3. À ma destinée, (3)

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Des aurores boréales super chelou sur l'eau ? Nom de Dieu, Daire, ça t'amuses, de me faire sauter la tête ?

— Mais je te jure sur la tête d'Irvin que c'est vrai !

— Quoi ?! Maman, t'as entendu ? s'offusqua aussitôt celui-ci d'une voix geignarde, mais aucune de nous deux ne lui prêta attention.

— Pourquoi est-ce que je sortirais un truc aussi naze, si j'avais vraiment voulu mentir ? poursuivis-je. Crois-moi, moi même j'ai encore du mal à réaliser ce que j'ai vu, j'ai failli me chier dessus, dans cette forêt glauque de cette ville... maudite !

Et voilà que ma colère familière reflua en moi d'un seul coup, telle une montée écrasante de lave. J'aurais pu rajouter tout un chapelet d'injures, mais je me retins dans un dernier élan de maîtrise. Je ne pouvais pas franchir cette limite-ci.

Face à ma fureur, l'hostilité dans le regard de ma mère se fit vite remplacer par une expression lasse et indifférente, ce qui me glaça le sang. Sa colère, qui constituait une forme peu adéquate de réaction m'était largement préférable à l'expression atrocement calme et inflexible qu'elle arborait quand je lui évoquais le sujet fameux du déménagement. Son flegme était intouchable ainsi, et aucune de mes paroles ne parvenaient à le décrocher.

— Et rebelote... se lamenta-t-elle dans un nouveau ton calme, les yeux fuyants. Mais quand est-ce que tu vas enfin grandir, Daire ? Tu t'écoutes, au moins ? Tu as vu l'état dans lequel tu es ? Regarde toi ! Je suis sûre que tu sais à quel point tu es ridicule... et ingrate ! Cela fait trois ans, trois ans que tu te plains, trois ans que tu t'obstines à ne plus en finir avec ce sujet, tu n'en as pas marre comme on en a tous de tes idioties ?

— Marre ? répétais-je dans un rire mauvais. Oh non, maman, je ne serai satisfaite que lorsque je serai à mille pieds de ce trou, sous terre ou loin d'ici, je m'en fiche. Et c'est pour ça que je ne grandirai jamais, tu m'écrase tout le temps ! Mais s'il... si...

Ma voix se brisa. Pas une once de réaction ne fléchit son regard acéré. Rien.

Je flanchai et me retournai, me précipitant dans ma chambre, avant que les larmes pressantes ne franchissent le joug de mes yeux brûlant de déverser leurs peines devant elle...

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Et merde. Je pensais sincèrement que cette journée ne se terminerait pas par une session chialements comme tant d'autres. Je pensais sincèrement me débarrasser de mes peines en prévoyant mes solutions, en ayant espoir qu'un jour, peut-être, je réaliserai mes rêves.

Peut-être que j'étais un tantinet dramatique, en fin de compte. Et l'état de crasse dont j'étais captive n'était certainement pas bénéfique à mon humeur de toute manière.

Je séchai les quelques larmes traîtresses qu'avaient coulées et me ressassai ma journée. Je grimaçai, esquissant un sourire mi-gêné mi-amusé. Comme j'y réfléchissais, j'étais, malgré toutes mes conneries, parvenue à passer une journée un peu moins chiante et monotone des autres. Ce fut techniquement un bon gros paquet de bêtises pour ma victoire mesquine.

J'étais quand bien même supra débile de chercher les ennuis pour divertir et calmer mon ego disproportionné. M'enfin.

L'image de nos nouveaux voisins se bouscula soudain dans ma tête, et mes pensées dérivèrent bientôt vers le jeune homme dans le noir. Je décidai de l'appeler The mist boy.

Pourquoi tu fais la bilingue, idiote ? chantonna le côté maléfique de mes pensées. Aucune foutue idée. Ça sonnait bien avec son aspect mystérieux.

Ma curiosité était à vif de découvrir la tête qui pesait sur ses épaules musclées. Mais bon. Je savais que la réalité ne pouvait pas voler aussi haut que mes expectations.

M'avait-il vu, lui, d'ailleurs ? Je n'espérais pas.

— Nom d'une merde, m'exclamais-je face à mon reflet penaud dans les salles de bain.

Laisser ma tête au sort du suspens fut décidément la dernière de mes bonnes idées.

Les restes de terre s'entassaient partout où c'était possible, de mes cheveux négligemment ramassés dans un chignon roux tempêtueux, mon visage et jusqu'à mes jambes, qui étaient encore pires, épargnant mon buste qui était couvert par la doudoune de ma mère.

La doudoune ! Ma mère allait me découper en morceaux.

Je n'étais toutefois pas aussi choquée par le piteux état de mes vêtements et ma tête que par le fait que de totals inconnus auraient pu être effrayés par moi, me voyant sortir des fougères et les dévisager dans un look et une attitude d'une indigène. J'espérais qu'ils prirent réellement peur et qu'ils avaient pris leurs jambes à leur cou à mon irruption des plus désagréables. Tant pis pour The mist boy.

Poussant un soupir éreinté, je courus dans ma chambre piocher mon portable et revins me glisser sous la douche avant de m'éterniser sur ces pensées infâmes. Je préférais garder les idées claires et bien rangées et me prendre la tête était plus qu'inutile.

Bientôt, la voix nasillarde de Britney ricocha contre les carrelages diaphanes de la pièce exiguë des salles de bain et les accords familiers de Oops I did it again se divulguèrent, faisant harmonie avec mes sens. Sous le jet d'eau tiède, je tentai de reproduire les pas de danse iconiques du clip vidéo, mais j'étais certainement entrain de me trémousser comme une chèvre sous LSD.

Ce soir, j'avais concocté une playlist classique Back to school, et puis, c'était la rentrée, demain...


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Hey! J'espère que ça va.

Dans ce chapitre, vous faites la connaissance de la mère de Daire et son frère, Irvin.
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Bonne soirée à tous.

🖤

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