❝2 ꒰ 𝐛𝐮𝐫𝐲𝐢𝐧𝐠

315 30 178
                                    

✿ · ✿ ଽ 𝘪 𝘮𝘪𝘴𝘴 𝘺𝘰𝘶, 𝘪'𝘮 𝘴𝘰𝘳𝘳𝘺 ; ; ; 咲く】𖧷

﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋

La matinée avait été éprouvante. La brune avait eu beaucoup de mal à rester éveillée, tout comme certains de ses camarades. Le sommeil semblait bien décidé à la faire bailler toutes les cinq minutes. Résultat, l'adolescente avait mal à la mâchoire et ses yeux ne s'adaptaient pas à la correction de ses lunettes. Et maintenant, Se Ra avait enfin droit à une pause. Alors, c'est tout naturellement que sa joue rencontra son pupitre. Ses yeux se fermèrent comme deux plaies qui ne saignaient plus.

Une bulle de chaleur engloutit son corps du monde extérieur. Quelques bribes du chant scolaire atteignait ses oreilles. Mais elle ignorait le bruit, se concentrant davantage sur chaque seconde qu'elle usait pour recharger ses forces.

Et lorsque la transe s'abattit sur ses épaules, des souvenirs vinrent attiédir son cœur. Les souvenirs de sa candeur. Un sourire se crayonna dans la léthargie de ses pensées. Elle se souvenait de la première fois qu'elle tomba de son vélo. Elle se souvenait du jour où elle s'était cassée le bras. Elle se souvenait de son meilleur ami qui avait orné son plâtre de petits mots et de dessins. Elle se souvenait de son piano électrique. Elle se souvenait du jour où elle avait réussi à jouer un morceau sans se tromper, bien que le rythme fût tout à fait catastrophique. Elle se souvenait du premier livre qu'elle avait dévoré. Elle se souvenait de la première chanson qui l'avait faite pleurer. Elle se souvenait de son amour pour le soleil et la lune. Elle se souvenait de son affection pour la vie. Elle se souvenait de ses premières bonnes notes. Elle se souvenait des concerts qu'elle organisait dans son bain.

Elle se souvenait de la mort de ses yeux.

Le décès du reflet de son âme.

Un pétale s'était lentement détaché du coin de son œil. Il avait glissé sur l'atmosphère de ses joues pour tomber bruyamment au sol, comme s'il cherchait à briser l'univers de son corps. L'hiver s'était empressé de s'installer dans son monde, et, dès cet instant, une vague de pétales fût arrachée de ses orbes scintillantes. Le regard de la brune fût nu et tremblant. Ses iris avaient tressailli au contact glacé de l'espace qui l'entourait. Ce jour-là, la candeur de ses yeux était morte. Et un monde cruel et violent trancha ses idéaux en mille morceaux. Ses yeux d'enfant qui transformaient chaque horreur du monde en un merveilleux délice chimérique furent vaincu par une réalité qui n'eut aucune pitié envers la pureté de la brune. Et, dès lors, son univers capitula face à celui des adultes.

La mort de ses yeux marqua une évidence qu'elle aurait préféré ne jamais comprendre.

Les plaies de ses prunelles se rouvrirent. Se Ra observa son pupitre tandis que ses poings se serrèrent. Finalement, la nostalgie était un manteau qui ne lui allait pas. A la place, une certaine tristesse s'installa sur ses épaules, chatouillant sa gorge, lui donnant la cruelle envie de sangloter. Toutefois, elle chassa son chagrin et se pinça violemment le poignet. Ses ongles se plantèrent dans son épiderme, et la tristesse s'évapora de son petit minois. La brune sondait cruellement le tableau, cherchant à le transpercer de toute sa frustration. Sa dignité ne lui permettait pas d'exposer ses émotions, mais un trou béant s'installa dans son cœur. L'adolescente déglutit afin de plonger la boule qui démangeait sa gorge dans son estomac. Le vide l'étouffait car à trop tenter d'ignorer son chagrin, l'inanité la dévorait.

Dans la décadence de sa transe, Se Ra sentit ses ongles se vernir de son sang. Elle observa son œuvre, presque désemparée. Bien que l'adolescente savait qu'elle ne devait pas se blesser ainsi, parfois, sa dignité lui dictait de commettre des absurdités. Se Ra passa sa main sur son front. Elle avait l'air si misérable. Elle était isolée dans le coin de la classe, tentant de ne pas succomber aux armes désastreuses qu'étaient l'art de ses larmes. Puis, aussi naturellement qu'une vague caressant le sable, un léger sourire se peint sur ses lèvres. Cette vieille habitude vociférait sa conscience, mais parfois, l'ego en valait plus.

𝙎𝙄𝙉𝙂 𝙁𝙊𝙍 𝙈𝙀 ; 𝐣.𝐣𝐤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant