Scène 7 : Où Garett cache un petit secret

474 61 7
                                    

Lorsque Garett revint au gîte, le soleil était déjà haut. Ignorant l'effervescence des lieux en vue de l'arrivée des prochains clients, Garett se dirigea vers la salle principale. Il passa par le buffet pour se servir une tasse de café noir et épais. Il était un des seuls à le boire, les autres le trouvant trop fort. Mais Dolores l'aimait comme ça et il était impensable pour elle de le faire autrement. Garett s'en fichait. C'était comme ça qu'il le buvait lui aussi.

— Salut, dit Oliver lorsqu'il s'installa en face de lui.

Garett se contenta d'un grognement en guise de bonjour, mais son collègue ne s'en formalisa pas. Il reprit son petit déjeuner qui consistait en une assiette remplie de bacon et d'œufs brouillés.

— Alors tu as été voir le site ? finit par demander Oliver alors que le silence s'installait.

Garett hocha la tête.

— Ce n'est pas si horrible que ça finalement, n'est-ce pas ? continua Oliver.

Derrière son mug de café, Garett dévisagea son collègue. Tous deux étaient définitivement très différents l'un de l'autre. Et pas seulement sur le plan du caractère. Physiquement aussi. Mesurant environ un mètre soixante-quinze, Oliver était plutôt râblé. Sa peau brune, à force de travailler en plein air, s'accordait parfaitement à ses cheveux châtains foncés et ses yeux chocolat. En comparaison, Garett était son exact opposé. Avec son mètre quatre-vingt-dix et sa silhouette élancée, il avait l'allure du parfait athlète. Ses cheveux blond étaient coupés courts, et avec le temps, sa peau s'était hâlée d'une teinte dorée qui faisaient ressortir la couleur de ses yeux verts.

Buvant très lentement une gorgée de café, il reposa son mug sur la table et fit la moue.

— Mouais, maugréa-t-il. Je suppose, si on aime le côté ville abandonnée.

Oliver éclata de rire, ne se souciant pas de la mauvaise humeur de son collègue. Il n'y prêtait de toute façon jamais attention. C'était pour ça que leur duo fonctionnait si bien. Soudain ils entendirent du raffut dans le hall et la voix de Dolores claqua :

— Bon sang Jane, rangez-moi ce bazar !

Les deux hommes se regardèrent et même Garett ne put empêcher un léger sourire d'étirer ses lèvres. Ils n'entendirent pas la réponse de la jeune femme, mais ils virent débarquer la patronne quelques minutes plus tard, le visage chiffonné de mécontentement. La cinquantaine bien tassée, Dolores était la sœur cadette de John et lui ressemblait. Mêmes cheveux grisonnants, mêmes yeux gris. Dolores était néanmoins plus petite que John d'une bonne vingtaine de centimètres. Pour autant elle n'en était pas moins impressionnante. Tout aussi forte en gueule que son frère, elle menait le gîte d'une main de fer. Quand elle vous avait dans le collimateur, mieux valait vous faire tout petit ou disparaître de sa vue. Mais quand elle vous adorait, elle avait un cœur d'or.

— Ah les garçons vous êtes là ! s'exclama-t-elle en les voyant, son visage se détendant immédiatement pour leur lancer un sourire rayonnant.

Heureusement elle les adorait.

— Tout va bien ? demanda Oliver, l'air amusé.

Dolores leva les yeux au ciel.

— Oui, oui. Mais c'est encore complètement le bazar alors que le reste des clients arrivent dans quelques heures seulement. Et ils sont tous là à pépier et s'extasier parce que le grand Henry Scott arrive et qu'il y aura des acteurs connus et tout ça... Si vous voulez mon avis, il n'y a pas de quoi se mettre en pamoison. Ce Scott, c'est un humain comme les autres. Et comme je leur ai dit, il aime les chambres propres et le travail bien fait.

Petits secrets sur plateauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant