Prologue

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— Non Johny n'y allez pas !

La jeune femme agrippe l'homme, pressant sa poitrine voluptueuse contre son bras, tentant ainsi de le retenir. L'homme baisse les yeux vers elle.

— Dwen et ses hommes vont vous tuer.

— Quelqu'un doit les arrêter Marie.

— Mais pourquoi vous ? demande-t-elle les yeux larmoyants.

— Le shérif de cette ville est corrompu. Il n'y a que moi pour protéger la ville et ses habitants et je n'ai plus rien à perdre.

—Je ne compte donc pas pour vous ?

Leurs regards se croisent, intense. Alors l'attirant d'un mouvement de bras il change sa prise et serre la femme contre lui. De sa main libre il lui saisit le menton, leurs yeux toujours attachés l'un à l'autre.

— Bien sûr que si Marie. C'est pour ça que je dois les arrêter. Je ne peux pas vous perdre comme j'ai perdu ma femme.

— Oh Johny !

Et il se penche pour l'embrasser passionnément.

L'écran s'éteignit et la lumière fut rallumée. Assis derrière son bureau Henry poussa vers le producteur une photographie.

Il s'agissait du portrait d'un homme posant de face. Ce dernier avait la trentaine bien tassée. Sa mâchoire carrée, son nez aquilin et ses pommettes saillantes, donnaient une impression émaciée, comme si son visage avait été dessiné en ligne brutes et saccadées. Ses cheveux bruns très sombres, retombaient en boucles sur son front et dans sa nuque. Ses yeux, étaient aussi sombres que ses cheveux, tels deux onyx, qui semblaient vous scruter, même à travers la photo. Le tout était contrasté par une peau basanée, à la limite du mordoré.

— Vous voyez ? C'est son portrait craché. C'est lui dont nous avons besoin, dit Henry en tapant son index sur la photographie.

— Je reconnais qu'il lui ressemble un peu, répondit le producteur en faisant la moue.

— Un peu ?! Vous lui coupez les cheveux, vous lui faites prendre en masse musculaire et c'est lui !

— Sauf que ce n'est qu'un acteur de seconde zone. Il n'aura jamais ni le talent, ni le charisme de Rick Jameson.

Henry fronça les sourcils.

— Vous n'en savez rien. Quoi qu'il en soit, c'est lui que je veux.

— Enfin Henry, nous avons d'autres acteurs bien plus connus qui seraient prêts à accepter le rôle. Vous voulez vraiment mettre en péril le film pour avoir un vague sosie de Rick Jameson ?

— Rick Jameson n'incarnait pas seulement Johny Reyes. Il était Johny Reyes. Avec cet homme comme acteur ce sera l'adaptation parfaite au cinéma.

Le producteur soupira. C'était certes lui qui tenait les cordons de la bourse de ce projet, mais c'était Henry qui détenait les droits du film. Si l'homme se braquait et décidait de tout arrêter, ce serait alors lui qui perdrait des millions de dollars.

— Très bien Henry. Faisons passer un essai à votre gars. Mais promettez-moi que s'il se plante vous choisirez quelqu'un d'autre.

— Oui, évidemment, répondit Henry du tac au tac, avant d'ajouter :

— Mais je suis sûr qu'il sera parfait.

Le réalisateur se tourna vers son assistante, restée jusque-là silencieuse dans un coin de la pièce.

— Émilie, appelez son agent et fixez lui un rendez-vous pour la semaine prochaine.

La jeune femme acquiesça avant de sortir.

Une fois seul dans son bureau, Henry regarda une nouvelle fois la photo. Oui, Andy Randall serait l'acteur idéal pour jouer le rôle de Johny Reyes. Il en était certain.

Petits secrets sur plateauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant