Jason attendait Eléonore au pied de son immeuble. Il savait que, lorsqu'elle lui avait donné son adresse, elle ne supposait pas que ce serait pour qu'il la suive.
Mais quelque chose avait changé hier, il le savait. Défis ou pas, il ne pouvait pas la laissait couler. Il n'était pas méchant au point de la sacrifier pour son plaisir. Elle avait besoin de quelqu'un sur qui comptait et si elle pensait qu'il était de confiance et bien, soit, il serait cette personne. Il jouerait son rôle un peu plus longtemps et peut-être que, à long terme, elle tomberait dans ses bras... C'était bénéfique pour lui aussi, après tout. Mais il ne pouvait pas briser la règle qui s'était instauré toute seule: Ne pas reparler des conversation muette le lendemain. Les révélations du soir restaient emprisonnées dans les petit cellulaire qui' ils possédaient. Alors, elle n'avait rien à craindre, il ne parlerait pas, n'enfoncerait pas le clou....
Il lui attrapa le bras et la retourna. Elle n'exprima même pas un air surpris.
-Bonjour, Jason.
-Eléonore....
Il prononça son nom avant de se rattraper et d'utiliser son surnom. Elle avait froncé les sourcils, notant son léger malaise. Il la vit lever les yeux au ciel, comme une adolescente à la recherche d'autorité mais lorsque ses yeux se reposèrent sur lui, leurs couleurs glacées lui fit froid dans le dos. Il se rendit compte alors que leurs couleurs habituelles lui manquaient cruellement.
Le rebelle cherchait à voir à travers la carapace qu'elle se construisait, lentement mais sûrement depuis probablement quelque années. Il n'était pas contre, en réalité. L'armure qu'il s'était créé, lui, l'avait beaucoup aidé. Le tout, c'était de laisser certaines personnes se glisser à l'intérieur....
C'était pour cela que Jason, autant dragueur et grand gueule qu'il était, ne pouvait s'empêcher de parler à sa mère de ses problèmes. Elle était un peu ce qui le protéger de la folie. Il n'avait plus vraiment d'amis sur qui compter. Brian était sympas, l'équipe de foot également.... Mais ce n'était pas des amis.
Il se demanda si Eléonore avait d'autre amis que Kinaé. Elle lui avait avoué ne pas s'appuyer sur elle comme sur une sœur mais alors, sur qui cette fragile timide se reposait-elle?
Il se reprit mentalement :Rouquette n'était pas faible. Peut-être faisait-elle semblant ou alors elle s'en était convaincu, à force de le penser. Peut-être que sa mère était la source du problème. Il savait qu'il était important, pour une fille, de partager ses expériences et ses premières fois avec sa mère. Alors, oui, cela aurait pu la déstabiliser.
Mettant ses pensées de côté, il lui sourit et regarda peu à peu la noirceur quitter les yeux de sa Rouquette.
-Je me demande si Monsieur Cassin va nous coller un autre de ces devoirs horribles.
-Possible, Beau Ténébreux.
-Ah ! J'adore ! Bon, tu viens?
-D'accord. On a qu'à faire la route ensemble, j'imagine...
Jason lui saisit galamment le bras et commença le chemin. Après avoir vu sa façon royal de marcher avec elle, elle rigola et Jason sourit malgré lui. Il avait cru ne plus entendre ce son cristallin pendant plusieurs jours.
Une voiture passa et éclaboussa les pans de son jeans. Elle jeta un regard avant d'hausser les épaules et de continuer sa route. Jason ne put s'empêcher de penser à ce que ses autres "défis" auraient fait. Elles auraient crié, auraient exigé de retourner se changer.... Mais sa Rouquette semblait vouloir terminer la journée ainsi, avec de la boue qui remontait jusqu'à la moitié de son mollet. Mais il savait depuis longtemps que sa Rouquette était spéciale.... Et il réalisa qu'Eléonore lui manquerait si elle sombrait. Leurs conversations lui laisseraient un vide, le soir. C'était fou comme ces petits échange de SMS prenait peu à peu de l'importance dans sa vie... Enfin, ce n'était pas vraiment le fait de lui parler qu'il aimait. C'était de voir que cela aider la jeune fille à avoir confiance en lui, à lui révéler des secrets... N'est-ce pas?
Il ne l'avouerais jamais, même sous la torture.... Mais Eléonore prenait de la place dans sa vie. Non, il ne l'aimait pas.... Enfin, si, il l'aimait bien. Mais il n'en était pas amoureux. C'était une amie.... Et un défis. Il ne devait pas oublier qu'il trainait avec elle pour le défis.
