2_"T'aimes être près du chauffage, c'est ça?"

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Tyler déambulait dans les couloirs de l'université, un immense sourire aux lèvres. Prinston était magnifique, les amphithéâtres étaient impressionnants. Les professeurs étaient tous des génies à leur manière, et le garçon ne s'était jamais autant senti à sa place depuis la mort de Leo.

Il se perdait parmi les milliers d'étudiants, il n'était qu'une fourmis et au fond, il y avait quelque chose de rassurant à ça. Lorsqu'on vous avez mis à part toute votre vie, l'immensité de la foule était apaisante. Il posa une main sur son sac en bandoulière et avança d'un pas rapide jusqu'à son prochain cours.

Il ne sentit qu'après la douleur cuisante dans ses côtes lorsqu'une silhouette lui fonça dessus à toute vitesse. Il prit quelque temps à remarquer que, si lui n'était pas tombé, la jeune-fille devant lui se retrouvait un bon mètre plus bas. Lorsque ses yeux chocolat se plantèrent dans ceux, très verts, de l'étudiante, il reçut un regard noir qui l'effraya plus que jamais.

-Tu ne savais pas te bouger, pauvre crétin?!», l'apostropha-t-elle alors qu'il virait au cramoisie.
-Je... Je....»,commença-t-il à bégayer avant de se taire face au visage de plus en plus rouge de l'autre.

Et au fond, Tyler était un peu choqué. On l'avait traité de beaucoup de choses dans vie, mais il devait avouer que ce surnom était une nouveauté. Le Fayot, L'intello, le Richosse... Et même la Cervelle, plus récemment. Mais alors là, se faire traiter de crétin alors qu'il était surdoué, non, on ne lui avait jamais faite. Il aurait pu sourire si la jeune-fille en face de lui ne semblait pas aussi en colère.

-Tu comptes te bouger un jour?», lui rétorqua-t-elle d'une voix impatiente  et Tyler revint brutalement à la réalité.

Il rougit d'autant plus lorsqu'il vit que la jeune-fille avait croisé les bras sur sa poitrine et qu'elle semblait de plus en plus en colère. Il jeta un coup d'œil au tas de feuilles éparpillées partout autour d'eux et se baissa rapidement pour l'aider à les ramasser.
Après un léger coup d'œil en coin, il vit que l'étudiante semblait rassembler les feuilles de son côté. La colère semblait avoir quitté ses traits pour une épaisse amertume face à l'état de ses cours.

-Je... Je pourrais peut-être t'aider à... Je... Compléter?», proposa-t-il maladroitement en passant une main derrière sa nuque alors que la demoiselle remettait soigneusement ses feuilles un peu déchirées dans son sac.
-Je suis en deuxième année. Et toi, vu ta tête de déterré, tu viens d'arriver. Réussie déjà ta première année, crétin, cracha-t-elle avant de se relever brusquement.

Et Tyler aurait pu parier qu'elle avait le coeur gros d'avoir semé la moitié de ses cours dans les couloirs, et d'en avoir perdu le quart. Il avait survolé quelques feuilles qui étaient passées entre ses mains, et cette fille semblait être en médecine, elle aussi.

-Je pourrais t'impressionner, insista-t-il sans réellement savoir pourquoi.

Il s'était juré de ne plus jamais approché de filles depuis l'année passée. Il avait même songé à finir moine, pour éviter d'avoir à nouveau le coeur déchirer en lambeaux.

Il était timide, il avait dû mal à accorder à nouveau sa confiance. Il était un peu endommagé, il était aussi un peu fauché et Kinae était le seul membre de sa famille à qui il adressait encore la parole. Autrement dit, il avait des problèmes par-dessus la tête pour en plus se rajouter ceux d'une inconnue.

-Tu sais, crétin, on est tous impressionnants. On vient ici en pensant qu'on sera les meilleurs de notre promo, qu'on fera la fierté de nos parents et que les examens ne seront qu'une formalité. Puis tu te pointes dans ton premier amphithéâtre et tu comprends que tu vas merder ton année. Si tu veux un conseil, accroches-toi avec un putain de moral d'acier, parce qu'ici, c'est la fin de tes illusions, souffla-t-elle avec rancœur alors que ses yeux s'embuer.

Timide (sous contrat d'édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant