1. Eléonore

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Nous côtoyons des anges tout les jours sans le savoir- Frédéric Beigbeder
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Je passai une main sur mon ventre, essayant vainement de diminuer mon mal de ventre.
Après tant d'année, j'aurais dû m'habituer aux rentrées scolaires. Pourtant, je les appréhendais un peu plus à chaque fois.

J'avais horreur du changement, des nouveaux professeurs qui ne se rappellent jamais de mon prénom, des nouveaux élèves du sexe opposé qui essayent de me draguer, avant d'abandonner.

D'un geste rendu brusque par le stress, je coiffais mes longs cheveux roux avant de continuer de me préparer. Au loin, j'entendis du bruit hors de ma chambre: Thania, la nounou de mon petit frère, venait probablement d'arriver.
Je pris mon sac à dos, piquai une pomme au passage et embrassai Kyle avant de partir en courant.

Non, je n'étais pas en retard. Je ne pouvais tout simplement pas arriver comme chaque élève et me sentir oppresser par la foule. Je ne supportais pas les grande rassemblées, les bruits de fond qui vous brise les oreilles et les coups que les autres vous donnent en essayant de sortir du troupeau. Cette atmosphère étouffante me mettais mal-à-l'aise.

En franchissant la grille du lycée, je remarquais que presque personne n'était là, sauf quelques premiers de classe ou des nouveaux de seconde qui stressaient encore plus que moi....
Je partis me réfugier dans la bibliothèque, seul endroit où je pouvais me cacher sans que personne n'ose me déranger ou que ma meilleure amie, Kinaé, ne vienne me chercher. C'était peut être dû à son allergie aux livres et aux devoirs car cela ne la gênerait nullement de crier après moi comme une folle si c'était dans un repère de jeux vidéo, un café ou un centre commercial.

Ce qui avait de bien avec Kinaé, c'est que jamais elle ne m'avait jamais jugé, ou défini de timide. Pour elle, j'étais une personne qui préférait conserver ses émotions, ses paroles ou ses regards, pour les personnes qui en valaient vraiment la peine.
Elle avait supporté mes bégaiements jusqu'à ce que je me détende et formule des phrases correctes. C'était ma seule copine et, devant le nombre de prétendante au titre, c'était également ma meilleure amie. En réalité, nous ne passons pas beaucoup de temps ensemble.

La sonnerie retentit, à peine avais-je franchi la porte de la classe qu'une masse se jeta sur mon dos et posa ses deux mains sur mes yeux.

-Qui est-ce ?
-Hmm.... Benjamin Franklin ? Whitney Houston ? Miley Cirus ?
-Beurk ! Non, pas à elle !

Son rire cristallin résonna dans la classe alors que le professeur de biologie franchissait la porte du local à son tour. Elle s'installa à côté de son petit ami, Justin, un brun au yeux noisette qui ne m'avait jamais adressé la parole. Il ne m'aimait pas et je savais qu'il faisait constamment pression sur elle pour qu'elle me lâche. Il essayait de la faire choisir entre lui et moi... Parfois, je craignais même qu'il ne finisse par réussir.

Je me retournais vers elle, sur ses cheveux blonds coupés en carré plongeant qui encadraient ses yeux vert émeraude. Elle était petite, à peine 1m50 environ!

-Mademoiselle Elinoue est priée de garder ses yeux de chats sur son cahier pour éviter une crise de panique dans la population!

Je reposais mon regard sur ma feuille. Mes yeux avaient toujours été une source de malaise pour moi qui aimait me faire passer inaperçue. Comment paraître ordinaire avec des yeux que seul quelque personnes au monde possèdent? Des yeux vairons qui obligeait la majorité des gens à baisser les yeux lorsque je soutenais leurs regards. J'avais fini par comprendre que c'était à moi de fixer mes converses. L'œil gauche Vert, l'autre bleu.... En primaires, on me surnommait la Sorcière... Mais la vérité, c'était qu'en primaire, je ne me préoccupais pas du regards que me portaient les autres.

Un bruit sourd se fit entendre et la porte s'ouvrit en grand sans que je ne lève les yeux de mes gribouillis que j'aimais appelé "Dessins".

-Ah ! Vous voilà enfin, Monsieur Parker ! J'allais justement distribuer l'emploie du temps. Que ce retard soit le dernier, compris?
-Il y a des promesses qui ne savent pas être tenue, Monsieur.
-Vous êtes bien odieu, pour votre premier jour!
-Que voulez-vous? Le sarcasme coule dans mes veines.
-Allez vous asseoir si vous ne voulez pas être collé samedi!
-Ah nan, faudra décaler, j'ai un rendez-vous avec votre mère.

Le rire s'éleva dans la classe et je daignais enfin relever les yeux vers le garçon qui se tenait devant la classe, un nouveau, sans aucun doute... Il avait ce petit sourire insolent au coin des lèvre et je remarquais que la plupart des filles de la classe le regardaient, oubliant les autres garçons. C'est vrai qu'il était beau mais plus que ça, il dégageait un charisme et une assurance qui poussaient les regards à se poser sur lui.

J'aurais aimé dire que nos yeux s'étaient croisés, qu'il m'aurait adressé un clin d'œil et que j'aurais rougi comme dans ces fictions clichées que je lisais le soir avant de dormir. Mais la vérité était, qu'à peine après l'avoir regardé, je reposais mon regard sur ma feuille. Dans ma tête, je ne pouvais m'empêcher de revoir sa silhouette élancé, ses épaules larges, ses cheveux noirs dont quelque mèches rebelles tombaient sur son front, son teint hâlé et Enfin, ses yeux bleus.... Ses pupilles perçantes ne s'étaient pas posé sur moi et pourtant, l'intensité de leur éclat m'avait mise mal-à-l'aise.

Je repris consciences lorsque la chaise à côté de la mienne bougea et qu'une trousse fut jeté sur le banc.

-Jason Parker. Enchanté....?
-Eléonore Coop.

Il me sourit et j'aurais aimé en faire autant mais quelque chose en moi était bloqué. J'avais peur d'ouvrir la bouche et de bégayer. Le professeur reprit son cours et j'essayais tant bien que mal d'ignorer la présence du nouveau à mes côtés ou alors, le regard de plusieurs personnes de sexe féminin qui commençaient à me haïr...

Au bout d'une heure, le professeur quitta la salle et c'est le professeur de math qui prit le relais. Au début, j'avais un peu du mal à m'habituer que ce soit les adultes qui courent dans tout l'établissement à la place des élèves mais Kinaé m'avait appris que trop de sécheurs en avaient profité et que la directrice s'était montrée inflexible, depuis.
Je poussais un profond soupir en voyant les équations à résoudre. Je brisais à moi seule le mythe de la parfaite timide intelligente et douée qui ne ramassait qu'un tas de bonnes notes. Si j'avais la moyenne en science, j'étais au Paradis. De toute façon, mon père avait assez de problèmes pour que je lui rajoute des échecs scolaires. Il y avait des limites à l'égoïsme.

-Ce sera évalué, prenez cela comme une interrogation surprise !
-Prof de mes deux. Je vais te faire ravaler ta feuille, on va voir comment tu le prendras, souffla Jason

Peut être était-ce parce qu'il était nouveau ou alors parce qu'il dégageait une assurance extraordinaire mais je pouffais de rire, enfouissant la tête dans mon coude. Mon voisin se retourna vers moi, légèrement surpris.

-Alors tu parles ?

J'hochais timidement de la tête parce que, même si je ne connaissais pas grand chose de lui, ce Jason était impressionnant.

-Et aligner plus de trois mots, ça t'arrives aussi ?

Je remarquais le regard de Kinaé qui essayait de me faire lire sur ses lèvres. Plus pour être tranquille que parce que je ne la comprenais pas vraiment, je levais un sourcil en signe d'incompréhension.

-Elle est en train de te demander de tout lui raconter à l'heure du midi...

La sonnerie retentit et je remarquais que deux équations sur dix étaient resté sans réponse, à cause de ma distraction.

-T'inquiète pas, il abandonnera vite son idée de contrôle surprise en voyant les résultats de la classe.

Je me tournais vers lui, surprise qu'il puisse savoir mes pensées. Il s'apprêtait à continuer la conversation mais je rassemblais rapidement mes affaires, lui fit un signe de tête et sortit. Même si on ne changeait pas de local, je prenais toujours mon sac pour les pauses. Et là, j'avais réellement besoin d'air.

Timide (sous contrat d'édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant