Scène 20 : Où la discussion ne peut pas avoir lieu

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Cependant, ils n'eurent pas le loisir de se retrouver seuls.

Oliver et Xander débouchèrent sur le chemin juste après, les faisceaux de la lampe torche du ranger leur faisant cligner des yeux.

— Ah vous êtes là, souffla Oliver. Vous êtes partis depuis plus d'une demi-heure. On commençait à se faire du souci.

Garett et Andy se jetèrent un coup d'œil. Tous deux semblaient aussi surpris l'un que l'autre du temps écoulé.

— Tout va bien ? questionna Oliver.

Ils hochèrent la tête de concert.

— Oui, nous avons retrouvé Lady, dit Andy.

Il se pencha et ramassa la chienne qui se trouvait à ses pieds. Xander poussa un soupir de soulagement.

— Ouf, tant mieux. Lucy a posé des questions aux autres, mais personne ne sait comment elle a pu s'enfuir de la tente.

Andy haussa les épaules.

— Ce n'est pas grave, l'important c'est que nous l'ayons retrouvée.

— Oui, renchérit Oliver. Nous devrions retourner au camp pour rassurer tout le monde et passer à table.

Le retour se fit en silence. Garett et Andy se tenant à distance l'un de l'autre. Lorsqu'ils arrivèrent au camp, ils furent accueillis avec soulagement. Tout le monde s'était inquiété pour Lady. La chienne eut le droit à des caresses de plusieurs personnes. Ne souhaitant plus la perdre de vue, Andy la garda près de lui. Rapidement toutefois, l'incident fut oublié et la soirée repris son cours normal.

La nuit était à présent tombée et il faisait plus froid. Le grand feu de camp avait donc été le bienvenu et ils s'étaient tous rassemblés autour pour manger. Une fois le dîner terminé, des petits groupes s'étaient formés, certains discutant, d'autres allant directement se coucher, épuisés par la journée. Andy resta en compagnie des autres acteurs. De là où il se trouvait, il pouvait sentir le regard de Garett fixé sur lui de l'autre côté du feu. Le ranger lui avait lancé à plusieurs reprises des regards appuyés, mais Andy n'y avait pas répondu. Depuis son retour, il avait été accaparé par ses collègues et notamment Lucy. Il n'aurait pas pu s'isoler pour discuter seul à seul avec le ranger sans que cela ne se sache. Et Andy ne voulait pas attirer l'attention sur eux et éveiller les soupçons. Sans compter qu'il ne se faisait pas confiance. Tout à l'heure dans les bois, il avait totalement perdu le contrôle.

Jusque-là ça ne lui était jamais arrivé.

Le contact de Garett avait éveillé en lui son pouvoir sans qu'il n'ait le temps de faire quoi que ce soit pour l'en empêcher. Il n'avait plus ressenti une telle puissance depuis des siècles et cela lui était monté à la tête. Il avait été comme enivré du pouvoir du métamorphe. Mais pas uniquement. Il l'avait senti au moment où ils s'étaient touchés. Il y avait eu une reconnaissance. Un lien s'était forgé entre eux. À moins qu'il existe déjà et que le contact physique l'est seulement révélé... Andy ne savait pas quoi en penser. Et tant qu'il n'avait pas de réponse, il ne voulait pas prendre le risque de se retrouver seul avec Garett et de le toucher de nouveau. Encore moins avec autant de monde autour d'eux. Si son pouvoir se manifestait de nouveau de la sorte, il ne savait pas s'il serait capable cette fois de se maîtriser. Il devait donc attendre et trouver un moyen de faire patienter le ranger.

— Tu devrais aller te coucher.

Andy revint au moment présent. Lucy venait de poser une main sur son genou et s'était penchée vers lui. À leurs côtés les autres le regardaient. Il avait dû rater une partie de la conversation.

— Oui, renchérit Liam en souriant. Je pense qu'on devrait tous aller se coucher. La journée a été longue et demain matin nous allons devoir nous lever tôt.

— Pour ma part, je pense que je vais rester encore un peu, répondit Xander. Je ne suis absolument pas fatigué.

— Il faut toujours que tu te fasses remarquer, lui rétorqua Lucy en se moquant légèrement.

— Parce que toi tu vas te coucher peut-être ? lui demanda-t-il.

— Je n'ai absolument pas dis ça.

Xander éclata de rire avant de relancer leur chamaillerie incessante. Quant aux autres, ils les laissèrent à leur discussion et se dirigèrent vers leur tente. Avant de quitter la chaleur du feu de camps, Andy jeta un coup d'œil en direction de Garett. Ce dernier était en pleine discussion avec son collègue, ayant sûrement compris à présent qu'il n'aurait pas la moindre explication ce soir. De là où ils se trouvaient, les deux hommes semblaient ne se prêter aucune attention. Pourtant, tous les deux avaient parfaitement conscience de l'autre, et du lien tangible qui semblait désormais exister entre eux.

*

Le lendemain matin, lorsqu'Andy se leva, il n'avait pas beaucoup plus d'informations sur ce qui s'était déroulé la veille. Il était néanmoins plus serein et avait retrouvé la maîtrise de lui-même. Il se sentait à présent prêt à discuter avec Garett. Néanmoins, Andy savait qu'ils n'auraient pas d'occasion de se retrouver seuls avant le retour au gîte. Prenant son mal en patience, il se concentra donc sur le moment présent et la journée.

Après un petit déjeuner frugal au milieu des conversations, le groupe se mit en mouvement pour ranger tentes et campement afin de laisser le lieu tels qu'ils l'avaient trouvé à leur arrivée. Ils repartirent en direction du parking en milieu de matinée. Retournant en ville, ils firent une pause déjeuner dans un restaurant avant de reprendre la route jusqu'au gîte où ils arrivèrent en milieu d'après-midi. Après avoir tout rangé, chacun put se reposer et vaquer à ses occupations jusqu'au dîner.

Andy pensait donc pouvoir se reposer un peu après avoir pris une longue douche, lorsqu'on frappa à sa porte. Allant ouvrir, il fut surpris de voir Garett sur le pas de sa porte.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il sans se décaler de l'entrée.

— Il fallait que je te vois.

Andy fronça les sourcils.

— Je sais que nous devons parler, mais ce n'est vraiment pas le lieu.

Garett soupira.

— Ce n'est pas pour ça que je suis là. Je suis venu te prévenir que j'allais devoir m'absenter la semaine à venir. Nous ne pourrons donc pas discuter avant mon retour.

Andy détailla alors Garett. Ce dernier portait effectivement son uniforme.

— D'accord, répondit-il avant d'adopter la même position que le ranger, croisant lui aussi les bras sur sa poitrine.

Depuis la veille, c'était la première fois qu'ils se retrouvaient aussi proches, et ils semblaient aussi mal à l'aise l'un que l'autre. Voyant qu'Andy n'ajoutait rien, Garett décroisa les bras et glissa ses mains dans les poches de son pantalon.

— Bien, je vais y aller. On parlera à mon retour.

Il s'apprêtait à tourner les talons, lorsqu'Andy l'interpela.

— Garett...

Ce dernier se retourna, levant un sourcil.

— Je ne peux pas tout t'expliquer maintenant, continua Andy. Mais je voulais te dire que ce qui s'était passé hier était un accident. Je n'ai jamais voulu te faire de mal.

— D'accord, répondit-il en faisant un pas en arrière. On se voit quand je reviens.

Andy hocha la tête. Il le regarda partir avant de refermer la porte ; à la fois soulagé et mal à l'aise. Il ne savait pas quoi penser de la venue de Garett et de l'échange qu'ils venaient d'avoir. 

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