Ramatoulaye Ndao.
Je me sentais mal, mal d'avoir été indiscrète au point d'entendre ces mots de mes beaux-parents. Où avais-je donc fauté pour mériter un tel acharnement de leur part ? Que leur avais-je fait ? Ne pas avoir d'enfants dans mon ménage méritait-il ce fanatisme ? Et lui. Oh mon Dieu ! Il s'était remarié sans au préalable m'en tenir informé. Son comportement ne me choquait guère, mais il oubliait vite...
Depuis le commencement des magouilles de ses parents, j'avais espéré. Espoirs qui se sont envolées un bon jour lorsqu'il avait cru sa mère, elle, au lieu de moi, sa femme. Il n'y avait de jours où l'on se couchait sans se dire bonne nuit mais ce jour-là, il m'a montré son dos, et c'était la première fois ; je me suis tue. Deuxième fois, il m'avait trouvée entrain de presque m'arracher les yeux avec sa sœur, il m'avait réprimandée sous l'œil satisfait de celle-ci, je me suis tue. La troisième fois, ce saligaud qui lui servait de père avait presque failli me violer, il a fermé les yeux sur cet épisode, m'avait traité de menteuse et je me suis encore tue... Il découchait, rentrait à pas d'heure, m'insultait, et regardait sa parfaite petite famille me frapper. Récemment, sa petite sœur Adja avait touché le fond en me jetant le fer à repasser qui avait malheureusement atterri sur mon pied droit. Il n'en avait fait aucun commentaire et je m'étais encore tue... Pas une fois, j'avais pensé à quitter cette famille mais je n'avais nulle part où aller. Mon père se démenait comme un malade pour assurer une belle vie à mes petits frères et sœurs, et je l'y aidais comme je pouvais. Ma mère souffrait d'arthrose et je n'avais jamais pensé à aller lui demander de l'aide, mais cette fois-ci, j'étais au bout.
Je suis avec lui mais pas réellement avec lui. Tous les efforts qu'il faisait au début de notre relation sont morts. Pas de paroles rassurantes, pas de motivations, juste cette personne terne qu'il est devenu. Je ne suis plus sa priorité ni ce qui suit ses priorités, mais j'étais restée à attendre encore et encore... J'avais envie de tout plaquer, de le détester de tout mon âme mais je n'y arrivais jamais, j'en suis incapable. J'ai beau essayé, tout tenté en vain, je n'ai jamais réussi. Il est ancré au fond de moi. Et d'ailleurs, je savais qu'il m'aimait toujours, ce genre de chose se ressentait... Je surprenais les regards qu'il dardait en moi lorsque je m'affairais dans la chambre, je sentais ses baisers la nuit lorsqu'il me croyait endormie, la pitié que j'interceptais dans ces yeux qui me faisaient frémir avant... Tout ! « Li ko teug tassouko » avais-je envie de crier à tue-tête mais hélas, il y avait plus fort que notre amour.
J'étais au fond du gouffre. J'avais tout délaissé pour lui ; ma famille, mes amis...tout y était passé. La seule chose qui m'avait permise de tenir était le boulot, je m'y plaisais et m'y tuais sous le regard haineux de ma belle-famille qui, sans surprise, avait demandé à mon mari de m'interdire à continuer. Et c'était la première fois que j'avais tenu tête à Issa ; mon père n'avait pas dépensé des milliers d'argent pour me voir devenir femme au foyer...
Je m'étais assoupie quelques minutes plus tard ; mes réflexions m'avaient menée aux bras de Morphée. Je sentais des caresses sur mes jambes, mais c'était trop doux pour m'extirper de mon sommeil. Pourtant, j'avais fermé la porte à clé. Et si c'était mon beau-père ? Il n'en fallut pas plus pour que je sursaute et tomber sur les yeux de mon mari qui me fixait avec tendresse. Hum ! Depuis quelle siècle n'avais je pas eu droit à ce regard ? Il s'approcha et me fit un bisou en pleine bouche tout en me caressant la joue. Il me prit dans ses bras et c'était le signal qu'attendaient mes yeux pour faire sortir cette excrétion salée sur mes joues. J'oubliais tout... Tout ce qui s'était passé durant ces derniers mois, j'avais l'impression d'avoir retrouvé mon Issa, celui pour qui j'ai sacrifié la vie au risque de lui plaire.
Durant ce laps de temps, mon cerveau se repassait les prémices de notre histoire : de notre rencontre jusqu'à notre mariage. Je me ressassais les moments passés ensemble, bon comme mauvais. Arrivé sur la gifle de ce matin et la conversation que j'avais surprise, il fit un blocage comme pour me rappeler l'énorme bourde de mon mari... Je repousse ce dernier de toutes les forces qui me restait et m'éloignait de lui comme s'il était le diable en personne. Il semblait surpris de mon revirement de situation.
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À divorce près
Narrativa generaleAmour, mariage, divorce ! Que de mots ! Il y a plus profond dont, même les âmes les plus enfouies ne sauraient définir. Ici, il y a Ratou et Issa dont le mariage fondé sur un amour sincère parachève à un divorce...