À divorce près

Partie 8

Ma secrétaire m'avait annoncé la visite impromptue d'une femme dont le nom ne me disait rien. Néanmoins, avec le trop de travail que j'avais ce jour, je l'acceptais dans mon bureau. Une très belle jeune femme, au teint caramélisé et aux formes très... généreuses (elle faisait mon double, je vous l'assure) fit son entrée. Elle s'avança vers moi et me tendit la main.

– Ramatoulaye Ndao, n'est-ce pas ? Je suis Seynabou Almamy Fall.

J'acceptais sa main et lui demanda de s'installer sur le fauteuil d'en face. Je n'avais pas l'intention de m'éterniser avec elle du moment que je ne la connaissais pas ; je lui demandais ce qui la ramenait dans mon bureau.

– Je suis désolée de t'avoir interrompu mais il s'agit d'un cas de force majeur... D'abord, je suis enchantée de te rencontrer enfin, même si je ne suis pas là pour faire ami-ami.

Je n'aimais pas sa manière de s'exprimer, elle semblait audacieuse et très directe. Je ne lui reprochai pas le fait qu'elle m'ait tutoyé alors que c'était la première fois que l'on se voyait.

– Je ne sais pas si Tapha t'a parlée de moi... Enfin, bref. Je suis venue me présenter officiellement à toi en tant que sa fiancée...

Tapha, c'était Diané, mon boss. Il s'appelle Moustapha Diané mais les gens du bureau se plaisaient à l'appeler Diané et je me suis fondue dans la masse... Et même, je ne comprenais toujours pas la visite de cette femme et de sa présentation en tant que "fiancée officielle".

– Ma visite peut te sembler bizarre mais je crois avoir assez entendu ton nom pour que je puisse me méfier de toi. Je ne suis pas une tapette, loin de là mais il vaut mieux assurer ses arrières et dans ce cas ci, tu es mon arrière...

Je ne comprenais toujours pas mais l'écoutais débiter ces choses devant moi.

– Ratou, mon homme parle beaucoup de toi... En bien, oui, mais cela se ressent franchement dans ses propos qu'il aimerait que tu sois autre chose que son employée... Si tu vois ce que je veux dire. Et moi, c'est tout ce que je veux éviter, j'ai confiance en lui, mais pas en toi car je ne te connais pas... Éloigne toi de lui. Pour son bien et le tien aussi... Termina-t-elle avec un regard incendiaire.

Un sourire se dessina sur mes lèvres. Je n'allais pas lui répondre, ce serait lui donner une grande importance ; ce qu'elle ne méritait pas.

– Si vous avez fini mademoiselle Fall, j'ai une tonne de dossier à traiter, lui disais-je en indiquant la porte.

Sa mine se décomposa. Je voyais clairement dans ses yeux qu'elle ne s'attendait pas à ce que j'esquive sa requête. Malgré tout, elle se releva, suivit la direction que je lui pointai du doigt et disparut de ma vue. J'avais assez de problèmes avec moi, je n'allais pas non plus en rajouter avec une fiancée qui manquait d'attention. Ceci, j'en toucherai deux mots à Diané, sinon, elle aura le cran de revenir ici un autre jour...

Les jours passaient, et encore, rien d'intéressant ne s'était produit. Je m'étais robotisé au rythme du boulot-maison-boulot. Je n'avais plus le temps pour moi ni pour ma famille.

Safiétou était toujours présente dans ma vie et occupait de plus en plus la place de soeur dans mon cœur. Nous faisons désormais, depuis le séminaire, équipe et notre duo en jetait. Nous avions toute deux le même objectif, hisser cette entreprise au rang des meilleures et notre travail n'était pas vain ; Diané ne cessait de nous tarir d'éloges.

Un jour, il est venu me trouver dans mon bureau pour me confier un travail disait-il.

– J'ai un dossier à te donner, pas trop occupée j'espère ?