Scène 9 : Où il vaudrait mieux garder ses distances

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Andy n'avait par la suite pas recroisé le Ranger. Il l'avait bien entraperçu à une ou deux reprises, mais ce dernier l'avait évité comme la peste. Andy n'avait donc pas insisté. Il trouvait inutile de le poursuivre. Tout d'abord parce que l'homme n'avait, semblait-il, aucune intention de discuter avec lui. Et ensuite parce qu'Andy savait qu'il n'avait pas besoin de le chercher. Ils allaient passer huit semaines l'un à côté de l'autre. Ils auraient bien assez de temps pour entrer en contact.

Et puis de toute façon, Andy n'était pas encore sûr de vouloir lier connaissance avec lui. Bien sûr, il avait eu conscience des réactions que l'homme avait eues en le voyant. Et bien entendu, il savait qu'il faudrait y faire face à un moment où un autre, mais il avait autre chose à faire que de se mêler de la vie des autres. Encore moins de quelqu'un qui avait visiblement décidé de l'ignorer. Andy avait bien l'intention de se concentrer sur le tournage du film et sur les buts qu'il s'était fixés.

Chassant l'homme de ses pensées, il était donc monté dans sa chambre et avait installé Lady confortablement avant de déballer ses affaires et de les ranger dans l'armoire. Il avait ensuite pris une longue douche. Lorsqu'il en était ressorti, il s'était habillé et avait prit la chienne entre quatre yeux. Au cours des huit semaines à venir, Lady allait forcément recroiser le Ranger et il était important qu'elle comprenne qu'elle ne devait pas aboyer et grogner de cette manière. Elle était tout de même bien mieux élevée que ça, et ne pouvait pas lui faire honte de la sorte. Pendant qu'il lui parlait, la fixant de son regard d'onyx, la chienne avait écouté attentivement.

Il s'était ensuite reposé un peu en attendant l'heure du dîner qui aurait lieu dans la salle commune. Alors qu'il somnolait sur son lit, il entendit le reste du groupe revenir de la vallée et s'installer à leur tour. Il perçut également vaguement la chambre à côté de la sienne s'ouvrir et se fermer au gré des allées et venues, mais il n'y prêta pas attention. Ce fut le téléphone fixe de la chambre qui le réveilla. Dehors, la nuit commençait à tomber et il faisait déjà sombre dans la pièce. Tendant le bras, Andy se saisit du combiné.

— Allo ? demanda-t-il d'une voix encore enrouée par le sommeil.

— Je me doutais qu'il faudrait que je te réveille, répondit Lucy à l'autre bout de la ligne. Nous allons bientôt diner. On se retrouve en bas ?

Andy retint un bâillement avant de regarder sa montre. Il n'était pas loin de 20h.

— D'ici dix minutes c'est bon ?

— Bien sûr, je te garderai une place près de moi.

Andy leva les yeux ciel tout en raccrochant. Il se redressa ensuite et remit de l'ordre dans ses vêtements avant de verser des croquettes à Lady et de descendre.

Plusieurs membres de l'équipe étaient déjà en bas et discutaient dans le hall, assis dans les fauteuils. Il les salua d'un signe de la tête, puis se dirigea vers la salle à manger. Lucy était déjà installée au bout de l'une des longues tables de la pièce et lui fit signe lorsqu'elle le vit.

— Alors, comment est ta chambre ? demanda la jeune femme une fois qu'il fut installé en face d'elle.

Andy haussa les épaules.

— Simple. Étant donné que je suis seul, j'ai eu une petite chambre.

— Et Lady est bien installée ?

Andy eut un petit rire.

— C'est pour elle que tu t'en fais en fait.

Lucy haussa les épaules.

— Évidemment ! Pourquoi je m'inquiéterai pour toi, tu es parfaitement capable de t'adapter dans un petit espace. Lady est une chienne, elle a besoin de bouger et de faire de l'exercice.

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