Scène 16 : Où Garett fait une proposition

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Ils étaient tous fatigués et cela se ressentait. Chaque jour les signes d'agacements mutuels et les petites frictions se multipliaient. Il y avait même eu à une ou deux reprises des disputes entre membres d'une même équipe ou entre différents corps de métiers. Cela n'avait bien sûr rien d'anormal. Depuis pratiquement trois semaines, ils vivaient les uns sur les autres 24 heures sur 24. Forcément des dissensions finissaient par apparaître. Le souci était qu'à présent le tournage commençait à en pâtir. Ça et le fait que la bête de Garett devenait nerveuse dans cette ambiance. Si pour sa part il se fichait complètement de l'atmosphère tendue qui régnait chaque jour un peu plus, il n'en allait pas de même pour sa bête. Il la sentait s'agiter. Et comme chaque fois que c'était le cas, il avait beaucoup plus de mal à la maintenir en sommeil. Ses sens humains commençaient ainsi à se brouiller au profit de ses sens animal et Garett détestait ça.

Ce jour-là avait été particulièrement éprouvant pour lui. Oliver avait été appelé par John et il avait dû se rendre en urgence sur une intervention, laissant Garett seul avec l'équipe de tournage. Concrètement, ils n'avaient pas grand-chose à faire. Leur travail consistait juste à s'assurer que les équipes ne se mettent pas en danger sur le site et que les règles de sécurités soient respectées. Garett et Oliver passaient donc la plupart de leur temps à observer le tournage. La journée ne fut pas tellement différente des autres. Si ce n'est que Garett s'était retrouvé seul face à tout ce petit monde et que les tensions avaient atteint leur paroxysme. À tel point que Henry, à force de s'énerver, avait préféré mettre fin à la journée de tournage. Tout le monde avait donc remballé le matériel, le tout dans une ambiance glaciale.

Alors que chacun remontait en voiture pour rentrer au gîte, Henry resta à l'écart. Clara tenta bien d'aller le voir, mais le réalisateur lui demanda de partir. Lui tournant le dos, la jeune femme repartit à grande enjambées vers les véhicules où attendaient Garett.

— Il refuse de rentrer maintenant, lui dit-elle sur le ton de l'agacement.

— Vous devriez rentrer avec les autres, lui répondit Garett.

Clara regarda le parking. Les voitures, toutes déjà pleines, étaient sur le point de partir.

— Il n'y a plus que votre pickup Ranger. Si nous partons aussi, il n'y aura personne pour le ramener.

— Allez-y si vous voulez, moi je vais l'attendre ici.

Clara jeta un coup d'œil à son patron, avant de regarder de nouveau le ranger. Elle se mordit la lèvre inférieure, embarrassée.

— Vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas de l'attendre ? Je peux rester aussi si vous voulez.

Garett secoua la tête de gauche à droite.

— Ça ne servirait à rien. Il a besoin d'être un peu seul. Si vous restez, vous allez vous impatienter et vous énerver un peu plus.

— Et ça ne va pas être votre cas à vous aussi ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

Garett sourit légèrement tout en haussant les épaules.

— Ça ne me dérange pas de l'attendre. Et honnêtement un peu de solitude ne me fera pas de mal à moi non plus.

— Très bien, soupira Clara. Comme vous voudrez.

Se dirigeant vers la dernière jeep, elle fit un signe au conducteur. Arrivée à la hauteur du véhicule, elle échangea quelques mots avec les passagers. Elle ouvrit ensuite la portière et s'entassa à l'arrière avec les autres. Quelques minutes plus tard, Garett entendait le dernier moteur s'éloigner sur la route principale. Puis le calme revint.

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