Le défis avant tout....
Pourtant, il avait pris l'habitude de poser son téléphone à côté de sa table de nuit. Juste au cas où il s'endormirait avant qu'elle n'envoie le premier message. Il sentit son regard sur lui et tourna la tête vers elle. Leurs yeux se fixèrent pendant un bref instant. C'était toujours fascinant pour lui, de contempler ses yeux bicolores. Il entendait souvent Vanessa paillait comme quoi ils étaient trop originaux, trop diabolique.... Il aimait bien la différence, lui.
-À quoi tu penses?
-Je me dis que ma Rouquette sans ses yeux vairons, ce ne serait pas la même chose.
-Essayerez-vous de me complimenter, Monsieur Parker?
-Pour rien au monde je ne voudrais vous tromper, Mademoiselle Coop. Mes pensées sont sincères.
-J'ai eu l'espoir, pendant un court instant, que tu avais laisser le Jason-Séducteur à la maison.
-Désolés Chérie, je ne me sépare pas de la meilleure part de moi.
-J'aimerais tant, certaines fois, que tu empêches les mots de quitter tes amygdales!
Un silence s'installa. Et c'était bien, comme ça. Il aimait le fait qu'elle soit si détendue avec lui. D'un geste machinal, il saisit son IPod et lui tendit un écouteur qu'elle prit sans rechigner. Il regarda quelle musique choisir et opta pour une mélodie douce qui ne comptait comme seul instrument, un piano à queue. Ce n'était ce qu'il avait de plus dans son répertoire mais il aimait écouter une musique de ce genre de temps en temps. Le calme perdura sans qu'aucun des deux ne tentent de le briser. L'un à côté de l'autre, marchant sur le trottoir, le monde leur semblait loin. Le garçon ne voulait pas atteindre le lycée et que ce chemin se termine, ce petit moment volé au temps. Il oublia de se concentrer sur la route et se concentra sur sa camarade, observant la courbe de sa nuque joliment dessinée et ses cheveux qui flottaient dans le vent comme des flammes ardentes animées d'une volonté propre. Bientôt ce serait l'hiver et déjà, il pouvait voir des feuilles mortes voltigeaient dans le vent. C'était même étonnant qu'il n'ait pas encore de neige en ce début décembre.
-Ma mère est morte il y a trois ans. Je sais que je me suis emportée hier. Je n'avais juste pas envie de t'en parler. Parce que.... Parce que ça reste récent.
L'adolescent observa la jeune fille à ses côtés mais cette dernière ne tourna jamais la tête vers lui. Il s'aperçut des larmes naissantes au creux de ses yeux et une panique s'empara de lui. Il n'était pas doué pour consoler les gens. Encore moins les filles. Les draguer, les complimenter, c'était dans ses cordes.... Mais dès qu'elles se mettaient à chialer, il s'éclipsait en douce.... Seulement, il ne pouvait pas laisser Eléonore. Alors, il passa un bras autour de son épaule et la pressa contre lui. Il s'arrêta de marcher et fit semblant de ne pas voir qu'elle essayait de se dégager. Jason se contenta de la serrer fort sans oser la regarder jusqu'à sentir que ses bras hésitants, minuscules, se renferment sur lui, le frôlant à peine. Il ne voulait pas vérifier s'il avait réussi à lui faire oublier sa tristesse, si les larmes ne les menaçaient plus. Il ne voulait pas la laisser. C'était son amie, même s'il ne le savait probablement pas. Au bout de quelque temps, elle s'écarta délicatement de lui, un sourire gêné sur les lèvres et surtout, une belle teinte tomate. Ils rentrèrent dans le lycée et partirent chacun de leur côtés sans daigner un regard vers l'autre. Comme s'il n'y avait rien eu. Comme s'ils ne s'étaient pas enlacé, comme un couple, en pleine rue. Jason culpabilisa de ne s'être assuré qu'elle allait bien. C'était la première fois qu'il enlacé une fille sans arrière pensée. Peut-être aurait-il dû la retenir, rentrer avec elle?
Mais il mangeraient ensemble, de tout façon.
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Timide (sous contrat d'édition)
RomanceDiscrète, discrète, discrète... Parce que c'est tellement plus facile de fuir le jugement des gens plutôt que de l'affronter en face. Réservée, réservée, réservée... Parce qu'elle se sent tellement mieux en faisant comme si rien ne s'était passé. ...