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Je pense être sincèrement maudite. Il est vrai que la journée d'hier n'avait pas été pire qu'après ma crise de colère et ma brûlure. Ce qui était pire, c'est que cette journée-ci n'allait pas être mieux que la précédente. Qui s'est présenté au restaurant de nouveau aujourd'hui ? Je serre les dents.

-Qu'est-ce que vous désirez ?

Je me forge un sourire aimable sur les lèvres alors que je sens encore la vive douleur à mon bras. Robin McGregor me fixe sans me répondre. Je commence à avoir des doutes quant à sa capacité à pouvoir parler.

-Quoi ? Je demande finalement.

Il penche légèrement sa tête sur le côté. Ca doit faire deux bonnes minutes que j'attends sa réponse sans qu'il daigne me la donner et ça me fait perdre patience. Puis, il sourit. Pas un beau sourire non, un sourire sournois. Claire à côté de moi soupire et jette un regard désireux à son sourire. Je dois être la seule à voir sa méchanceté.

-Un café.

Mes yeux se plissent. Il se fout de moi c'est obligé.

-Très bien je vous prépare ça. Oh et peu importe l'incident qui puisse arriver le café ne sera pas remboursé.

Je souris à mon tour, sous-entendant qu'une tasse pouvait si vite être tombée. Il arrête de sourire et paye son café avant de partir s'asseoir. Claire me donne un coup de coude alors je me tourne vers elle.

-Sois pas odieuse avec lui ?

-Odieuse ? Dis ça à mon bras, je lâche sèchement.

Elle souffle doucement puis me fait un drôle de regard.

-Quand même Hana c'est...Robin McGregor ! Dit-elle en finissant sa phrase en applaudissant.

Je range brusquement une tasse dans un placard. Je commence à en avoir marre d'entendre sans arrêt son nom. Je ne vais pas soudainement l'apprécier car monsieur est riche et sexy ou je ne sais quoi encore.

-Claire, il ne faut pas tout pardonner à un homme juste parce qu'il est sexy !

Elle pose sa tête sur sa main et semble réfléchir à ce que je viens de dire. Puis elle lâche un petit soupir et je la vois faire des yeux doux en regardant monsieur boire son café. Je lève les yeux au ciel et pars dans les cuisines en râlant. Nous sommes encore en début de matinée, il n'y a donc pas tant de charge de travail que ça.

-Qu'est-ce qu'il y a Hana ?

Je sursaute et voit Max adossé contre la porte de son bureau.

-Un client vous donne du souci ? Continu-t-il en voyant que je ne répond pas.

Je vois bien son sourire moqueur sur les lèvres et je soupire encore plus en croisant mes bras. Tout le monde n'avait pas arrêté de me charrier après ma crise d'hier, y compris le patron qui a toujours été très proche de ses employés.

-McGregor est un bon client s'il devient un habitué, tu le sais ça ?

Je détourne les yeux, toujours énervée.

-Hana.

-Quoi ? Sérieusement je suis censée le servir sans rien dire alors que mon bras tremble sans arrêt à cause de la douleur ?

-Tu peux rentrer chez toi. Repose-toi et au moins tu ne le verras pas.

Je réfléchis. J'aime bien mon travail, et le vendredi il y a Madame Rose qui vient, elle m'aime bien et on serait toutes les deux déçues si je pars mais d'un côté je ne peux plus voir la tête de l'autre...imbécile. Alors j'hoche finalement la tête tout en retirant mon petit tablier accrochée à ma taille et pars récupérer ma veste.

-Merci Max !

Je n'enfile pas la veste sur mon bras blessé et repars à la salle du restaurant. J'envoie un petit baiser à Claire qui me fait un signe de la main et je sors par l'entrée des clients du restaurant. J'habite pas très loin du restaurant ce qui me permet de faire un petit peu de marche pour rentrer. J'avoue que quand je rentre tard à minuit je ne suis pas trop rassurée mais je n'ai que quelques minutes de marche alors je prends sur moi. Pendant le trajet je cherche mes clés dans mon sac, car j'ai la fâcheuse habitude de toujours les perdre. Je fais tomber plusieurs choses sur le trottoir et râle de vive voix, me préoccupant peu des passants qui me regardent bizarrement. Je me baisse pour ramasser mon paquet de mouchoir et lâche un petit cri de satisfaction en voyant que mes clés s'étaient coincées dedans. Je referme mon sac quand je sens une main se poser sur mon épaule. Je me retourne brusquement puis soupire de soulagement en voyant un visage que je connais. Puis la colère m'envahit rapidement et je fronce les sourcils tout en remettant la sangle de mon sac sur mon épaule.

-Qu'est-ce que vous me voulez ?

J'observe monsieur Robin McGregor en face de moi et croise les bras de nouveau.

-Je pense que vu l'état de votre bras, la meilleure des choses à faire serait de m'excuser. Alors je m'excuse.

Je lève un sourcil, peu convaincu par cette nouvelle facette de l'homme en face de moi.

-Ca aurait été encore mieux que rien de tout ça n'arrive, mais personne n'est parfait n'est-ce pas, alors j'accepte vos excuses.

Il plisse légèrement les yeux puis souris doucement.

-Ne croyez pas que ça veuille dire quelque chose.

Je ne peux retenir un éclat de rire qui attire plusieurs regards sur nous.

-Oh mais ne vous inquiétez pas, c'est Claire qui est fan de vous, pas moi. Loin de là. Je ne connaissais pas votre existence avant ce fameux épisode des cafés. Ça vous rassure ?

Je vois un peu d'étonnement se peindre sur son visage mais il ne dit rien.

-Si c'est tout, je m'en vais. Bonne journée, dis-je poliment.

Il hoche la tête et fais demi-tour, silencieux. Cet homme est très bizarre, c'est tout ce que je retiens de cet échange. Croit-il vraiment que toutes les filles sont à ses pieds ? En voyant les passantes se retourner sur son passage et en me souvenant de la façon dont se comporte Claire alors...peut-être que oui, il le croyait. J'hausse les épaules montrant finalement que je ne m'intéresse que très peu à ce sujet et rentre donc chez moi, clé en main.

Je rentre tranquillement chez moi. A vrai dire ce n'est pas que «chez moi». Je vis en colocation avec ma meilleure amie Audrey depuis quelques années déjà. Elle travaille en tant que décoratrice d'intérieur et réussis plutôt bien dans ce domaine-là. Elle a redécoré notre appartement à sa manière ce qui le rend très convivial et agréable à vivre. Pour habiter au centre de la ville nous sommes tombées sur un véritable palace. Une chance. Je laisse mon sac dans l'entrée et pars dans la cuisine me faire un chocolat chaud avant de m'installer tranquillement devant la télévision. J'installe une série et en profite pour passer ma crème sur mon bras. Ma peau est rouge et plissée et ça me brûle constamment, comme une douleur sourde qui me lance dans le bras, ce qui le fait trembler. Ça a rendu le travail un peu plus compliqué niveau service justement. Mais je n'y pense plus, le mal est fait et j'ai reçu des excuses. Je ne sais pas si elles étaient vraiment sincères mais peu m'importe. McGregor n'est jamais venu avant alors je suppose qu'il ne viendra plus. Du moins je l'espère plus que ce que je n'y crois.

Coffee [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant