa vie. Glissant les clés dans la serrure, il ouvrit un à un les différents verrous. Il entra dans son appartement et claqua la porte derrière lui sans se soucier de mettre la chaine de sécurité. D'un geste agile des pieds, il se libéra de ses chaussures, avant d'aller s'affaler dans son petit canapé aux ressorts défoncés. Déjà vautrée de tout son long, Lady, la chienne d'Andy grogna pour marquer son mécontentement devant cette invasion caractérisée de son territoire.

Andy n'y prêta pas la moindre attention. Son regard était fixé sur l'enveloppe qu'il tenait dans ses mains. D'un geste assuré il défit le pli et en sortit l'épais contenu.

La première feuille était un courrier lui indiquant ce qu'il trouverait dans l'enveloppe ainsi que des coordonnés, des dates et un lieu de rendez-vous. Le second était son contrat de travail. Une dizaine de feuilles recto verso agrafées, qu'il lui faudrait parapher une à une, avant de signer la dernière page. Le tout en deux exemplaires. L'un était pour lui. L'autre était à renvoyer à la société de production. Et enfin le troisième document. Le plus épais. Le plus important de tous.

Le scénario.

Andy reposa les autres papiers pour ne garder que ce dernier en main. Sur la première page, le titre s'étirait en lettre d'imprimeries majuscules : « La vengeance au bout du chemin. »

Un fourmillement parcourut tout le corps d'Andy à la lecture de ce titre. Tellement de souvenirs. Tellement de promesses d'avenir...

Dans les années cinquante, la vengeance au bout du chemin avait été une série populaire. L'acteur principal, Rick Jameson avait été une véritable star, les téléspectateurs se pressant chaque semaine devant leur petit écran pour regarder les aventures de Johny Reyes.

La série racontait l'histoire d'un fermier vivant paisiblement avec sa femme dans l'Ouest américain, jusqu'au jour où ils se faisaient attaquer par Dwen Hart et sa bande. Laissé pour mort, Johny Reyes se remettait finalement, mais n'avait alors plus qu'une idée en tête : venger sa femme, morte dans l'attaque alors qu'elle était enceinte. Des années plus tard, Johny finissait par retrouver leur trace dans une petite ville du Colorado. Dwen et ses hommes ayant pris possession de la ville, ils y vivaient désormais comme des nantis, exploitant les ressources des terres à leur profit. N'ayant que sa vengeance en tête, Johny décidait donc de s'installer en ville et d'élaborer un plan pour tuer toute la bande les uns après les autres. Au cours de l'histoire, il finissait par tomber amoureux de Marie, l'une des entraîneuses du saloon. Après quatre saisons, et de nombreux rebondissements, la série s'était terminée en apothéose. Trahi par Marie, Johny Reyes se faisait capturer par Dwen et le shérif. Ce dernier s'apprêtait à tuer Johny, lorsqu'au dernier moment, Marie le sauvait en tuant le shérif. Une fois libre, Johny affrontait finalement Dwen et le tuait avant de partir avec Marie.

À l'époque, cette fin avait été beaucoup critiquée, notamment à cause du rôle joué par Marie. Qu'une femme puisse sauver le héros, et tuer un homme de sang-froid était loin de la représentation que l'on avait des femmes dans les années 50. Pour sa part, Andy avait toujours adoré cette fin. Marie était loin du personnage féminin cliché de l'époque. Toute la série était bourrée de références et sous-entendus laissant présager de l'importance de son rôle dans le dénouement.

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