CHAPITRE HUIT

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« Le bonheur n'était peut-être qu'une lueur au fond des yeux »

Je redoutais l'entrée de Jaden dans la pièce. Si bien que mon cœur battait à tout rompre.

J'aurais reconnu cette silhouette entre mille, sans en voir le visage. Non pas parce qu'elle était celle de Jaden, mais parce qu'elle appartenait tout simplement à mon frère.

Je laissai mes épaules s'affaisser dans un soupir.

Dans l'encadrement de la porte, Ren avait l'air comme toujours, pourtant, il était différent. Il ne souriait pas, fidèle à lui-même, bien que ses yeux soient plantés dans les miens avec une certaine inquiétude. Le soulagement était si écrasant que j'en étais tétanisée.

-Ce n'est pas la peine que je vous présente, intervint l'inconnu derrière moi. Ren, elle ne se souvient de rien. Tu arrives au bon moment.

L'interpelé ne fit que hocher la tête en signe d'approbation.

-Je suis tellement contente de te voir, laissai-je échapper dans un souffle. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar.

L'arrivée de Ren venait de balayer en un instant ma colère, mais la crainte demeurait dans ma poitrine. Elle était si intense que mes jambes en tremblaient. La présence de mon frère était inespérée. Ren connaissait la vérité et n'aurait pas peur de me l'annoncer. Je comptais sur lui pour remettre un peu d'ordre dans mes pensées et aider mon cœur à retrouver un rythme normal. Ren allait tout arranger, comme toujours.

Je reculai, n'ayant plus la moindre envie de quitter cette pièce maintenant que mon frère était venu à mon secours. Ren finit enfin par me demander :

-Tu vas bien ?

Sa voix était si familière et douce après le ton tranchant et étranger de Jaden dans ma mémoire.

Je ne fis qu'hocher la tête, sans prononcer le moindre mot.

-Je suis content de te voir. Ça faisait longtemps.

Mon corps se raidit tout entier. Mes sourcils se froncèrent d'eux-mêmes et Ren remarqua aussitôt ma détresse.

-Je vais t'expliquer, assieds-toi, me conseilla-t-il.

Ma respiration était plus calme, mais restait laborieuse. Si la pression sur ma poitrine s'était allégée, cette dernière restait toujours compressée dans un étau invisible, comme si une main était posée dessus et menaçait de briser ma cage thoracique au moindre faux pas.

-J'ai besoin que tu me répondes, m'étranglai-je. Qui est ce gars ? Et qu'est-ce qu'on fait ici ?

-J'espérais que tu t'en souviennes, soupira Ren en passant rapidement une main sur son visage.

Les cernes qui cerclaient ses yeux étaient beaucoup plus prononcés que la dernière fois. Sa silhouette avait l'air plus petite, alors qu'il était impossible que Ren ait rapetissé. J'imaginais que cette impression était surement due au fait que Ren n'était plus aussi maigre que la dernière fois où je l'avais vu.

Alors que j'étais assise sur le canapé, il alla s'asseoir sur le bureau, juste à côté de Nil. Les deux me fixaient avec intensité et j'avais l'impression atroce de me retrouver coincée dans un interrogatoire alors que j'étais celle qui avait des questions à poser. Comme Nil quelques minutes plus tôt, Ren planta son regard dans le mien, et au mouvement de balancier qu'effectuait ses yeux, je vis qu'il cherchait quelque chose à l'intérieur des miens.

Devant le silence insoutenable, je compris que je devais prendre l'initiative de commencer.

-Il a dit que tu avais toutes les réponses à mes questions, déclarai-je en désignant l'inconnu d'un geste bref.

De l'Autre Côté du MurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant